en cours d’allemand, nous étudions la vie du Chancelier Willy Brandt, et je dois expliquer et traduire un passage de ses mémoires… Chose qui est plutôt difficile quand je tente de déchiffrer le passage suivant (qui parle de l’agenouillement de Willy Brandt à Varsovie) :
C’est surtout la deuxième partie de la phrase sur laquelle je bloque !
Le château lui aurait « laissé un sentiment » qui lui aurait fait comprendre qu’il devait apporter l’expression de sa pensée par rapport au Monument du ghetto ?
Ou bien le château baignait dans un sentiment tel, qu’il s’est senti un peu « coupable » et aurait décidé d’exprimer ce qu’il ressentait par rapport au Monument ? …
J’ai tenté une traduction avec Reverso … Autant vous dire que le résultat n’est pas génial, il est même pire que mes tentatives de traduction !
J’ai traduit de cette manière, à l’arrache, je vous l’accorde : « Je n’avais rien prévu, mais le château Wilanow, dans lequel j’étais installé, m’a donné le sentiment que je devais aller exprimer la particularité de ma pensée par rapport au monument du Ghetto ».
Il faut dire que j’ai toujours eu du mal pour reformuler des textes étrangers en français
Le problème, c’est que pour pouvoir expliquer ce passage, j’ai besoin d’une traduction sûre, pour ne pas faire de contresens ! C’est pourquoi, je demande votre aide
Où prends-tu que le château de Wilanow lui aurait laissé un sentiment quelconque ?
Reprenons au début et suivons bien le mouvement des troupes : La phrase commence par le sujet, en l’occurrence « ich ». Voyons les verbes auxquels il s’applique. Ich hatte nichts geplant, c’est clair, plus-que-parfait, la subordonnée « wo ich untergebracht war » au prétérit, c’est bon, quid du sujet de « verlassen » ?
Ce ne peut pas être le château, puisqu’il faudrait répéter l’auxiliaire avec un nouveau sujet.
Et surtout, il y a « in dem Gefühl ». Ce n’est pas un complément d’objet direct, mais c’est un état d’âme qui est exprimé ici. Ca devient clair ?
Et puis de toute façon « verlassen » ne peut pas vouloir dire « donner ». Toutes les prépositions ont leur importance.
Quant à « Gedenken », ce n’est pas la pensée, mais la mémoire, le souvenir, la commémoration.
Je pense qu’à partir de ces éléments, tu devrais pouvoir sortir une phrase logique.
Merci beaucoup pour votre aide, qui m’a déjà un peu éclairée !
Mais je n’arrive toujours pas à traduire le « In dem Gefühl verlassen » … Ca me perturbe ! Certes le « in dem Gefühl » représente un état d’âme, mais si on considère que « verlassen » signifie « quitter », je ne vois pas comment on peut relier les deux… Un sentiment qui l’aurait quitté ? Ce serait plutôt un sentiment qui l’aurait « percuté » pour le pousser à faire ça … (puisque c’est un geste spontané). Donc je ne vois pas trop… A moins que ce soit son orgueil qui l’ai quitté ? Mais là je m’égare complètement!
Selon moi (et mon interprétation … Pas très fiable !), je pense que le fait qu’il soit dans ce château lui a fait comprendre qu’il devait apporter la particularité de la commémoration du Monument du Ghetto… C’est comme ça que je comprends la phrase. Mais je n’arrive absolument pas à la traduire mot à mot.
Si tu traduis mot à mot, qu’est-ce que ça donne ? Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures !
Pour simplifier : Ich hatte Schloss W. in dem Gefühl verlassen… C’est-y pas mieux comme ça ?
Et ça n’a rien à voir avec le fait qu’il soit dans ce château, qui était une simple résidence d’hôtes de marque à Varsovie. Il dit simplement qu’il a quitté le château où il était logé.
Et puis apporter la particularité de la commémoration, euh, ça ne sonne pas très français. Ce n’est pas seulement « bringen », mais « zum Ausdruck bringen », ce qui n’est pas du tout la même chose.
Et attention : ce n’est pas le monument du ghetto qui est commémoré ! C’est « Gedenken am » !
En effet, en simplifiant, ça devient plus clair !
Oui , je sentais bien que « apporter la particularité à la commémoration », ça sonnait un peu bizarre!
Certes, bringen n’est pas Zum Ausdruck bringen, mais cela signifierait « ammener/apporter/mener jusqu’à l’expression », et Reverso me donne le même résultat --'. Or ce n’est pas très français de dire qu’il devait « ammener jusqu’à l’expression la particularité de la commémoration du monument du ghetto ».
De ce que j’en comprends, ce serait donc qu’il n’avait rien prévu, mais que quand il a quitté le fameux château W. où il était logé, il a eu le sentiment qu’il devait exprimer, montrer la particularité de la commémoration du monument du ghetto.
Merci beaucoup, je vais essayer de me débrouiller avec tout ça, de toutes manières, j’ai réussi à traduire les phrases « alentours », qui peuvent aussi bien m’aider!
