Travailleur, ponctuel, consciencieux : mais où est passé l’Allemand typique ?
Sérieux, discipliné, organisé, travailleur : c’est ainsi que le Français voit son voisin allemand, si l’on en croit un sondage IFOP réalisé pour l’ambassade d’Allemagne en janvier 2012. Mais l’Allemand, qu’en pense-t-il ? Selon une enquête de l’Institut allemand Rheingold, il semble qu’il ne se sente plus très « typiquement allemand »…
D’après ce sondage, réalisé sur un panel représentatif d’un millier de personnes en Allemagne, seuls 35 % des Allemands s’estiment encore « typiquement allemands ». 36 % ne s’estiment plus en conformité avec l’image d’Épinal du Germain travailleur, ponctuel, consciencieux, honnête, précis et ambitieux. Les 29 % restants, prudents ou indécis, ne se prononcent pas.
Les Allemands mènent une « double vie »
« Dans leur rapport à la nation, les Allemands développent une double vie », explique métaphoriquement le directeur de l’enquête, Jens Lönneker. Jamais, par le passé, ils n’avaient établi une distinction aussi nette entre image publique et vie privée. D’un côté, ils continuent de tenir en haute estime les traits de caractère traditionnellement associés à l’Allemagne. Mais sans les aimer. De l’autre, ils mènent leur vie comme bon leur semble, et de très diverses manières.
Apparemment, (presque) personne n’est dupe. Près de trois sondés sur quatre (73 %) se disent d’accord avec l’idée que « les Allemands ne sont pas aussi honnêtes, ponctuels et consciencieux qu’on le pense toujours ». Et que, en réalité, « il y a aussi beaucoup de petits malins ».
S’en réjouissent-ils ? Pas vraiment. Malgré leur situation économique plutôt florissante, les Allemands ont le sentiment que leur pays ne se développe plus. 70 % jugent même qu’il court à la faillite. Ce qui alimente leur pessimisme : l’excès de bureaucratie (près de 90 %), l’impression que l’Allemagne reste très en deçà de son potentiel (72 %) ou encore la crainte de voir s’installer une société à deux vitesses (un peu plus de 60 %). Les deux tiers des sondés appellent, en outre, à lutter contre « l’effondrement général de valeurs ».
Pour autant, dans leur grande majorité, les Allemands font peu confiance à leurs responsables politiques pour redresser la barre. 80 % jugent la politique allemande trop hésitante et trop versatile, manquant de capacité de décision et d’énergie. Ils se demandent même si les responsables comprennent bien les évolutions économiques et sociales. Cependant, moins d’un sur trois (28 %) se déclare prêt à s’engager lui-même en politique.
« German angst »
On peut sans doute interpréter de plusieurs façons ce pessimisme. Mais n’est-il pas en définitive l’expression du fait que les Allemands restent bien… fidèles à eux-mêmes ? « Lorsque l’on vous pose la question de savoir si l’Allemagne court à la faillite, il est typiquement allemand de répondre oui », souligne la journaliste Annette Prosinger dans le quotidien Die Welt…