Oui, sans doute faut t’il appeler un chat un chat.
Cela dit j’ai cru voir aux derniers Mondiaux d’athlétisme un handicapé qui courait aussi vite que les valides.
Donc je penserais plutôt que nous devons d’abord changer notre regard.
Cette question de la normalité est bien sûr d’une très grande importance.
Il s’agit d’une sujet sur lequel je souhaiterais vivement débattre avec toi et les autres foromeurs à occasion dans un autre post…Et essayer d’aller pour une fois au fond des choses.
Parce que les choses ne sont pas aussi simples que nous le croyons en général et également parce que je pense que nous avons encore beaucoup de préjugés à ce sujet.
ce qui me fait penser, Fifititi que j’avais dans la salle de cours (cours répondant au nom barbare d’Aspects Psycho-Socio-Juridique), une caricature d’un handicapé en fauteuil roulant avec la mention :
Pourquoi faire tant d’histoires ? Le handicapé est un homme aussi con que les autres…
A méditer pour essayer de comprendre mon point de vue (j’ai dit « comprendre », pas « admettre »)
Parce que, tu regardes dans le dico et tu comprendras. Handicapé = quelqu’un qui a une déficience. Et être privé de l’un de ses sens est une déficience.
mais justement Sonka, les sourds ne se considèrent pas avec une déficience ! ils disent qu’ils vivent dans un monde à eux, et que leur surdité ne les empêche pas de vivre comme tout le monde.
C’est leur vision des choses, et quand on voit la parlementaire autrichienne, on peut penser qu’ils ont raison !
voici ce que dit Emmanuelle Laborit sur son « handicap » :
HS : sur les Chines, les chinois et sinophones :
Michelmau, j’ai pas encore remarqué la légère inclinaison du buste que la personne soit en position assise ou debout. J’y serai désormais attentive, mais ça m’a l’air vraiment subtil car j’en croise régulièrement.
Kissou33, dans le sud de la Chine, c’est pas grave si tu maitrises le cantonais plus sérieusement, ne pas parler mandarin en Chines peut être handicapant si tu y vis.
Concernant la surdité et le handicap, tant mieux pour Emmanuelle Laborit et les sourds qui pensent comme elle ou Helene Jarmer mais pour les sourds dont il a fallu cacher la surdité, ceux qu’on a mis à l’écart sur les bancs de l’école pour « leur bien » et qui du coup sont mis à l’écart par les gamins dans la cour de l’école, c’est moins facile à vivre.
Et si tu ne peux pas compter sur des parents merveilleux et dévoués pour t’aider, il faut probablement plus de temps à prendre confiance, s’affirmer, blablabla.
Mais non, ce n’est pas une vision des choses, Kissou, c’est un fait. Les sourds ou les autres peuvent « considérer » ce qu’ils veulent, ça n’y change rien. Le corps humain est dotés d’organes qui ont une fonction. Et parfois il arrive que l’organe ne fonctionne pas. Ca s’appelle une déficience ou un handicap.
Le problème, c’est de ne pas stigmatiser le handicap, mais je ne vois pas en quoi le fait de refuser de le nommer y change quelque chose. Au contraire, je trouve ce discours très dangereux, parce que si tu claironnes que les handicapés n’ont aucune déficience et qu’ils sont absolument comme tout le monde, alors on te rétorquera qu’il est inutile de construire des rampes d’accès pour fauteuils roulants, des ascenseurs dans le métro, de mettre du braille dans les ascenseurs ou sur les produits, de diffuser le télétexte, etc.