On y est presque, sauf que le « am » n’a pas été rendu. Comme je le disais plus haut, ce n’est pas le monument qu’on commémore, puisqu’il est là justement pour commémorer. « am » indique le lieu de cette commémoration, ou de cet hommage plutôt, puisque j’ai eu le privilège, étant alors jeune étudiant en Allemagne, de vivre par les médias ce moment stupéfiant et inoubliable de cette journée pluvieuse du 7 décembre 1970. Le choix des termes dans une traduction est souvent influencé par le vécu personnel et les sentiments que l’on a alors ressentis.
Ah d’accord! j’ai tout compris maintenant, avec le « am »!
je vais essayer de reformuler ça, de toutes manières, le devoir n’est pas à rendre, mais je voulais vraiment aller au bout des choses, parce que je sens que mon niveau d’allemand régresse de jour en jour … Mais un grand merci à vous ! Sans votre aide, je n’y serai pas arrivée, j’aurai pondu une phrase à la va-vite qui n’a aucun sens, comme nous avons tant l’habitude de le faire, dans nos cours d’allemand …
Vous avez donc vu ce moment à travers les médias ? Ca devait être assez impressionnant non? Personnellement, je n’étais pas née, et jusqu’à quelques semaines, je ne soupçonnais même pas l’existence de Willy Brandt … C’est grâce à mon cours d’histoire sur la guerre froide et mon cours d’allemand que j’ai commencé à comprendre petit à petit qui était cet homme …
Comment se fait-il que ton niveau d’allemand régresse de jour en jour ? (ou te fait du moins cette impression ?)
Je pense au contraire qu’il devrait suivre une ligne ascendante !
Ce qui m’inquiète par contre, c’est le fait de pondre des phrases à la va-vite dans vos cours d’allemand. Les profs ne sont-ils pas à la hauteur, pour que vous puissiez aborder l’allemand du point de vue de l’allemand, et non pas à partir du français. Il est vrai que je n’ai jamais étudié en France.
Quant à l’hommage rendu à genoux de Willy Brandt à Varsovie, le fameux Kniefall si controversé dans l’opinion allemande d’alors, les étudiants d’aujourd’hui ne peuvent pas s’imaginer combien suprenante et passionnante était cette rupture avec la politique de la guerre froide suivie jusqu’alors par les deux blocs antagonistes, et partant par les deux Etats allemands, dont l’un se proclamait le seul successeur légitime du Reich déchu. La rencontre d’Erfurt des deux Willy/i, le voyage à Varsovie de Brandt, le traité sur les bases des relations entre les deux Etats allemands qui était une reconnaissance de la RDA et qui a préludé à cette vague de reconnaissance des réalités par les pays occidentaux, tout cela a marqué mes années d’étudiant au début des années 70.
Aujourd’hui, les jeunes, par le biais d’Internet, n’ont qu’un clic à faire pour se documenter sur Internet et revivre ces événements que notre génération a vécus à chaud. La preuve : youtube.com/watch?v=rp4jq7Ojb7E
Evidemment, pour vous, c’est de l’histoire. Mais rien de tel qu’un tel document pour se mettre dans l’ambiance, quand on a une traduction à faire. Avoir le contexte, être dans le contexte, comprendre le contexte : c’est là l’essentiel.
J’ai l’impression que mon niveau d’allemand régresse car je ne comprends pas trop les méthodes d’enseignement de mon professeur. J’ai participé à l’échange Brigitte Sauzay en seconde, ce qui m’a permis d’avoir une sorte de « déclic » au niveau de la langue allemande et de faire des progrès fulgurants en quelques mois seulement, mais en rentrant en première, j’ai eu ce professeur qui n’a pas vraiment réussi à nous « booster ». Quelquefois, nous avons des exercices très simples (comme le comparatif par exemple), et d’autre fois, nous avons droit à des textes très difficiles sans aucune aide au niveau du vocabulaire, et nous devons les étudier tout seuls, c’est à ce moment-là que je me bats avec Reverso pour essayer de trouver tous les mots manquants …
De plus, nous faisons très peu d’oral : vous n’avez pas étudié en France, donc vous ne savez peut-être pas qu’en France, dans les cours de langue, on privilégie beaucoup plus l’écrit que l’oral. Les élèves participent assez peu et se contentent d’écrire de longues phrases … Et c’est surtout le cas en allemand, où la grammaire est assez importante : pendant mes deux premières années d’allemand, je n’ai jamais fait d’oral : j’ai seulement appris la grammaire. Ce n’est qu’en seconde où l’on a commencé à me faire parler, et c’est à ce moment-là que je suis partie, donc je vous avoue qu’au départ, en Allemagne, j’étais vraiment perdue…
Quant à nos phrases à la va-vite, c’est un peu une « habitude » dans notre classe. Notre professeur, comme tous ceux que j’ai eu d’ailleurs, parle la plupart du temps en français. Il faut dire que les élèves français se sentent très mal à l’aise quand tout le cours se déroule en allemand, sûrement parce qu’ils n’ont peur de pas comprendre : du coup, ils interviennent toujours en français, ce qui « casse » l’ambiance « allemande » que le professeur essaie de créer.
