Regards croisés des jeunes français et allemands

Etude SOFRES sur la connaissance qu’ont les jeunes français et les jeunes allemands de leur pays réciproque.

Réalisée pour l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse) à l’occasion de son 40ème anniversaire, notre étude analyse les perceptions réciproques qu’entretiennent les jeunes Français et les jeunes Allemands sur leur pays voisin respectif. Représentations, connaissances linguistiques, voyages, connaissances culturelles, modes de vie, tels sont les principaux thèmes abordés par cette étude. Principal enseignement : 81% des Allemands et 95% des Français estiment que les relations franco-allemandes sont bonnes ou plutôt bonnes.

Les Français : des gourmets et des bons vivants aux yeux des Allemands

Pour qualifier les Français, les jeunes Allemands désignent en premier des éléments liés aux plaisirs de la bouche. Une personne interrogée sur deux cite ainsi une spécialité gastronomique française. En première place, on trouve la baguette (30%), puis le fromage (11%) et les croissants (3%). 17% des Allemands âgés de 15 à 30 ans associent à leur voisin de l’Ouest la nourriture française et la gastronomie dans un sens plus large.

Derrière les spécialités de la cuisine française, c’est la ville de Paris qui est citée le plus fréquemment (26%), puis la tour Eiffel (25%) et d’autres sites touristiques dans et autour de Paris (25%). La quatrième association relève également de la sphère gastronomique : l’alcool. Un Allemand sur quatre, âgé de 15 à 30 ans, associe ainsi aux Français le vin, le cognac ou le champagne.

Au total, le jeune Allemand perçoit « le Français » surtout comme un bon vivant et un gourmet. D’ailleurs, presque une personne interrogée sur dix (9%) évoque un mode de vie léger, plutôt insouciant et bon vivant lorsqu’on lui dit « Français ». Les aspects historiques ou politiques ne jouent qu’un rôle très secondaire.

Les Allemands : d’abord perçus en fonction du contexte socio-historique

A l’inverse, l’image des Allemands auprès des Français est bien plus marquée par les aspects politiques et historiques : dans l’ordre de la fréquence des associations, l’Europe ou l’Union Européenne arrivent en seconde place, avec 14% des réponses données par les jeunes Français. En troisième place, (13%), on cite la Seconde guerre mondiale, y compris en association avec le national-socialisme et le régime hitlérien. Pour beaucoup de jeunes Français, les Allemands sont perçus avant tout dans le cadre d’une responsabilité historique et politique. La cuisine allemande et la gastronomie (10%) ne figurent qu’à la 4ème place des fréquences d’associations, suivie en 5ème position des voitures allemandes (8%) et de la langue allemande (8%). A l’inverse des Allemands qui citent fréquemment Paris pour désigner la France, les Français n’évoquent que marginalement Berlin.

L’image floue des Allemands auprès des Français

De manière générale, il est frappant de constater que l’image des Allemands auprès des Français apparaît peu définie et floue. Ce n’est pas un hasard si les jeunes Français interrogés ont répondu le plus souvent à la question « qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez aux Allemands ? », et évoquent le pays, le peuple ou l’Allemagne. Lorsqu’on interroge les jeunes Allemands, ce type de réponse (au mot clé « Français », je pense à la France) n’arrive qu’au 5ème rang des associations les plus fréquentes (11%). La forte proportion des Français interrogés qui n’a pas répondu à cette question (54% contre 13% en Allemagne) semble indiquer que de nombreux jeunes Français n’associent pas d’idée précise aux Allemands, alors qu’à l’inverse, cela ne pose pratiquement pas de problème aux jeunes Allemands.

Mode de vie des Allemands et des Français : des perceptions contrastées

Pour près d’un jeune Allemand sur trois (30%), la manière de vivre des Français se distingue considérablement de la sienne. A la question " que vous vient-il à l’esprit quand vous entendez le mot « Français » ? ", une grande partie des personnes interrogées cite spontanément le mode de vie des Français, considéré comme différent. Quant aux Français, ils ne perçoivent pas une telle différence : seuls 13% affirment que les différences étaient très importantes. Deux sur cinq (42%) estiment en revanche que leur propre mode de vie ne se distingue que très peu ou pas du tout de celui des Allemands.

Par ailleurs, ces appréciations en Allemagne et en France n’ont pratiquement pas évolué au cours des 26 dernières années. Déjà, dans l’étude comparative de 1976, 30% (comme aujourd’hui) des jeunes Allemands relevaient que le mode de vie des Français était très différent de celui des Allemands, alors que seulement 10% (aujourd’hui 13%) des jeunes Français étaient de cet avis.

