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La vie extraordinaire d’Alexandre, prince de Dohna-Schlobitten, (1899-1997) filleul de l’empereur Guillaume II.
Après une enfance dans une Prusse-Orientale encore féodale, le prince de Dohna reprend la gestion des immenses territoires agricoles et forestiers familiaux. Il assiste à la montée du nazisme puis participe à la seconde guerre mondiale en tant qu’officier de la Wehrmacht, en Pologne, dans les Balkans et en Ukraine. Il est l’un des derniers à pouvoir quitter la poche de Stalingrad. Puis, fuyant le rouleau compresseur russe du début de 1945 qui devait détruire son château de famille et ruiner ses propriétés, il organise le convoi d’exode de tous ses « gens » (le trek, composé de plusieurs centaines de personnes) et gagne la région de Brême après avoir cheminé pendant deux mois, de janvier à mars 1945, sur les routes de Prusse, de Poméranie, du Brandebourg, du Mecklembourg et de Basse-Saxe, faisant étape dans des propriétés de familles apparentées, amies, ou tout simplement, chez des particuliers hospitaliers et solidaires.
C’est ensuite en Allemagne du sud puis à Bâle qu’il redémarre une nouvelle vie, plus modeste, en exploitant jusqu’à sa retraite une petite entreprise de nettoyage à sec. A la fin de la guerre, la propriété familiale est morcelée, le château détruit et les archives et les œuvres d’art dispersées dans les musées d’Allemagne de l’Est et de Pologne. Ayant renoncé à reprendre possession de ses terres, même après la chute du mur de Berlin, le prince de Dohna tentera néanmoins de récupérer quelques vestiges de ce monde en ruines.
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Paru le : 13 octobre 2011
Editeur : Lacurne
Collection : En d’autres temps
ISBN : 978-2-356-03000-9
Prix : environs 27 €
Je viens de feuilleter ce livre (que je ne connaissais pas) à la Fnac. Il y a effectivement quelques informations intéressantes sur la vie des gens qui travaillaient pour de grands domaines de Prusse Orientale comme celui-ci. Les livres en français sur de tels sujets sont très rares. Cela dit, moi qui suis toujours à la recherche d’indications précises sur le mode de vie rural de ces gens des domaines de l’Allemagne Orientale (Ostbrandenburg, mais c’était à peu près pareil) je reste un peu sur ma faim. On n’est jamais content !
Ça s’appelait Neumark, non? Les témoignages sur l’avant guerre sont difficiles à trouver, car après la guerre, le but de tout le monde était de ne pas remuer le couteau dans la plaie. Il faut vraiment chercher… peut-être même chez les antiquaires pour trouver des publications d’avant guerre.
tu as raison dans ce sens qu’il est très difficile de faire parler les gens de ce passé.
j’ai cotoyé moi-même quelqu’un pendant 20 ans avant d’apprendre que sa famille venait de ce coin, exilée en 1945 aussi vers le sud de l’Allemagne (si déjà on quitte le nord !!! lol !!! ce lol n’est pas de moi). Mais les parents de cette personne ne lui a pas beaucoup raconté, pour ne pas se retourner vers le passé. un grand dommage. des pans entiers d’histoire disparaissent avec ces générations qui n’ont jamais voulu parler de ces moments difficiles (quelle que soit la situation). et mon hobbie c’est de partir à la pêche de ces témoignages. du coup cela ressemble souvent à de gigantesques puzzles 10.000 pièces.
que cherches-tu Djoss ? j’ai quelques bribes de la vie de ces domaines pendant la 1ère guerre mondiale. pas grand-chose, par une autre source encore que cette personne (journaux de guerre cette fois-ci).
En effet, cette génération se tait. Quel que soit leur camp, d’ailleurs. Les exilé font le deuil de leur monde perdu, les anciens nazis se protège de la honte par le silence et les anciens communistes bougent le moins possible derrière les Linke ou dans leur Kleingartenverein. J’avoue que je connais mieux les deux premiers cas que le dernier. Les vieilles tantes en question font des allusions. Rien de plus. Elles aiment avant tout leur relative réussite dans la RFA d’après guerre, elles ont un peu l’impression de l’avoir échappé belle, il me semble (c’est mon sentiment).
Elle n’est pas facile, la communication avec cette génération.
Peu avant la création de ce sujet par Fifititi je pensais à écrire un fil pareil, pensant à ce pays perdu qui était celui de tous mes grand-parents. Je voulais faire comprendre son histoire, l’histoire de ses gens, les coutumes, la langue et tout ça autant que je l’ai compris. Je lisais quelques livres très interessants et j’ai même fait un plan. Par ça je voulais aussi combler les lacunes de ma propre histoire, étant descendant des gens qui ont perdu leur pays d’origine.
Il y a dix jours mon grand-père est mort. Lui non plus il n’aimait pas en parler, comme l’ont déjà dit Lailou et Elie. Il me fallait attendre son entrerrement pour apprendre son histoire, raconté par le pasteur. Bien sûr que je suis triste de sa mort, mais je le suis aussi parce que je ne fait que commencer à comprendre la vie des gens de Prusse-Orientale, de retrouver les traces que leurs caractères, leurs âmes ont laissées dans les générations suivantes. Je n’aurai jamais plus l’occasion de lui poser toutes les questions qui m’urgent et que je n’osais jamais lui poser, un homme tranquille mais un peu intimidateur qu’il était. Je commence à comprendre que ce n’est pas seulement mon grand-père qui est mort, mais aussi un des derniers témoins de l’époque. Donc ça me rend triste de lire dans ce fil, les souvenirs remontent.
