Pour les Pro du français (aucun rapport avec l'Allemagne)

Bonsoir,

Je m’adresse à ceux qui manipulent le français tous les jours, comme les traducteurs,
les profs de français, et les « culturés » de la langue française.

Je vois passer beaucoup de lettres administratives dans mon boulot, et je m’aperçois
de plus en plus d’une modification du français qui m’interpelle

Exemple

une bronchite aigue ///
là où j’écrirai : une bronchite aiguë

postbronchitique (ou post bronchitique)
là où j’écrirai : post-bronchitique

et tous les autres mots avec un tiret existant

Alors concernant le tréma sur aiguë ou le tiret, y’a-t-il une règle qui est passée en français,
permettant de s’en dispenser ?? ou bien les secrétaires « de maintenant » ont-elles une tendance
à tirer (tiret ?? lol) le français vers le bas ?

Pour le premier point : on écrit traditionnellement aiguë, mais l’orthographe aigüe est aussi acceptée (réforme de 1990).
Aigue est une faute !

Concernant le préfixe post : en règle générale, il se joint sans trait d’union au mot qui suit.

On précise aussi :

(source : Antidote)

Pour les autres préfixes, tu peux regarder là : bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_ … &Th_id=162

Merci pour le lien (québécois !!! :laughing: :laughing: t’as été le chercher loin !!)
c’est exactement ce que je cherchais !

mais je constate avec inquiétude, qu’il n’y a pas une règle, mais DES règles…

Considère-t-on actuellement dans la langue française qu’écrire un mot avec un tiret, alors que la nouvelle
version permet de ne pas en mettre, est une faute de français (un peu comme laisser en allemand, le ß dans le mot daß au lieu
d’écrire « dass ») ?

Je ne suis pas experte, mais j’ai tendance à penser que ce qui était accepté avant la réforme de l’orthographe continue de l’être. Surtout que la réforme en question ne semble pas avoir fait beaucoup d’émules.
À titre d’exemple, qui écrit nénufar au lieu de nénuphar ? Paraît qu’exéma est aussi une orthographe acceptée…
Bon, moi je joue au schtroumpf grognon et je reste désespérément conservatrice. :viking:

C’est pas pareil : en allemand, une orthographe a remplacé l’autre, alors qu’en français, les deux coexistent.

donc si les deux coexistent en Français, je fais comme Schokolena je reste conservatrice… :viking: :laughing:

Merci pour vos réponses !

Les ^ sur les i ne sont plus obligatoires devant un t si tu ne savais pas : « il parait » au lieu de « il paraît ».

Toutes ces modifications me gonflent et je continue d’enseigner le i avec ^ : mes élèves écrivent maîtresse. :stuck_out_tongue:

Après, comme l’a dit Sonka, les 2 orthographes coexistent donc ce n’est pas considéré comme une faute. Mais à force, je ne sais même plus comment écrire évènement/événement. :unamused:

C’est intéressant, ce que tu dis, Lie-Kaora. Les enseignants ne sont pas tenus d’appliquer l’orthographe rectifiée justement ?

Bizarrement, j’ai l’impression qu’on voit moins la faute depuis que ce n’en est plus une. Par contre depuis que tout le monde écrit tout sur ordinateur, les ^ disparaissent sur les i des terminaisons, il me semble. Mes observations reflètent sans doute simplement ce à quoi je fais attention et pas vraiment l’ensemble de la pratique, et c’est surtout limité à ce que je vois sur internet. Mais quand-même.

@lie-kaora : intéressant ce que tu dis… j’aurai aussi tendance à conserver les « vieilles orthographes », comme le ^
et le tréma…;
d’autant que la suppression du tréma sur certains mots, rendraient ce mot incompréhensible…
sigmoÏdes (on prononcé sigmo I des) deviendrai sig MOI de… c’est stupide.

