Vorbild Frankreich

Histoire de vous informer de ce qui se passe en Allemagne, je voudrais vous sensibiliser à travers ce « topic » à un problème que la France a la chance de ne pas connaître alors qu’ici, en Allemagne, c’est devenu un véritable problème de société.
Et ce genre de réalités sont malheureusement trop souvent méconnues de la plupart des Français(es) et la presse française n’en parle quasiment jamais.

Alors de quoi s’agit-il ? Il s’agit de la question à laquelle quasiment tous les couples sont confrontés tôt ou tard : comment concilier vie de famille et vie professionnelle lorsqu’on décide d’avoir un ou des enfants.

Si c’est bien connu que malheureusement en Allemagne il est quasiment impossible de concilier enfants et vie professionnelle, contrairement à d’autres pays comme la France, ce problème est devenu crucial (notamment en raison de la chute vertigineuse des naissances en Allemagne) et l’opinion publique, mais également les responsables politiques ainsi que la presse et les médias télévisés commencent -enfin !- à s’y intéresser sérieusement. De plus en plus d’articles de journaux et de dossiers de presse sont consacrés à ce problème. De même, les reportages télé se font, eux aussi, de plus en plus nombreux.

Ainsi, par exemple, le Spiegel consacre un article dans son édition de cette semaine (« Die Frauen-Falle »), la chaine tv ZDF a consacré un reportage supplémentaire mercredi soir (« Kinder, Küche und Karriere - Das Leben berufstätiger Eltern »), et la plupart des médias et de la presse allemande consacrent des pages entières, et ce, très régulièrement, à ce thème.

A tel point que depuis plusieurs mois, il ne se passe plus une semaine sans que ce thème ne soit abordé en Allemagne.

Et grace à cet éveil des esprits, et la plupart des Allemands voyant comment cela se passe par exemple en France où les mères arrivent facilement à concilier enfants et carrière, la société allemande se met de plus en plus à rêver du « modèle français » en la matière.

Pour vous donner quelques informations que vous pourrez lire sur votre ordinateur, et pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion, je voudrais vous soumettre deux sources documentaires car elles sont récentes (même si vous vous en doutez peut-être, les dossiers, articles, études,… publiés à ce sujet pullulent et il serait impossible de les donner tous - sans parler des centaines de bouquins consacrés à ce sujet).

Tout d’abord, un petit extrait (et résumé) du reportage sur ZDF (en allemand, pour vous faire travailler un ch’tit peu votre allemand :wink:) :

[i]Morgens um halb acht verlässt die ganze Familie das Haus. Der Vater bringt die beiden Jüngsten in die Krippe, bevor er zu seinem Job in einer Marketingabteilung fährt. Auch Martine hat einen Ganztagsjob, sie arbeitet in einer Vorschule. Ein schlechtes Gewissen, weil sie trotz der Kinder arbeiten geht - das kennt sie nicht: « Auf der Fahrt denke ich noch an meine Kinder, aber dann überhaupt nicht mehr. Dann denke ich nur noch an meine Arbeit. »

Keine Vorbehalte

Martine Allehaut hatte immer einen sicheren Betreuungsplatz für ihre Kinder, egal, wie alt sie waren. Das Schimpfwort Rabenmutter kennt man in Frankreich nicht, und Martine hat keine Vorbehalte gegen die Betreuung durch Fremde: « Meine Kinder sind in den Kindereinrichtungen glücklich. »

Auch für die ganztägige Betreuung der Schulkinder sorgt in Frankreich der Staat. Mathilde, das Grundschulkind der Allehauts, isst Mittags in der Schulkantine - zusammen mit 3.000 anderen Kindern. Keine französische Mutter kocht mittags, kein Kind isst zuhause. Am Nachmittag geht der Unterricht weiter, um viertel nach vier ist Schulschluss. Aber auch danach werden Kinder noch kostenlos betreut. Schule und Kinderbetreuung sind in Frankreich ein vom Staat organisierter Lebensraum, der den Eltern möglichst viele Aufgaben abnehmen will.