mais je pourrai te rétorquer Sonka, pour reprendre ton exemple que les rampes d’accès ne sont pas spécialement faites pour les handicapés en fauteuil roulant (d’ailleurs parfois, elles sont justement TRES mal faites pour eux !) et que ces rampes d’accès là … tu les trouveras bien utile le jour où tu auras une entorse de la cheville et que tu marchera avec des béquilles… le jour où tu auras 80 balais et des problèmes de hanche… etc etc…(idem pour les ascenseurs, ils ne sont pas réservés aux handicapés…)
tu vois le problème à l’envers de moi tout simplement… Je ne claironne pas que le handicap ce n’est rien, je te dis que les sourds ne se considèrent pas comme handicapés… Ce n’est pas moi qui l’invente, et qui le proclame, c’est une majorité d’entre eux…
toi tu te bases sur déficience = handicap
les sourds pensent que leur déficience c’est leur force…
et d’un autre côté, je ne pense pas que ceux soient les entendants qui puissent décider si la surdité est une force ou un handicap…
Bien sûr qu’ils ne leur sont pas réservés, mais ils ont été créés POUR eux. S’il n’y avait pas une prise de conscience du problème du handicap, toutes ces choses là n’existeraient pas, et personne n’aurait jamais construit d’ascenseur dans le métro à cause des mémés ou des entorsés.
Mais il n’y a rien d’autre sur quoi on peut se baser… Handicap n’a qu’une seule définition !
Je n’ai strictement rien contre ça, mais je vois pas du tout le rapport ? Tu as commencé par me dire qu’ils n’avaient pas de déficience, ensuite que leur déficience, c’est leur force… Y’a pas un souci dans ton discours ?
Je crois que le problème, c’est que tu mets dans le mot handicap des connotations qu’il ne devrait pas y avoir. Handicapé ne signifie nullement « sous-homme », « sans droit » ou « sans intérêt ». Handicapé signifie « qui a une déficience physique ou intellectuelle », et c’est bel et bien le cas des sourds comme d’autres. Je comprends pas pourquoi ça t’est si difficile d’appeler un chat un chat.
D’un très interessant et long article que je mets en lien , j’extrais cette petite phrase qui confirme bien que les "Gehörlosen " ne se considèrent pas conme handicapés:
La plupart des malentendants ne se considérent pas comme des gens dotés d’un handicap, ils se battent plutôt pour être considérés comme une minorité culturelle (culture des malentendants.)
Edit; j’ajouterai qu’Helene, dans son combat politique , utilise le terme de « Behinderte =handicapés », car elle lutte contre toutes les formes d’exclusion dues au handicap et que devant son auditoire, il faut bien utiliser un terme les regroupant toutes.
Merci Michelmau non seulement de confirmer ce que j’avance, mais en plus de prouver que les sourds français et les sourds allemands ont la même opinion face à ce que Sonka continue d’appeler un handicap…
(nb pour Sonka, encore une fois ce n’est pas moi qui refuse d’appeler un chat un chat, et un handicap, un handicap, c’est l’idée que défendent les sourds, c’est eux qui disent « qu’ils ne sont pas handicapés ». Je me contente juste de t’expliquer comment eux, ils voient les choses… et je comprends très bien que tu ne puisses pas comprendre cette vision deux choses, puisqu’il m’a fallu 2 ans de cours de LSF pour arriver à comprendre leur vision… )
Ils y ont pas le choix .Transformer le handicap en force , c’est la seule solution, pour tout les handicapés. Certain le font par le sport, d’autres par le travail et arrivent à des postes à responsabilité ,quand tu arrive à surmonté le handicap, tu te considère plus comme handicapé .
Mais enfin une personne, même handicapé a le même cerveau que nous, éprouve les mêmes émotions que nous, les mêmes besoins que nous etc…;
En quoi faudrait-il la considérer comme une personne différente de nous ?
Posez-vous déjà cette question.
je préfère cette définition : une différence n’est un handicap que si elle empêche de faire ce qu’on a envie de faire.
une personne en fauteuil roulant qui vit dans une ville où tout est prévu pour l’accès des handicapés et qui n’a pas envie de faire de la course à pied, ne se sentira pas du tout handicapés, puisqu’elle arrive dans toutes les circonstances à surmonter sa différence.
mais cela c’est un peu dans un monde idéal.