@Elie : ce que tu dis est juste aussi… autant je considère que sur internet, et sur certains forums (moins
ici, car nous sommes lus par des étrangers, et je pense qu’il est essentiellement d’écrire dans un bon français), on peut
se permettre de se passer d’un ^
(pour moi, secrétaire, ils sont faciles les ^mais pour les novices du clavier, taper le ^puis la voyelle qui va dessous,
pour que les deux apparaissent en même temps, je pige bien que ce ne soit pas facile à admettre).

Le problème se situe quand ce que l’on se permet sur internet, on finit par se le permettre sur des courriers
administratifs, là je trouve que cela devient grave…
est-ce du à une détérioration du français ?? ou bien à une fainéantise de la part des secrétaires ?? je n’en sais rien…
mais si j’étais prof de secrétariat… je ferai réviser les cours d’orthographe à mes élèves…
(je ne parle pas des « s » oubliés du genre « les maladie », dus à des fautes d’inattention des secrétaires,
et à un défaut du correcteur d’orthographe de Word… ça c’est forcément la faute à Bill Gates ! :laughing: qui
au lieu d’ouvrir des portes (Gates) ouvre des fenêtres (windows) :laughing:

Reçu hier un e-mail de mon banquier m’écrivant : « C noté ». Sans commentaire. :open_mouth:

Mes collègues, qui sont proches de la retraite, ne sont déjà pas au clair avec cette réforme. Ils sont toujours sur l’« ancienne » orthographe. Etant assez conservatrice, je l’enseigne également. Ils feront ce qu’il veulent plus tard, mais au moins, mes élèves connaîtront les 2 orthographes.
Je n’ai pas eu de cours sur cette réforme, nous n’avons pas reçu d’« ordre » de l’EN donc je fais comme je le sens. Ca ne les tuera pas de toute façon.

Nos jeunes sont des catastrophes en orthographe. Quand je vois que mes élèves n’arrivent pas à apprendre la conjugaison de 3 verbes (dire, faire et venir), je me pose des questions. Ils écrivent en phonétique, il dis, je dit, ça ne les dérange pas. Ca se prononce pareil donc la terminaison, ils s’en fichent. Avec les sms, internet, la télé… les fautes d’orthographe sont banalisées. Surtout quand ça vient des adultes comme par exemple « kelprof », « takatrouver », « Kdo »… Ca fait peur ! On se retrouve avec des élèves qui font 10 fautes en 3 phrases. A force de simplifier l’orthographe, lé enfen finiron par ecrir com sa san choké persone

Sans vouloir me faire l’avocat du diable, on pourrait aussi se demander pourquoi le français s’obstine à garder une orthographe étymologique, alors que le rôle de la langue écrite, c’est de pouvoir fixer la langue parlée (forcément phonétique !)

La langue fait aussi partie de notre patrimoine, alors pourquoi vouloir absolument la déformer ? Comment expliquer à un gamin que « rhino » c’est nez en grec si on l’écrit « rino ». Que la langue évolue, je peux l’admettre, mais de là à déformer plein de mots pour aider les fainéants, non.

Et en ce moment , avec le redoux, il y a pas mal de rinofarinjites. :mrgreen:

Cette définition est contestable.

Le féminin est l’exemple le plus parlant. Si on écrit que ce que l’on prononce, les terminaisons pour indiquer le féminin sont infinie. Si on garde la consonne finale muette, il suffit d’une seule terminaison, le -e, qui la révèle. La logique même de la langue fait que ces consonnes muettes sont présentes dans nos esprits, sinon, on ne s’en souviendrait plus lors du passage au féminin. Les liaisons, même si elles sont moins nombreuses dans la langue parlée actuelle, existent toujours, et on dira 100 ans avec un t à l’anniversaire de tous les centenaires.

Même la différence s/c pour la même prononciation est très présente. On dit bien une Mercedes, mais le langage populaire a fait Merco Benz avec -co- prononcé /k/, donc avec une conscience du c différent du s, sinon ce serait *Merso (*Merço).