Stockende Karriere

In Deutschland ist Kindererziehung dagegen Privatsache. Christiane Wiethoff bekommt das zu spüren. Die Ärztin konnte in den letzten Jahren nie so viel arbeiten, wie sie eigentlich wollte. Der Grund: Keine Krippenplätze, Kinderfrauen, die unbezahlbar oder mit vier Kindern überfordert waren. Heute fehlen der 41-Jährigen praktische Berufsjahre, sie ist immer noch Assistenz-, keine Fachärztin.

Um ganztags arbeiten gehen zu können, müssen die Eltern - beide Ärzte an der Mainzer Uniklinik - die Betreuung ihrer vier Kinder in der zweiten Tageshälfte selbst organisieren. Vormittags gehen die Kleinen in den Kindergarten oder die Schule, doch nachmittags sind sie alle zu Hause.

Notlösung Aupair-Mädchen

Die Lösung der Eltern Wiethoff heißt Natascha, ist 19 Jahre alt und kommt aus der Ukraine. Das Aupair-Mädchen kann die Kinder beaufsichtigen, aber sie lernt gerade erst deutsch und kann zum Beispiel bei den Hausaufgaben nicht helfen.

Für Christiane Wiethoff ist deshalb an Feierabend nicht zu denken, wenn sie um 17 Uhr nach Hause kommt. Ein kurzer Kaffee, dann wird Sohn Aaron zur Musikschule gefahren und Tochter Josephine zum Turnunterricht. Taxi Mama vier Mal die Woche nach Dienstschluss - das schlaucht. « Es gibt schon Tage, wo ich mich frage, warum ich das eigentlich alles mache », sagt Christiane Wiethoff.

Infobox
Kinderbetreuung in Frankreich

Statt der deutschen Kindergärten gibt es in Frankreich Vorschulen, wo die Kinder von studierten Lehrerinnen betreut werden anstelle von Erzieherinnen. Die Betreuung ist kostenlos und dauert mitunter bis 18 Uhr. Fast jedes Kind zwischen zwei und sechs in Frankreich besucht eine Vorschule.
Die Schulen sind Ganztagseinrichtungen, wo die Kinder mindestens bis 16 Uhr betreut werden, oft aber auch noch länger.[/i]

Pour en savoir plus, voici le lien : zdf.de/ZDFde/inhalt/12/0,187 … 04,00.html


Si ce que vous venez de lire ne vous surprendra pas vraiment, vous Français et Françaises du forum, car ayant eu la chance de grandir en France, vous connaissez donc ce système de classes maternelles, de « nounous » et gardes d’enfants, et cela peut donc vous sembler « normal » si vous n’avez pas vécu autre chose.

Or il faut que vous sachiez que pour les Allemands ce système est quelque chose dont les gens rêveraient ici.

Ici, le quotidien de la plupart des parents ressemble à autre chose…

Voilà en substance, ce qu’explique Der Spiegel dans un de ses nombreux articles :

[i]Le premier enfant renvoit souvent les parents dans le conditions de vie de leurs propres parents, autrement dit : des décennies en arrière.

Le père travaille, la mère reste au foyer pour s’occuper des enfants.

Ce qui pour une grande part des Français apparaîtrait probablement comme une régression ou comme une atteinte aux avancées de l’émancipation féminine des années 60/70, est la réalité que vivent 95% des familles allemandes qui ont des enfants de moins de 6 ans.

Car, si les consciences ont bien changé depuis cette époque, la réalité elle n’a malheureusement pas bougé d’un pouce en Allemagne :

  • Plus de la moitié des mère allemandes restent au minimum 6 ans à la maison quand vient le premier enfant - alors que seules 6% le voudraient…

  • Plus de 60% des mères allemandes ne retourne plus jamais dans la vie professionnelle, même si elles en avaient l’intention quand le premier enfant est arrivé au monde.

