Oradour/Glane

Pour moi, c’est une démarche historique dans un dossier judiciaire. Faire parler les acteurs de l’époque avant qu’ils ne soient tous morts, écrire ce qu’on peut tant qu’on le peut. C’est tout. La justice allemande a le mérite de se référer à ses propres textes : crimes imprescriptibles. Mais la démarche tardive et très très diplomate à l’égard de ces anciens SS montre surtout le mélange des genre. Ils ne parleraient pas à des historiens, alors on essaie avec des juges. Cela n’apportera rien, mais je ne sais pas s’il fallait tenter le coup ou pas. Pour l’histoire. Je reste perplexe.

Cette démarche est assez nouvelle en Allemagne. Dans les familles, les questions sans réponse liées à cette époque ont une dernière chance d’en obtenir : les grands et arrière-grands parents meurent. Le compte à rebours tourne. Certaines familles préfèrent le silence des tombes, d’autres tentent un dernier essai, espérant que les anciens parlent à l’approche de la mort. Je pense à une certaine vieille tante en écrivant cela, ses (petits) neveux viennent de découvrir que leur grand-père et leur oncle étaient dans la SA dès les années 20, il ne reste plus qu’à savoir s’ils étaient à Neuengamme ou pas.

On assiste peut-être au même phénomène à l’échelle familiale et à celle de l’état. Peut-être.

Je rejoins très largement l’avis de fifititi. L’Allemagne n’a jamais extradé les responsables. Qu’elle vienne faire une enquête 67 ans après, alors qu’elle n’a pas rendu justice lorsqu’elle en avait l’occasion me paraît assez gonflé… Surtout si c’est pour dire qu’aucun document important n’a été retrouvé et que les suspects nient toute implication… De qui se moque-t-on ?

issu du journal Sud-Ouestdu 12 Décembre 2011

j’ai mis exprès en gras, ce que je pense être la réponse aux questions que se posent Fifititi, et Mislep…
Crime contre l’humanité…

Un article très intéressant sur le tourisme de masse à Auschwitz…
Où j’ai trouvé déplacé même de prendre des photos.
telerama.fr/monde/a-auschwit … ,76049.php

Pour avoir été à Auschwitz et à Oradour, je peux te dire que les deux sont incomparables.

je veux bien te croire Mislep !! :frowning:

Mon intervention ne visait pas à les comparer. Cela ne me serait pas venu à l’idée, d’ailleurs moi aussi je suis allée à Oradour ET à Auschwitz.
Je trouve juste que l’article questionne sur l’idée évoquée ici du « tourisme » sur ces lieux de mémoire. Les « touristes » peuvent y avoir le même comportement déplacé.
Et je le trouve intéressant, aussi.

Je fais s’il vous plait 2 parallèles à ce sujet.
Je n’ai jamais visité Oradour sur Glane, mais je pense que chaque endroit de ce "type"apportent les mêmes émotions :
Il y a 2 ans, pendant mes vacances d’été, je suis allé jeter un coup d’œil à une exposition qui avait lieu au « rathaus » de Wurzburg (les documents explicatifs étaient écris en allemand et en français…)
Cette exposition avait pour thème la fin de la 2ème guerre mondiale et l’impact qu’elle avait eu sur la ville de Wurzburg et de ses habitants.
Respect à eux pour la reconnaissance qu’ils ont des horreurs qu’ils ont fait subir aux pays autour d’eux, première chose,
Ensuite et c’est là que c’est assez poignant, la reconnaissance de ce que la société civile allemande a enduré comme barbarie, atrocités, viols, meurtres dès qu’elle contestait les ordres nazis.
(il y a eu beaucoup de résistants allemands au régime d’Hitler dans cette période)
La ville fut ensuite bombardée par la Royale Air Force le 16 mars 1945 ; en 20 minutes 5000 personnes perdent la vie et plus de 90 % de la ville est détruit voir rasé par endroit…
Et combien d’autres villes en Allemagne ont subi ce sort ?
Il est bon d’avoir connaissance de cela, car oui même chez les allemands, le traumatisme de cette guerre fut immense.

D’autre part, il m’est arrivé de visiter en France, un endroit du type « Oradour-sur-Glane », il s’agissait d’une colonie, aujourd’hui musée ; celui des Enfants d’Izieu (dans l’Ain près de Belley) , son histoire est tout aussi tragique :
« La colonie était dirigée par Miron Zlatin et sa femme, Sabine Zlatin née à Varsovie qui s’était consacrée au sauvetage et à la protection d’enfants juifs.
Izieu jusqu’en 1942 était situé dans la zone non occupée, à proximité de la Suisse, puis de novembre 1942 à septembre 1943 elle était englobée dans la zone d’occupation italienne.
Le 6 avril 1944, les troupes de Klaus Barbie, investissent la colonie et arrêtent les 44 enfants résidents et 7 adultes présents les encadrant. Ils sont embarqués dans des camions vers le Fort Montluc à Lyon avant d’être expédiés au camp de Drancy puis vers les camps de la mort. Quarante-deux enfants sont gazés à leur arrivée à Auschwitz, le plus jeune étant âgé de 4 ans. Deux adolescents et Miron Zlatin sont déportés par le convoi 73 à destination de Tallinn où ils disparaissent. Absente au moment de la rafle, Sabine Zlatin, désormais surnommée « la Dame d’Izieu » a consacré le reste de son existence à son combat pour la mémoire des enfants.
À la suite de l’émotion soulevée par le procès de Klaus Barbie, dit le « Boucher de Lyon », en 1987, un mémorial est fondé à l’initiative de Sabine Zlatin et de la communauté juive de Lyon dans la maison et les dépendances du home pour enfants, sous le nom de musée mémorial des enfants d’Izieu.
Il est inauguré par le président François Mitterand le 24 avril 1994. Sabine Zlatin meurt en 1996 à l’âge de 89 ans » Citation : Source Wikipédia.
C’est là aussi une visite très pénible, voir insoutenable quand on voit par exemple l’innocence des dessins de ces enfants…
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, je souhaite que cette période de notre histoire à la France et à l’Allemagne reste toujours en nos mémoires mais qu’elle ne nous dresse définitivement plus l’une contre l’autre… mais nous apporte de l’espoir pour le présent et l’avenir…

