J’ai une amie installée depuis longtemps en Allemagne qui a de plus en plus de mal à trouver ses mots quand elle parle le français qui est pourtant sa langue maternelle. Est-ce que cela vous arrive aussi à vous qui êtes installés dans un pays germanophone (ou autre) depuis de nombreuses années ?
Dans le sens inverse, une autre personne qui a véçu plusieurs années en Allemagne (dont les études supérieures) et était parfaitement bilingue, mais ne pratique plus, a de plus en plus à tenir une conversation en allemand.
C’est pas comme le vélo ? On peut oublier ? Même sa langue maternelle ?
(c’est ma question existentielle du jour).
je ne sais pas si on peut vraiment oublier sa langue maternelle… mais quand je rentre de 10 jours en allemagne… je cherche mes mots en français, et pourtant mon allemand est loin d’être parfait ! alors… j’aurai tendance simplement à penser que le cerveau qui « parle » allemand tout le temps, a mis de côté la langue maternelle… et qu’il faut réentendre et parler à nouveau cette langue maternelle pour se la réapproprier…tout simplement…
Non, ce n’est pas comme le vélo ; c’est plutôt comme le violon. On met beaucoup de temps pour arriver à un haut niveau et on oublie beaucoup en très peu de temps si on ne le pratique pas !
J’ai fait mes études supérieures en Ukraine où j’y ai vécu pendant 6 ans. J’avais atteint un excellent niveau en russe pendant ce temps. Vers la fin de mes études, j’arrivais à corriger les fautes de grammaire de mes camarades russes – même si cela les énervait – et j’arrivais à intégrer de nouvelles notions en économie ou en philo par exemple sans passer par le français. C’était il y a 25 ans !
Aujourd’hui, je ne suis pas sûr de pouvoir tenir une conversation en russe de façon convenable.
Pour ce qui est de l’oubli de la langue maternelle, cela peut bien arriver dans des conditions exceptionnelles. J’ai vu un jour, un reportage au JT sur un ancien soldat français qui n’est jamais rentré de Russie après la guerre. Il avait complètement oublié le français, mais il avait un accent impeccable en russe !
Je ne peux que plussoyer!
Idem!
J’ai d’ailleurs lu plusieurs fois que des expatriés coupés de la France avaient, après de très nombreuses années, complètement oublié le français…
La langue, c’est comme un muscle (c’en est un, d’ailleurs): quand on ne l’utilise pas, il s’atrophie!
D’accord avec vous, mais, replongés dans le bain, on a vite fait de retrouver vitesse grand V ce qu’on croyait à jamais perdu.
Edit: je suis persuadé que, comme dans la chanson de Brel, on n’oublie rien de rien et que tout se stratifie dans un coin de notre mémoire et ne demande qu’une étincelle, un prétexte pour ressurgir à la surface.
C’est d’ailleurs ce que je suis en train de faire avec le russe, que j’avais comme Doudou beaucoup perdu faute de fréquentations adéquates, au détriment d’autres langues slaves parlées sur le terrain. Mais à partir de jeudi, le terrain de chasse sera russophone (du moins j’espère qu’il l’est resté, si je n’ai pas affaire à des jeunots…).
La paresse intellectuelle explique la totalité des situations liées au phénomène en question. Le prisonnier de guerre en Sibérie, c’est autre chose.
Eh bien, mes ami/es, vous m’empêcherez d’oublier mon francais dans la retraite! Je vois que c’est très bien de venir ici chaque jour. Ecrire des réponses a un meilleur effet que seulement lire les DNA.
la lecture des DNA a un effet délétère sur les neurones…
PS : pour ce qui est de la paresse intellectuelle, ce n’est le cas pour aucune des 2 personnes, par contre la fatigue. ou alors un début d’Alzheimer.
C’est ce que je remarque en ce moment: Depuis mon retour en France dimanche je remarque que je perds mes mots et, difficulté supplémentaire, comme ils ne me viennent qu’en allemand et que personne dans mon entourage parle allemand, je reste là comme une débile, comme si j’avais beugué en plein milieu d’une phrase, à chercher le mot. Faut savoir que je suis pas revenue en France de mars à dimanche dernier, avec pratiquement personne pour parler français. Je ne pense pas que, si je reste définitivement en Allemagne, j’oublierai le français mais que ce ne sera plus vraiment ma langue de référence car je pense de plus en plus souvent en allemand (langue quand même super précise pour la description et extrêmement flexible).
Question d’entrainement. Je n’ai jamais dit que c’était facile ni que je ne marquais jamais de moment d’hésitation. Je dis juste qu’il n’y a pas de quoi en faire un plat: on se détend et on reprend ses esprits. C’est tout. Mais c’est beaucoup.
Comme j’ai dû l’avoir dit dans l’une de mes premières interventions sur ce forum, ma présence ici est essentielle pour le maintien de mon français (qui est resté du reste à un niveau très scolaire, puisque j’ai quitté la France après mon bac) qui finirait par se rouiller si je ne l’entretenais pas par une gymnastique régulière, comme je le fais dans la vie courante avec l’allemand et l’italien. J’ai vu les ravages occasionnés chez les Français installés depuis longtemps en RDA, loin de toute source d’information dans leur langue maternelle, et dont le français était peu à peu corrompu par des tournures allemandes. J’ai pallié à ce risque majeur grâce à un deal avec une employée de l’agence de presse ADN, qui me refilait des dépêches AFP. (Par la suite, nos services étaient abonnés au « Monde », « Corriere della Sera », « Science et Vie », ce qui a sacrément remonté le niveau).
Lalilou a tort de décrier les DNA, pour un expatrié comme moi, ou un étranger curieux de la vie française, le contact avec la presse nationale et régionale (L’Alsace) permet de se tenir au courant non seulement de l’actualité, mais aussi de l’évolution de la langue, surtout sur les forums de lecteurs. Par ailleurs, je me rends compte ici du glissement de niveau vers le bas chez la jeune génération.
Bon, je pense que Lalilou voulait ironiser.
Cri-zi, qui vit en Allemagne lit les DNA édition française, moi, qui vis en France, je suis abonné aux DNA édition allde…et c’est très bien comme ça.
Je connais plusieurs journeaux régionaux et je trouve que les DNA n’ont pas à rougir de la comparaison avec eux, bien au contraire.
C’est vrai qu’on a toujours tendance à désavouer son canard régional, mais on ne pourrait pas s’en passer. C’est comme ici au Sud-Tyrol, où le principal quotidien « Dolomiten » est couramment appelé « Südtiroler Prawda » (organe central du Parti!).
aucun sens de l’humour !
mais je sais ce qu’on ressent quand on s’expatrie, au bout d’un moment toutes les choses de chez soi prennent soudain un autre relief.
le phénomène du manque aux DNA, je l’ai déjà entendu de la part de quelq’un qui du temps où elle vivait en Alsace affirmait haut et fort que ce n’était qu’une infâme feuille de chou.
Traducrion en français « la vérité Sudtirolienne »
jean luc
pravda se suffit à lui-même, même pour ceux qui ne savent pas le russe !
par contre, contrairement à la Pravda d’avant 1990 il y a de la concurrence.
sauf que je ne crois pas que Andergassen lise « Alto Adige » (si, si il y a même des italiens au Sudtirol )
C’est exactement ce que je pense. Des gens qui oublient leur langue maternelle, ou du moins pensent l’avoir totalement oubliée, ça se voit, mais je pense qu’elle reste toujours tapie quelque part et peut ressortir s’il y a une occasion et un peu de volonté.