  • 3 ans après la naissance du premier enfant, seules 20% des femmes travaillent de nouveau. Et l’immense majorité se contente de petits jobs, de mi-temps et autres « 400-Euro-Jobs ». Nul part en Europe (statistiquement parlant) il y a plus de femmes qui travaillent à temps partiel qu’en Allemagne.

Autrement dit, le quotidien des mères allemandes qui se croisent tous les jours sur les terrains de jeux de Münich à Berlin et de Cologne à Leipzig, ne se différencie pas de celui des générations d’après-guerre.

Les enfants sont assis dans des poucettes modernes et les mères ont des iPod accrochés au cou, c’est la raison pour laquelle cette ressemblance ne saute pas aux yeux. Mais avant que ces femmes se rendent jour après jour au jardin d’enfants, elles étaient professeur, consultantes, médecin, la plupart avaient fait des études supérieures, et gagnaient très bien leur vie. Et après quelques années de « Baby-Pause » la plupart d’entre-elles voulaient reprendre leur carrière. Voulaient-elles…

La conscience a bien évolué au cours des décennies, la réalité malheureusement pas.[/i]

Voilà ce que dit, en substance, l’article du Spiegel. Je vous recommande cependant de prendre le temps de lire l’article complet que vous pourrez trouver dans le Spiegel de cette semaine. Vous risquez d’être surpris…


Désolé d’avoir été si long, mais j’ai essayé de m’en tenir uniquement à deux sources recentes d’information, et de faire court. Mais le sujet est important, vous l’aurez compris.

Alors, pour entamer le dialogue sur le forum, je voudrais tout d’abord commencer en vous demandant si vous êtiez au courant de cette situation que vivent les mères et pères en Allemagne. Saviez-vous que contrairement à la France, concilier enfants et vie professionnelle est quasiment impossible en Allemagne et relève plutôt du miracle ?

Ensuite, si vous connaissiez ce problème de société, en avez-vous pris conscience à travers des amis, de la famille, des connaissances qui vivent en Allemagne ? ou à travers des Allemands que vous avez rencontré ?

Enfin, cela vous surprend-t-il ? Cela vous choque-t-il ? Et, de manière générale, qu’en pensez-vous ?

C’est en effet l’un des thèmes récurents des débats de société en Allemagne. Je me suis toujours demandé dans quelle mesure les politiciens allemands de l’époque Kohl ont systématiquement refusé de changer quoi que ce soit à la situation de la femme au foyer par calcul économique cynique.

Il est évident qu’aucun parti politique allemand (à part les deux plus à gauche) n’ont jamais mis aucune réforme de la scolarité et de la famille sur leur agenda, par peur du blocage fédéral, notamment les attaques systématiques de la Bavière et de la Saxe contre les socio-démocrates sous Schröder. Mais à l’époque de Kohl, il n’y avait pas ce blocage. J’ai beau n’avoir aucun doute sur le fait que Kohl and co veulent voir les femmes au foyer par idéologie, je ne peux m’empêcher de penser que les questions de gros sous y joue un rôle aussi.

Une femme au foyer, par définition, ne travaille pas. Elle n’a aucun revenu, ni d’un employeur ni de l’état. Une femme au foyer qui décide de travailler explose les budgets publics : explosion des coûts de garde des enfants et d’éducation précoce, explosion des coûts liés aux droits au chômage, explosion des coûts liés aux fonds de retraite, explosion des coûts liés au financement des aides sociales versées aux hommes chômeurs qui n’auront pas les emplois que ces femmes occuperont. C’est tout perdant pour le budget public, car même si une femme qui travaille génère des revenus fiscaux, elle ne rapporte pas plus qu’un homme qui travaille.