Hier soir j’ai vu sur France 2 un documentaire sur Klaus Barbie dit « le boucher de Lyon » chef de la Gestapo lyonnaise et auteur de l’arrestation de Jean Moulin ainsi (entre autre) de l’arrestation des enfants d’Izieu.

La moitié du documentaire est assez long car traitant de sa fuite et de sa vie en Bolivie puis de son extradition vers la France.
La deuxième partie traite plus particulièrement de son procès qui se déroula à Lyon en 1987 pendant trois mois. On y entend des témoignages des victimes. Il s’agit donc d’un document historique de la plus haute importance.

A revoir absolument sur Pluzz.fr pendant huit jours (attention il vous faudra chercher un peut). Titre du documentaire : Klaus Barbie criminel nazi.

Pour chercher, écrire « Barbie » das le moteur de recherche…
J’ai été sidérée des complicités dont a bénéficié Barbie…

Avec l’active complicité du Vatican. :vamp:

On sait que parmi les victimes du massacre d’Oradour , il y avait une victime allemande ; Joseph Bergmann. On connait moins son histoire.
Des documentalistes ont effectué des recherches permettant de connaitre un peu mieux aujourd’hui l’histoire et la personnalité de ce jeune Allemand.
Joseph ( Josef) Bergmann , originaire de Castrop-Rauxel , était coiffeur de son état. Fin des années 30 , il se rend en Alsace afin d’y rejoindre son frère Vladislas qui exerce le même métier que lui.
A Schiltigheim , banlieue brassicole de Strasbourg , il fait la connaissance de Marie. Joseph , Marie , ç a ne s’invente pas. Marie Brunstein est native d’Erstein ; elle est domestique et mère d’un enfant qu’elle a eu d’un de ses anciens employeurs , à Paris , enfant que son géniteur a refusé de reconnaitre. Elle est donc , ce qu’à cette époque , on appelle une « fille mère » que la bonne société évite de fréquenter.
1939 ; les populations civiles sont évacuées et se retrouvent dans le Limousin . Marie et Joseph partent donc pour Oradour. Joseph exerce son métier de coiffeur , et son art est particulièrement apprécié à une époque où , comme dans beaucoup de provinces françaises , les coiffeurs pratiquaient la « coupe au bol « .
On place un bol sur la tête de la victime et on coupe aux ciseaux tout ce qui dépasse.
Josef s’intègre bien à la population , il fait parti de l’équipe de foot du village.
Il épouse Marie et reconnait son enfant.
La suite , on la connait ; 4 jours après le débarquement en Normandie , la Panzerdivision SS « Das Reich » arrive dans le village. Josef a entendu une conversation : » Ils vont nous tuer » , dit-il à ses amis qui sont très sceptiques ; " ils n’ont rien à faire à Oradour , ils montent vers la Normandie !« .
Mais le massacre dans l’église a toutefois lieu.
Jean - Marcel Darthout , un des derniers survivants avec Robert Hebras , se souvient.
Quand les SS , après le massacre sont venus vérifier qu’il n’y avait pas de survivants , ils ont tiré sur tout ce qui remuait encore.
Jean-Marcel , déjà blessé de plusieurs balles dans la jambe , s’est retrouvé en dessous du cadavre de Josef , et c’est cela qui l’a sauvé de la mort. " J’ai senti l’agonie de Josef sur mon propre corps! »
Aujourd’hui , les noms de Josef , Marie et Serge Bergmann figurent sur une plaque commémorative.
Josef était-il de confession juive ? D’après les registres de l’état-civil de Castrop- Rauxel , il est déclaré comme catholique. Mais , à une époque où il était dangereux de se déclarer de confession juive , on peut comprendre cela.
Toujours est-il que leurs trois noms ; Josef , Marie et Serge Bergmann figurent sur le mémorial Yad va shem de Jesusalem.
Sources :
http://sitemap.dna.fr/articles/200706/10/une-plaque-en-souvenir-des-neuf-victimes-schilikoises,region,000005862.php
Jean- Marcel Darthout rend hommage à Joachim Gauck , le premier président allemand à s’être rendu à Oradour :

J’ignorais cette histoire, merci Michel.

Je l’ignorais aussi…ou bien je l’avais oubliée…Merci pour le rappel de mémoire surtout en ces moments…

Cette histoire, je ne la connaissais pas non plus, très triste et merveilleusement belle à la fois!!!