Il n’y a pas si longtemps que ça, la venue du Kanzler Schröder aux cérémonies du débarquement faisait grand bruit…bcp de gens ont sans doute en tête l’image de Kohl et de Mitterrand se tenant la main…alors espoir passé ou réalité ? l’amitié franco allemande qu’est ce concrètement ?
Je lance donc le débat sur le livre d’histoire qui sera disponible l’an prochain et qui présentera aussi bien l’histoire de France que celle d’Allemagne…qu’en pensez vous ? êtes vous pour ? contre ? est ce une manière de lier nos deux pays ? n’en fait on pas un peu trop ? Bref exprimez vous !
Lorelei
Ci joint l’article extrait de la revue de presse de l’ambassade d’Allemagne paru en avril 2005
[i][size=100]Un livre pour l’Histoire (11/04/2005)
Un projet inédit scellera bientôt un peu plus symboliquement encore la réconciliation entre la France et l’Allemagne au sein de l’Europe. A partir de la rentrée 2006/2007, les lycéens des deux pays pourront étudier l’histoire dans un même manuel.
C’est un ouvrage historique qui est en train de prendre forme. Dans tous les sens du terme. Tandis que les grands-parents et arrière-grands-parents se sont affrontés sur des champs de bataille, les petits-enfants vont étudier l’histoire à partir du même livre. La réalisation d’un manuel d’histoire franco-allemand vient d’être confiée aux éditions Nathan, à Paris et Ernst Klett, à Stuttgart. Ce projet inédit devrait apparaître sous forme concrète dans les cartables des lycéens des deux pays durant l’année scolaire 2006/2007.
Au-delà d’une vision nationale de l’Histoire
Au moment où l’Europe se dote d’une Constitution, les responsables politiques français et allemands ont jugé que l’heure était venue de dépasser les œillères nationales qui forgent la conscience historique transmise aux élèves. L’idée en a été proposée par le parlement franco-allemand des jeunes le 23 janvier 2003 au président français Jacques Chirac et au chancelier fédéral Gerhard Schröder, lors des célébrations du 40ème anniversaire du Traité de l’Elysée. "Ce projet aurait été impensable il y a seulement 20 ans ", estime le ministre français de l’Education nationale, François Fillon. Mais " aujourd’hui, il apparaît presque impératif que l’Allemagne et la France trouvent un accès commun à leur histoire et à celle de l’Europe. " " De cette façon, nous renforçons aussi l’esprit européen ", affirme-t-il dans une récente interview accordée au magazine allemand Focus, en compagnie du Plénipotentiaire de la République fédérale d’Allemagne pour les Affaires culturelles dans le cadre du Traité sur la coopération franco-allemande, le Ministre-président Peter Müller. Les deux responsables ont présenté le projet pour la première fois au public le 10 mars dernier, à Berlin, en présence du ministre fédéral des Affaires étrangères et des deux éditeurs.
Le manuel ne retracera pas seulement l’histoire de la France et de l’Allemagne, ni même celle des relations franco-allemandes. Son contenu sera conforme aussi bien au programme français pour le second cycle qu’aux programmes des 16 Länder allemands (compétents en matière d’éducation). Il comprendra trois volumes, édités chacun en deux versions, une française et une allemande, aux contenus et à la présentation strictement identiques. Certains documents-clés seront présentés dans les deux langues. Le premier volume, à paraître au printemps 2006, sera proposé pour la classe de terminale comme manuel classique " usuel ", comme le sont tous les manuels scolaires. Il sera consacré à l’histoire contemporaine à partir de 1945. Les deux tomes suivants, destinés aux classes de seconde et de première, couvriront respectivement la période qui s’étend de l’Antiquité au Romantisme, et celle allant du 19ème siècle à 1945. Les trois volumes seront disponibles pour l’année scolaire 2008/2009.
" Une réalité, deux approches "
L’objectif est-il de livrer aux élèves une sorte de lecture franco-allemande de l’histoire ? Non. " L’originalité de ce livre tient aussi en ce qu’il thématise les différentes perceptions de l’histoire, et qu’il les souligne ", explique Peter Müller. " Une réalité, deux approches ", renchérit François Fillon. " Sur le thème sensible du Traité de Versailles (qui scella en 1919 la fin de la Première Guerre mondiale, ndlr), par exemple, on trouve des documents dans les deux langues. Dans la version française, il est question de la " responsabilité " de l’Allemagne. Dans la version allemande, on parle de " culpabilité ". Nous n’avons pas éliminé les contradictions, nous les avons utilisées ". " Il n’y a eu aucun tabou " politique, souligne Peter Müller.
De fait, les divergences d’interprétations formeront les élèves aux changements de perspectives. Et elles sont nombreuses, si l’on observe la présentation habituelle de l’histoire, telle qu’elle est faite en France et en Allemagne. Elles remontent même bien au-delà de la guerre franco-allemande de 1870 et des deux guerres mondiales. Outre-Rhin, on évoque couramment les guerres napoléoniennes sous le terme de " guerres de libération " (Befreiungskriege). Et que dire de Charlemagne, revendiqué comme un précurseur des deux côtés du Rhin ? Roi des Francs et empereur d’Occident, il a unifié la Gaule, mais aussi installé sa capitale à Aix-la-Chapelle et posé les jalons du Saint-Empire romain (-germanique). Il est aujourd’hui considéré comme le premier Européen. L’élaboration du manuel a donc requis un long travail de préparation au sein d’un groupe de pilotage binational, comprenant quatre historiens français et quatre historiens allemands renommés, ainsi que des représentants des ministères et administrations concernés, des membres de la conférence permanente des ministres de l’Education des Länder. Ce dernier s’est réuni alternativement en France et en Allemagne, sous la responsabilité, en France, du ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, en Allemagne, du ministère des Affaires étrangères.
Symbole
L’enrichissement mutuel ne s’arrête toutefois pas là. Il existe aussi de nombreux sujets qui trouvent un faible écho d’un côté du Rhin, tandis qu’ils donnent lieu à d’imposants chapitres de l’autre. " Cela a plutôt donné lieu à une extension thématique ", explique encore Peter Müller. Par exemple, " les élèves français devront désormais étudier aussi la division et l’unification allemande ". Et le ministre français d’ajouter : " Pour le pays la?c qu’est la France, l’un des enrichissements a sans doute été la sensibilisation aux questions religieuses. En raison de notre histoire, elles ont été bannies de l’enseignement. Pour l’histoire allemande, en revanche, elles sont très importantes. En France, nous débattons aussi actuellement de l’introduction des " questions religieuses " comme matière, dans le cadre de la réforme de l’école. D’une certaine manière, notre projet de manuel a aidé à lever certains blocages. " De leur côté, les élèves allemands entendent jusqu’à présent peu parler de la décolonisation et de la guerre d’Algérie. " Cela confère une grande valeur ajoutée pour tous ", affirme Peter Müller.
Une chose est sûre : ce manuel est un symbole. Mais son effet psychologique n’en sera pas moins important. Il contribuera à rapprocher, dans la conscience des jeunes des deux pays, la transmission et la représentation du passé dans une Europe en construction.[/size][/i]