Dans une société où le nombre de places de travail est limité, il est illusoire de penser qu’ouvrir le monde du travail aux femmes se ferait uniquement en créant de nouveaux emplois que les hommes travaillant actuellement n’occupent pas déjà. Quand l’évolution se fait lentement et progressivement comme en France, les hommes et les femmes intrègrent le marché du travail sans trop de heurs car sur une longue période, dont une période de croissance lors de l’entrée des Françaises dans le monde du travail, l’économie absorbe l’augmentation du nombre d’actifs sans faire trop de victimes. Dans une Allemagne où la croissance des années 90 ne suffit pas à garder les Allemands et Allemandes de l’Est au travail, l’idée de mettre les femmes ouest-allemandes au travail est un cauchemard pour un politicien économiste.

Il n’en faut peut-être pas plus à un politicien conservateur pour surtout ne rien réformer, et pas plus non plus à un Schröder aux pieds d’argile pour se plier aux chantages de certains Länder conservateurs.

C’est vrai qu’on en a déjà un peu parlé, c’est sûr qu’en Allemagne c’est pas rose, par contre je trouve l’article de ZDF un peu trop idéaliste… Ce qu’ils disent sur la France est assez vrai mais très exagéré :

Oui, l’école est pour ainsi dire gratuite en France, et elle donne la possibilité d’y laisser les enfants quasiment toute la journée (accueil plus tôt le matin, cantine, étude). Mais ce n’est qu’une possibilité, et dire que tous les enfants mangent à la cantine le midi et restent à l’étude le soir, c’est faux ! La majorité mangent chez eux ou chez la nounou le midi, et le soir pareil. La France offre une possibilité de alltagsbetreuung, mais en réalité, si tous les enfants de France voulaient manger à la cantine et rester à l’étude le soir, je crois que le système serait vite débordé, car il n’est pas du tout prévu pour accueillir tous les enfants.

Et même si moins qu’en Allemagne, en France aussi il manque énormément de places de crèches (en fait, c’est plutôt un miracle quand on en a une !), en France aussi les nounous sont surbookées et hors de prix.

Ah et aussi : en France aussi ça existe les mères à temps partiel :wink:

J’ai en effet pu le remarquer dans ma famille et proches qui ont épousé un(e) Allemande/Allemand et vivent en Allemagne, ils sont en effet dans le système « mère au foyer-papa au travail qui ramène l’argent » très traditionaliste, et ça ne semble pas choquer plus que ça. Il est vrai que la mentalité reste surtout dans le Sud/Sud-ouest de l’Allemagne (notamment à majorité Catholique) :« Kinder-Küche-Kirche », avec une CDU-CSU bien ancrée au pouvoir dans les Länder s’accordant bien avec cette logique…

Et après on s’étonne que les Allemandes ne font plus assez d’enfants pour garder leur situation professionnelle, que les couples sans enfants se multiplient, et qu’au bout le pays se retrouve avec un solde naturel négatif de 140 000 décès de plus que les naissances…quel avenir pour un pays!

En tant que français, j’en suis étonné et il reste encore à faire pour le droit des femmes côté allemand pour leur permettre de mener de frond leur vie professionnelle et familliale comme une majorité de françaises le font déjà.
C’est un très bon exemple des différences entre pays européens et voisins. L’Europe peut justement aider à échanger, prendre des idées de politiques au voisin, sans faire de copier-coller mais en l’adaptant à son pays. Il faudrait également qu’ils regardent vers le système avantageux mis en place dans les pays nordiques, très en avance dans ce domaine.

La solution n’est donc certainement pas d’augmenter les allocations familliales aux mamans mais plutôt de développer des réseaux de crèches, prévoir un scolarité dès 3-4ans, voir mettre fin au système scolaire d’après-midi « libres »…

Alors, oui, il est vrai que certains responsables politiques allemands ont utilisé cet argument soi-disant économique.

