Tout le monde sait bien ici que « pont » se dit « die Brücke » en allemand. Et pourtant…
Er ließ schlagen einen Brucken, dass man kunnt hinüberrucken mit d’r Armee wohl vor die Stadt…
Als der Brucken war geschlagen, dass man kunnt mit Stuck und Wagen frei passier’n den Donaufluss…
Et en Autriche et en Bavière: Innsbruck, Bruck/Leitha, Bruck/Mur, Fürstenfeldbruck…
Comme on le voit, Bruck et Brucken ont évolué au fil des siècles pour donner la forme actuelle féminisée Brücke.
Sur ce, bonnes vacances, et bon voyage pour ceux qui partent!
Sans changement de genre, ça me fait penser à « der Brunnen » qu’on trouve aussi dans les toponymes sous la forme " (der) Bronn"…Balbronn, Heilbronn, Baiersbronn, …en Alsace Niederbronn.
Ben en fait, c’est l’inverse.
*Bruck- est féminin, comme les langues scandinaves brygge et bro. Comme on peut le voir, il y a une hésitation flexionnelle dès le germanique, ce qui donne deux formes concurrentes en danois/norvégien.
- une forme féminine de la classe des -i/-ja qui doit donc donner un Umlaut.
- une forme fémine passée à la classe des -ô/-ôn donc sans Umlaut.
En Allemand, le Umlaut du premier est empêché au sud d’une ligne Karlsruhe-Hof par le -ck- intervocalique. D’où Saarbrücken mais Insbruck. Le Suisse-allemand dit aussi zruck pour zurück, sans Umlaut. Personnellement, je trouve aussi amusant que la ligne born/bronn ne passe pas loin au nord de celle-ci (Paderborn main Heilbronn).
Du coup, on a:
- la forme de la classe des -i/-ja qui non seulement prend un Umlaut mais voit aussi sa consonne intervocalique se géméliser (-ck- qui ne devient pas -ch lors de la deuxième mutation consonnantique) => allemand Brücke et danois/norvégien brygge (dans le sens de Landungsbrücken)
- la forme de la classe des -ô/-ôn qui devient un féminin faible sans Umlaut (ceux qui font aujourd’hui leur pluriel en -en) sauf que la terminaison -en la fait passer au masculin au lieu de disparaitre au singulier comme les autres féminins. On trouve donc un très sudiste der Brucken qui franchement va énerver vos profs d’allemand alors vous l’oubliez. Le danois/norvégien a la forme bro/bru sans changement de genre, dans la droite ligne de l’ancienne classe des -ô/-ôn.
C’est limpide, non ?