qui d’entre vous a déjà été en fauteuil roulant, même temporairement ? la ville idéale n’existe pas, on est bloqué dans plein de petites choses de la vie quotidienne, qu’on n’aurait même pas imaginé avant. et pourtant j’habite dans une maison entièrement aux normes « handicapés » sauf pour la salle de bain. le jour où l’on ressort de son fauteuil (cela n’arrive malheureusement pas à tout le monde ), on ressent une énorme délivrance, il est illusoire de le nier.
une de mes meilleures amies est malentendante de naissance, lourdement appareillée, pleine d’énergie pour affronter la vie malgré sa différence (elle a un boulot, une famille, une vie sociale remplie, malgré cela c’est un effort de tous les instants de s’insérer dans cette vie, parce que malgré toutes ses stratégies, elle sait qu’elle doit en faire des tonnes en plus dans tous les domaines.
Faut-il apprendre le language des signes comme langue étrangère obligatoire à l’école ? Cela c’est une bonne question, mais vu les difficultés que la plupart des gens ont pour acquérir des langues étrangères, cela ne résoudrait de loin pas tout (notamment pour les non-sourds, cela resterait une langue étrangère).
Les lois sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap sont une excellente chose, car il y a énormément de potentiels et surtout d’envie de s’intégrer dans la société « normale » (et non d’être dans des structures « à part »). Mais il ne faut pas nier non plus les adaptations qui doivent être faites en disant « oh mais il n’y a pas de handicap », donc rien de particulier à mettre en oeuvre. Malheureusement les différences existent et ne se gomment pas toujours d’un coup de baguette magique (si seulement).
Sur ce forum nous sommes tous différents et c’est justement cette différence qui fait notre richesse, qui fait que nous nous sommes heureux de nous retrouver ici alors que nous pourrions être ailleurs.
Donc constatons simplement qu’une personne handicapée est différente de nous sans vouloir à tout pris lui imposer notre prétendue normalité et nous réglerons déjà une partie du problème qui provient d’abord du regard que nous portons sur elle.
Sur la notion très subjective de handicap, cette vidéo peut peut-être permettre d’aborder le problème de l’intérieur.
Je résume ;
Ils habitent Hamburg. Le père, Simon et la mère Rosemarie (Rosi), sont sourds de naissance. Simon enseigne la langue des signes dans un institut.
Première grossesse de Rosi; comme beaucoup de parents sourds, le couple pense que leur enfant sera entendant, mais ils ne manifestent aucune inquiètude quant à la surdité ou la non surdité de leur premier enfant.
Très tôt, ils constatent, alors que leur enfant est encore dans le ventre de sa mère , qu’il réagit aux bruits forts en bougeant.Puis ils s’aperçoivent très vite, après sa naissance qu’il est entendant (réaction aux sonnettes de vélos, au bruit des portes de métro qui se ferment) Bien sûr, Aaron, le jeune garçon , pour communiquer avec ses parents, va utiliser, comme eux,tout à fait naturellement, la langue des signes (qu’il maitrise d’ailleurs très bien) et qu’il considère comme sa langue maternelle(Il le dit d’ailleurs en toutes lettres.). Quand il arrive à l’école primaire, il va donc apprendre l’allemand et quand il aura besoin d’aide en allemand, il aura souvent recours à sa grand-mère paternelle (entendante) ou sa tante (également entendante).
Quelques années plus tard, Elaine vient au monde…non-entendante. Comme on le voit sur la vidéo, ils semblent tous communiquer parfaitement sans le moindre problème.
Amusant de constater qu’Aaron, bien que parfaitement entendant se définit lui-même comme « halb gehörlos=à moitié non-entendant » (référence non à un déficit ou un handicap physique quelconque, mais à l’appartenance à une communauté de culture.) J’ai très souvent entendu parler de cette « culture mal-entendante », alors que je n’ai jamais entendu parler d’une culture aveugle, d’une culture hémiplégique ou d’une culture paraplégique.Il me semble qu’il y a vraiment une spécificité du fait " gehörlos".
A remarquer ( à 6mn50-fin de la vidéo, cette phrase de la commentatrice):
« Sie empfinden ihre besondere Eigenschaft nicht als Handicap = ils ne ressentent pas leur caractéristique comme un handicap. »