Ceci dit, si tu n’y vois pas d’inconvénients, Elie, je voudrais simplement rappeler (je ne sais pas si tu as fais des études d’économie) qu’il existe également un argumentaire économique qui prouverait le contraire de la théorie exposée brièvement ci-dessus.

Par conséquent, ces arguments soi-disant économiques sont, me semble-t-il, une façon un peu facile d’expliquer la réticence de certains responsables politiques allemands.

En effet, certains passages de l’article relatif au reportage sur la chaine ZDF sont un peu exagérés. Tu as raison de le préciser.

Il est vrai que la situation en France n’est pas aussi idyllique que ça.

Ceci étant, il ne faut pas oublier que contrairement à la France, les enfants mis en crèches ou à l’école maternelle sont une exception en Allemagne :
Simplement pour vous rappeler les chiffres : en France près de 36% des enfants de 2 ans, 96,2% des enfants de 3 ans, et près de 100% des enfants de 4 à 5 ans sont en écoles maternelles (ces chiffres sont tout ce qu’il y a de plus officiels - je les ai tiré d’un rapport du Ministère de l’éducation française datant de 1998).

Or, en Allemagne, c’est quasiment l’inverse : en l’occurence, jusqu’à l’entrée en Grundschule (équivalent de l’école primaire française), près de trois quart des enfants allemands de moins de 5 à 6 ans ne sont pas placés en « Vorschule » (école maternelle), ni en crèches, ni en gardes d’enfants,… et sont donc à la charge du matin au soir de leurs parents.

Il faut donc bien remettre les choses dans leur contexte pour savoir ce que l’on compare.

Il y a donc bien une différence fondamentale sur les habitudes en France et en Allemagne : en France, la règle est de placer la majorité des enfants en maternelle ; en Allemagne, la règle est de ne pas les envoyer à l’école avant l’âge de 6 ans (entrée obligatoire en Grundschule).

Très bon résumé !
Bravo Franck. :clap:

C’est en effet ce genre de concepts et de proposition qui sont en discussion en ce moment : le Gouvernement veut modifier les conditions d’attributions des allocations familiales (pour pousser les pères à faire une pause et à s’occuper du nouveau né), mais de l’autre côté personne du cabinet de Merkel n’ose pour le moment s’attaquer au problème des crèches, des places en KiGa, etc car c’est un sujet très « délicat » vu que cela coûterait très cher, or l’Etat allemand ferme les robinets un peu partout, même là où c’est absurde, et également parce que la majorité des Träger des KiGa sont les églises et que ce rapprochement église-Etat, notamment à travers Ursula von der Leyen, provoque de vives réactions en ce moment.
Seule « avancée » au tableau : les Ganztagsschulen commencent enfin à être acceptées par une majorité d’Allemands. Il était grand temps !

J’ai dit une bétise ce matin :

Après vérification sur le site du Statistisches Bundesamt (destatis.de), donc l’équivalent de votre INSEE en France, c’est encore pire que ce que je pensais…

Je me souvenais avoir lu quelque part que c’était moins de 1/4 des enfants de moins de 5/6 ans qui étaient placés en Vorschulen (= Vorklassen ou Schulkindergarten = équivalent des maternelles françaises), et que donc plus des 3 quarts ne rentraient pas à l’école avant la Grundschule (école primaire).

Or le chiffre officiel est bien pire que mes souvenirs :

Seuls 1,5% des enfants allemands vont en « maternelle » (ce qu’on appelle ici des « Vorschulen », autrement dit des « Vorklassen » ou des « Schulkindergarten »).

:astonished:

C’est stupéfiant. Comme on dit ici, das hat mir die Sprache zerschlagen.

Je ne suis pas économiste. Ceci dit, pour qu’à terme, il y ait plus de gens au travail sans augmenter le chômage, il faut des créations d’emploi. Le sexe des nouveau employé(e)s ne change rien à l’affaire.