L’académie n’a pas réformer grand chose, elle a juste fait des ajustements qui corrigent les fausses étymologies et les vieilles lubies arbitraires qui sont restée au fil des siècles. C’est juste un petit coup de balai, pas une réforme du système.

déjà, en grec on n’écrit ni « rhino », ni « rino », puisqu’on écrit avec un autre alphabet :wink: La transcription n’est qu’une convention, qu’on a d’ailleurs simplifiée au cours du temps.
Pour poursuivre dans les exemples grecs, l’italien écrit le mot « hypothèse » très phonétiquement « ipotesi » et ça ne choque personne. Personne n’accuse l’italien d’être une langue déformée pour aider les fainéants. Au contraire, elle jouit d’un immense prestige littéraire et culturel…

En ce qui concerne le français, on peut aussi avancer que ce sont les intellectuels de l’époque classique qui ont déformé le français en voulant à tout prix le latiniser…

Sans vouloir réformer l’orthographe à outrance, je pense quand même qu’une simplification de l’orthographe et de la grammaire serait la bienvenue…

:laughing: :laughing: :laughing:

personnellement mon cerveau a eu du mal à lire rinofarinjite… :laughing: :laughing:

et pour la simplification du français, je n’en vois pas l’intérêt ! ma génération a appris à écrire rhinopharyngite,
aiguë, et autre eczéma, je ne vois pas pourquoi les enfants de maintenant n’y arriveraient pas …
Vous dites tous que l’allemand est une langue logique, et je vous crois (bien que n’ayant pas encore capté toute la logique
de la langue)
mais le français est aussi une langue logique, supprimer des ph ou des y dans un mot, enlève toute la logique du mot !
dans mon domaine chaque composition de mot veut dire quelque chose…
MYOCARDIOPATHIE
Myo = muscle
cardio = coeur
pathie : maladie
donc : Maladie du muscle cardiaque…

si on écrit « miocardiopati » ça n’a plus aucun sens !

(et franchement… quand on se tape en terminale la liste complète que vous trouverez
ICI et donc l’orthographe qui va avec, j’avoue qu’ensuite
on n’a pas envie de simplifier les choses ! )

footballeur écrit foutebaleur ça ne vous choquerez pas ?

Il me semble quand même que la conscience des consonnes (ou même voyelles) muettes est liée à l’alphabétisation. J’avais lu (ou entendu) dans le cadre d’un cours de linguistique que plus un locuteur avait un niveau d’étude élevé (donc un rapport plus étroit à la langue écrite), plus il avait tendance à faire de liaisons à l’oral. D’ailleurs, chez les enfants, il arrive d’entendre des créations du genre « le navion » (suite logique d’un-avion), ce qui peut laisser penser que le concept de liaison et donc de consonnes muettes reste assez flou. Idem pour des exemples type « elle est noirte » (calqué sur vert/verte ?), les cheval(s)… il semble qu’on choisisse les morphèmes plus par analogie, ou en fonction de ce qu’on entend autour de soi, avant que l’alphabétisation n’intervienne.

Il serait intéressant de demander à un enfant de maternelle d’abréger spontanément « mercedes ». Dira-t-il merco ou merso ?

Si tu demandes aux enfants, ils ne maitrisent pas plus le système oral que le système écrit. Tout ce qui sort de la bouche d’un enfant n’est pas simplement « sans influence de l’écrit », c’est aussi en devenir car l’oral seul corrigera bien des fausses conclusions qu’ils tirent lors de leur apprentissage.

De toute façon, il est trop tard pour changer l’orthographe en profondeur. On ne fait pas basculer une population alphabétisée sur un autre système. Il faut partir d’illettrés si on veut qu’une nouvelle norme s’impose. C’est d’ailleurs le cas du français actuel, appris par les petits écoliers de la troisième république.