Une pensée pour la génération à qui il manque un partie de leur histoire… avonlea…
Le tourisme en Masurie (Pologne actuelle) se porte très bien. Entre ceux qui ont encore la force de revoir les lieux de leur enfance et ceux qui veulent voir d’où viennent leurs parents, les étés sont germanophones dans le coin. En plus, ça doit être très beau dans le coin, les lacs de Masurie.
Ouvrez un bar avec une belle terrasse dans la région, ça fera parler les clients…
Toutes mes pensées pour le départ de ton grand-père, Avonlea !
Moi aussi je regrette de n’avoir pas mieux connu, pas plus parlé avec mes grands-parents. Il y a les grands traits de leur vie, qu’on connaît généralement, mais c’est quand on rentre dans les détails que c’est intéressant. Mes parents ont écrit un petit peu. Très simplement, car ils n’ont pas beaucoup de bagage scolaire. Mais déjà comme ça, les choses qu’on écrit ne sont pas tout à fait les mêmes que celles qu’on dit. J’ai appris énormément en lisant leurs quelques feuillets.
Je me joins bien sûr aux autres, Avonlea. Un parent, un grand parent qui s’en va, c’est , en plus du chagrin de perdre une personne aimée, une partie de nous qui disparait un peu.
j’ai eu la chance d’avoir parmi les grands parents qui restaient à ma naissance des gens qui ont beaucoup parlé (mais pas assez à mon goût).
du côté de mon mari, aucune transmission de quoique ce soit. parce qu’à la base c’est un couple franco-allemand qui a dit « on met un trait sur le passé » ?
cela en est au point que mon mari est nul en allemand.
Mon grand-père fait également aussi parti de cette génération qui ne parlait jamais de la guerre. il a été fait prisonnier comme des centaines de milliers d’autres en juin 1940 sans véritablement avoir combattu (il était dans les transmissions).
De son séjour en Allemagne je ne sais presque rien : la peur des bombardements aériens est à peut près la seule chose dont il a voulu me parler avec la venu de Mussolini dans son camps de prisonnier. Il a travaillé ensuite dans une ferme en Autriche annexée où il est retourner d’ailleurs une fois après la guerre.
De l’angoisse éprouvée pour sa famille, de l’épreuve de la séparation avec sa femme (pendant quatre longues années), des privations, du froid, de la peur …rien, pas un seul mot de toute sa vie.
Par contre jamais aucun mot contre les Allemands ou l’Allemagne. Jamais le moindre ressentiment exprimé.
Il me semble qu’un séjour en Allemagne une dizaine d’année avant sa mort et la rencontre d’avec l’un de ces anciens ennemis l’avait beaucoup ému mais même de cela il ne parlait jamais. Une rencontre qu’ils avaient d’ailleurs voulu tous les d’eux comme pour effacer le passé à la fin de leur vie respective.
Car ils avaient bien conscience d’avoir été tous les deux le jouet de circonstances qui les dépassaient.
S’il vous plaît, je ne voulais pas faire de ce fil un livre de condoléances pour mon grand-père, absolument pas. Merci qaund-même. Mais je voulais exprimer qu’il est triste de perdre les derniers témoins d’une génération qui était la dernière à avoir connu cette partie troublée de notre histoire.
En plus, quand j’ai vu que vous avez réanimé ce fil sur la Prusse-Orientale je devais penser à un phénomène un peu étrange. Quand on lit le journal en écoutant de la radio et on lit un mot qui au même moment est dit à la radio, dans une chanson ou dans les nouvelles. Vous connaissez ça? On est surpris et dresse les oreilles. Cela m’arrive souvent et l’effet est le même que hier soir en lisant vos messages. Pourquoi est-ce qu’on discute le sujet de la Prusse-Orientale exactement maintenant, à peine deux semaines après la mort de mon grand-père? Pourqoui est-ce que Fifititi a ouvert ce sujet un janvier exactement quand j’étais en train de préparer quelque chose de pareil? Je ne crois pas au destin. Mais le hasard me fascine toujours.
Dans quelques mois je vais publier mon petit dossier sur la Poméranie et la Prusse-Orientale, quand j’aurai un peu franchi ma tristesse inattendue. Il avait plus de 90 ans et on a eu le temps de s’y préparer.
J’ai une recette de « cuisine » extraordinaire de la région que je dois absolument vous présenter et de laquelle je suis sûre que mon grand-père le connaissait bien. Je dois mettre le mot « cuisine » entre guillemet et vous verrez plus tard pourqoui.
« What’s in a name? That which we call a rose. By any other name would smell as sweet. »
Dommage que cette phrase n’existe pas dans la version française de Roméo et Juliette. Je la cite toujours quand je ne fait pas attention au vrai usage des noms, quand j’oublie quelques-uns et on me le tient sous le nez.