L’évolution de l’image de son propre pays jugée favorablement

Plus d’un Français sur deux estime que l’image de la France auprès des Allemands a favorablement évolué au cours des dernières années (53%). Selon 34% des Allemands, l’image de l’Allemagne auprès des Français s’est améliorée. Même si la proportion de ceux qui, dans les deux pays, estiment qu’il y a eu une évolution favorable est nettement supérieure à celle de ceux qui perçoivent une évolution défavorable, les jeunes Français semblent globalement plus sûrs d’eux-mêmes que les Allemands.

Les relations franco-allemandes jugées favorablement de part et d’autre du Rhin

81% des Allemands âgés de 15 à 30 ans estiment que les relations franco-allemandes sont actuellement plutôt bonnes ou très bonnes. Du côté français, une proportion bien plus importante (95%) de cette classe d’âge partagent cet avis. Si l’on compare ces résultats à ceux obtenus lors d’une enquête réalisée en 1970 auprès d’étudiants de l’enseignement supérieur à Munich et à Paris, on constate que l’évaluation actuelle des Allemands est un peu plus négative : 87% des étudiants munichois interrogés avaient considéré en 1970 que les relations étaient bonnes, pour 81% aujourd’hui. 86% des étudiants interrogés en 1970 à Paris estimaient que les relations étaient bonnes, pour 95% cette année.

Les Allemands plus attirés par la France que les Français par l’Allemagne

Jeunes Allemands et jeunes Français se distinguent considérablement dans leur comportement en matière de voyages et dans le choix de leurs destinations préférées. Alors que les jeunes Allemands ont voyagé le plus souvent (69%) pour se rendre en Autriche, les jeunes Français se sont surtout rendus en Espagne (64%). En deuxième place des séjours à l’étranger effectués par les Français âgés de 15 à 30 ans figurent la Grande-Bretagne ou l’Irlande (58%). Pour les jeunes Allemands, les îles britanniques demeurent une destination assez inhabituelle : seuls 27% des Allemands interrogés s’y étaient déjà rendus. Pour les jeunes Allemands, la deuxième destination la plus fréquente est l’Italie (59%).

Tandis que plus de la moitié des Allemands interrogés se sont déjà rendus en France, - pays qui figure en 3ème place des destinations les plus fréquentes (55%) - , les jeunes Français sont partis beaucoup moins souvent (44%) en Allemagne. L’Allemagne ne devient destination pour les Français qu’à un âge plus avancé, une fois qu’ils ont dépassé les vingt ans. Ainsi, un peu plus d’un tiers seulement des Français âgés de moins de 20 ans ont déjà visité l’Allemagne contre près d’un Français sur deux (49%) entre 25 et 30 ans.

Italie et Espagne, pays de rêve pour les jeunes Français et Allemands

Lorsqu’on demande aux jeunes Allemands et aux jeunes Français où ils souhaiteraient s’installer s’ils devaient quitter leur propre pays, la grande majorité d’entre eux place l’Espagne et l’Italie, loin devant les autres. (29% des Allemands âgés de 15 à 30 ans et 42% des Français de la même tranche d’âge désignent l’Espagne comme leur pays de rêve). En deuxième place figure un autre pays méditerranéen, l’Italie (25% en Allemagne, 38% en France).

Pour les jeunes Français, la Grande-Bretagne arrive en 3ème position avec 20% et l’Allemagne en 4ème position avec 11%. Pour les Allemands, la France occupe la 3ème place (14%) parmi les pays de rêve cités, derrière l’Espagne et l’Italie. Ce qui fait de la France un pays légèrement plus attractif pour les Allemands en vue d’un séjour durable que l’Allemagne pour les Français.

Les jeunes Français plus liants que leurs voisins allemands

38% des Allemands âgés de 15 à 30 ans ont eu l’occasion de faire connaissance avec un Français en Allemagne. Chez les Français du même âge, la proportion est nettement plus élevée (52%). Ceci n’a rien d’étonnant : comme nous l’avons constaté, les Allemands se rendent plus fréquemment en France que les Français en Allemagne. Les Français ont donc plus souvent l’occasion de rencontrer des Allemands en France alors que pour les Allemands, l’occasion de faire connaissance avec des Français en Allemagne est plus rare. Toutefois, parmi ceux qui se sont déjà rendus dans le pays voisin, il existe plus de Français ayant fait connaissance avec un Allemand « sur place » (63%) que d’Allemands ayant connu des Français « sur place » (43%). Nous voyons ici que les jeunes Français semblent davantage profiter de leurs séjours en Allemagne pour nouer des contacts personnels que les Allemands qui séjournent en France. Le type de séjour (séjours prolongés dans le cadre des études ou vacances courtes) est également un facteur déterminant à cet égard et joue sur la possibilité.

Médiocrité des connaissances sur le pays voisin

Seulement 16% des Allemands âgés de 15 à 30 ans, et autant de Français du même âge estiment que leurs propres connaissances sur le pays voisin sont bonnes ou très bonnes. 43% des Allemands avouent ne savoir que peu ou très peu sur la France. Un Français sur deux (50%) est dans le même cas. En moyenne, les connaissances et les informations sur le pays voisin se situent dans une fourchette de niveaux compris entre " moyennes " et " assez faibles " (la moyenne pour l’Allemagne est de 3,4 et pour la France de 3,5).