Merci beaucoup pour votre lien ! J’ai regardé la vidéo qui résume assez bien l’agenouillement de Willy Brandt !
Ce chapitre de l’histoire allemande me plaît, surtout qu’il est rattaché à la guerre froide, qui est l’une de mes périodes historiques préférées.
Cependant, j’ai une question, par simple curiosité : Vous êtes allemand, non??
Tu ne vas pas te faire que des amis ici si tu accuses ton prof de ta baisse de niveau. Dans un groupe classe, j’imagine que c’est quasi impossible de faire de la pédagogie différenciée.
Avec Internet, tu as tout le monde germanophone à portée de clic alors si l’allemand te passionne, tu as tout loisir de lire les actus, regarder des vidéos, skyper, etc. dans la langue de Goethe. Veinarde, va !
C’est sûr que passer un certain cap, les cours n’apportent plus grand chose. C’est à toi de chercher à progresser seule.
Enfin je suis sûr que si tu apprenais tous les nouveaux mots que tu trouves dans tes cours et dans tes textes tu progresserais un minimum (en tout cas dans un domaine).
Je suis né Français, et devenu Italien de langue allemande par la force des choses. C’est la vie, avec tous ses paradoxes et ses situations inattendues.
C’est vrai que j’y ai été un peu fort en « accusant » mon prof , et je sais que c’est difficile pour eux aussi de nous apprendre l’allemand (ou une autre matière d’ailleurs), mais bon… Je m’attendais cette année à quelque chose de différent, enfin c’est pas très grave … Et puis de toutes manières je ne peux rien y faire !
Je tiens à dire que j’apprends TOUS mes mots de vocabulaires de mon cours , et bien qu’ils ne sont pas courants, je reconnais qu’ils sont parfois utiles (eh oui, je les retrouve parfois sur des sites!). Cependant, quand on nous donne un texte où énormément de mots vous sont inconnus, et qu’il y a tous les autres cours qui suivent derrière, je vous avoue que je n’ai pas le temps d’apprendre tous les mots. J’en retiens quelque-uns, mais les autres …
Je regarde parfois des films ou des émissions en allemand, et j’ai gardé quelques contacts avec des germanophones, mais encore une fois, je n’ai pas souvent le temps … Et j’avoue que j’essaie de faire marcher l’anglais en parallèle … Dur, dur !
Andergassen, je comprends mieux maintenant pourquoi vous parlez si bien français, sans aucune faute, sans avoir étudié en France
Jusqu’au bac, tout au moins. Autant dire que mon français est très « scolaire » ! Et s’il n’existait pas de forums comme celui-ci, et si je n’avais pas transmis ma langue maternelle à mon fils, avec lequel je corresponds en français (langue diplomatique oblige ! ), ce trésor aurait été irrémédiablement perdu !
As-tu déjà entendu parler de cet objet saugrenu, le dictionnaire ? Ca a beau être totalement démodé, c’est le seul moyen de progresser en apprenant des « mots manquants », un traducteur automatique te donne un mot mais ne t’apprend rien et ne fait pas marcher ton cerveau.
Mouais, la France elle a bon dos des fois… Certes on privilégie l’écrit, mais de là à dire qu’on ne fait pas d’oral… Je me rappelle très bien de mes premières années d’allemand : on devait pour chaque cours avoir appris par coeur la Nacherzählung (résumé) de la leçon précédente et on était interrogés pour la réciter. On devait aussi lire à haute voix les leçons du livre (un élève par personne + un élève pour le texte hors dialogues) et on devait aussi répondre aux questions du prof bien entendu. Certes, la récitation et la lecture, ce n’est pas de l’oral spontané, mais ce n’est pas non plus « que de l’écrit ».
Enfin bon, si ça te rassure, je la trouve pas facile ta phrase. Je ne l’avais pas comprise sans les explications d’Andergassen, peut-être que je suis fatiguée ce soir mais je cherchais le verbe, je n’avais pas compris que haben se répétait.
+1 avec Sonka… j’ai aussi fait de l’oral d’allemand comme cela… en jouant une partie de Tischtennis par exemple, pour apprendre à compter les points
mais le niveau auquel tu es, laisse peut-être aussi volontairement moins de place à l’oral, qui est considéré sans doute comme acquis, au profit de traduction plus difficile, telle que celle que tu nous donnes (et qui m’a fait travailler un bon moment hier… j’ai compris le sens de la phrase, mais je n’arrive toujours pas à l’exprimer correctement en français… )
Parce que vous collez trop à l’allemand et à sa structure. Il en va de même quand on fait du thème : on est toujours tenté de traduire mot à mot une phrase française, alors que l’allemand dispose souvent d’un seul mot (composé il est vrai) ou d’un seul verbe, par le biais de la particule qui convient au sens. On pourra souvent sauver la situation en substituant un substantif au verbe, ou un adjectif au substantif.
Ma proposition de traduction : « Je n’avais rien prévu, mais j’avais quitté le château de W. où j’étais logé avec le sentiment de devoir exprimer (souligner) le caractère particulier de la commémoration au monument du ghetto. » (ou : ce que la commémoration … avait de particulier)