Certes, le degré de connaissances sur le pays voisin respectif a légèrement augmenté par rapport à l’étude comparative de 1976. Mais malgré de meilleures relations de voisinage entre l’Allemagne et la France et en dépit des nouvelles possibilités d’accès rapide à l’information, les connaissances sur le voisin restent tout à fait médiocres.

Les connaissances sur la situation politique du pays voisin laissent également à désirer. Ainsi, seuls 52% des Allemands âgés de 15 à 30 ans interrogés connaissent le président français, Jacques Chirac. Quant aux Français interrogés, seuls 46% savent que Gerhard Schröder est le chancelier de l’Allemagne.

Télévision et école, principaux vecteurs d’information

La télévision et l’école sont les principales sources d’informations sur le pays voisin. Alors qu’en Allemagne la vaste majorité des informations sur la France (77%) provient de la télévision, l’école est en France, loin devant toute autre source d’information, le principal vecteur (67%) de connaissances sur l’Allemagne. Ce constat pourrait également expliquer pourquoi, dans l’image que se font les Français des Allemands, les dimensions politiques et historiques sont très présentes.

Les informations de première main, que ce soit par des voyages ou via des contacts personnels avec des Français ou des Allemands sont nettement plus rares (en Allemagne en 5ème position, et en 10ème position dans la fréquence d’évocation ; en France, 4ème et 9ème place respectivement).

Bien des choses ont changé depuis 1976 : la télévision jouait alors en Allemagne un rôle bien moins important dans la transmission d’informations sur la France (57%) qu’aujourd’hui (77%). Néanmoins, l’importance de l’école dans la transmission de connaissances sur la France est plus élevée aujourd’hui (70%) qu’il y a 26 ans (61%). En France, le rôle de la télévision comme vecteur d’informations sur l’Allemagne n’a pratiquement pas évolué depuis 1976 (1976 : 37%, aujourd’hui : 40% ; dans les deux périodes en 2ème place dans la fréquence des réponses, derrière les études). Mais l’importance de l’école en tant que source d’information sur l’Allemagne a considérablement augmenté au cours des 26 dernières années (1976 : 40%, aujourd’hui : 67%).

L’anglais, première langue étrangère parlée en France et en Allemagne

Aussi bien en Allemagne qu’en France, la langue étrangère la plus parlée par les jeunes est l’anglais (Allemagne, 92% ; France, 95%). En Allemagne, le français arrive en deuxième position – même s’il est largement devancé par l’anglais, (33%). Donc, un tiers des jeunes Allemands savent au moins un peu de français alors qu’en France, la deuxième langue étrangère est l’espagnol: plus d’un jeune Français sur deux parle au moins un peu l’espagnol. L’allemand figure en 3ème position, (35%).

Un niveau des connaissances linguistiques passable de part et d’autre du Rhin

Parmi les Allemands qui parlent le français, 17% estiment avoir de bonnes ou de très bonnes connaissances de français. En France, la proportion de ceux qui disent avoir des bonnes ou de très bonnes connaissances d’allemand est de 22%. Néanmoins, 41% des personnes interrogées disent n’avoir que des mauvaises ou très mauvaises connaissances d’allemand alors que le pourcentage des Allemands n’ayant que de mauvaises connaissances de français est de 37%. En moyenne, le niveau des connaissances linguistiques des Allemands tout comme celui des Français n’est guère mieux que passable (sur une échelle de 1 à 5, note moyenne de 3,2 en Allemagne et de 3,3 en France.)

La majorité des personnes interrogées en Allemagne et en France ont acquis leurs connaissances d’allemand et de français à l’école (Allemagne, 90% ; France, 85%). Dans ce domaine, il n’y a pratiquement pas eu de changement depuis 1976. Suivent assez loin derrière les séjours linguistiques sur place, (Allemagne, 36% ; France, 25%) et certains programmes d’échanges (Allemagne, 25% ; France, 18%). Les cours de langues à l’université, l’acquisition de la langue en autodidacte ou encore les cours de langues professionnels et les écoles de langues sont très rarement utilisés pour apprendre la langue française ou allemande (1 à 13%).

L’intérêt pour la langue du pays voisin : peut mieux faire !

Les jeunes Allemands tout comme les jeunes Français se montrent peu intéressés par l’apprentissage ou l’amélioration de leurs connaissances en français et en allemand. Seulement 25% des Allemands âgés de 15 à 30 ans se disent intéressés pour apprendre le français ou améliorer leurs connaissances en français, et réciproquement, 28% des Français. En moyenne, l’intérêt pour l’apprentissage de la langue du pays voisin est donc plutôt faible à très faible.

Source : www.tns-sofres.com