Quant à savoir si l’Allemagne aurait pu créer des emplois dans les années 70-80… je n’en sais rien.

Bien entendu que cela ne change rien. Cela va de soi je crois.

Quant au sujet de la création d’emploi, il semblerait (du moins si l’on peut accorder du crédit aux études démographiques et sociologiques) que le « choc démographique » prévu dans la plupart de nos pays (« choc démographique » au sens de : départ des Babyboomers en retraite), que ce choc démo. pourrait se révéler bien plus intense en Allemagne qu’en France par exemple.

Or, on sait déjà que lors du départ en retraite des Babyboomers, au fur et à mesure des années à venir, on va se trouver devant un casse-tête : nous allons manquer de main d’oeuvre (de nombreux emplois ne pourront plus être pourvus, manque de « remplacants », etc).

Donc, il me semble que la création d’emploi est pour certains responsables politiques un sujet uniquement de « marketing de campagne » et non un véritable sujet d’inquiétude, vu que nous aurons un « solde négatif », si je puis dire, et que nous manquerons de personnel lorsque les Babyboomers commenceront à partir en retraite.

Du moins, j’ai parfois l’impression que certains responsables politiques allemands taisent leurs véritables intentions en se rassurant qu’ils n’auront pas besoin de créer tant d’emplois que cela à l’horizon 2010 et plus tard…

Encore pire est le fait
que les femmes qui ont trouvé un emploi après une formation longue et coûteuse
se décident à ne pas avoir de bébés parce que la profession et la famille sont faisables à peine à nos conditions de garde d’enfant .

Les hommes politiques avec l’image de famille conservative ne se sont pas attendus à ça.

Mais d’un autre côté, même si plus de couples auraient des bébés, nos problèmes avec les retraites ne seraient pas résolus. Car il n’y a plus aucun poste de travail pour ces enfants en Allemagne dans 20 ans non plus.

J’ai lu hier soir dans le Spiegel un autre chiffre : « Krippenplätze gibt es gerade mal für 2,4 Prozent der unter Dreijährigen. » = en Allemagne, il y a des places de crèches pour 2,4% des enfants de moins de 3 ans.

Ce deuxième chiffre montre -une fois de plus- qu’il y a un vrai problème de places pour les petits enfants en Allemagne.

Absolument. Beaucoup de couples allemands sont obligés de choisir entre enfants et vie professionnelle, vu que les deux ne sont pas conciliables (ou très difficilement). Et que se passe-t-il le plus souvent ? Eh bien, le plus souvent c’est la femme qui sacrifie sa carrière professionnelle.

Il y a divers explications possibles à ce phénomène.

La première explication est bien entendu le manque de places de crèches, le manque de maternelles (KiGa), etc. C’est évident que c’est seulement si les parents ont la possibilité de choisir entre 1. mettre leurs enfants chez une « nounou »/crèche/maternelle et 2. garder les enfants à la maison jusqu’à l’âge de 6 ans, c’est seulement si ce choix existe que les couples peuvent décider si la mère (ou le père) peut continuer à travailler ou doit se sacrifier. Or, ce choix n’existe tout simplement pas. Il n’y a tout simplement pas cette alternative. En Allemagne, avoir des enfants = sacrifier la carrière du mari ou de la femme.

La deuxième explication est que l’Etat allemand a poussé les femmes à rester à la maison avec des mesures telles que : Kindergeld, Ehegattensplitting et Erziehungsurlaub. Ces mesures d’aide n’étant intéressantes que si la femme reste à la maison pour s’occuper des enfants.

La troisième explication est que le système d’imposition allemand est concu de manière à pénaliser le deuxième salaire. En effet, en Allemagne, quand les deux touchent un salaire, il faut choisir qui des deux bénéficiera de la meilleure classe d’impôts. L’autre sera automatiquement mis dans la plus mauvaise des classes d’impôts. Ce système est peut-être bien en apparence, car les couples ont le droit de choisir qui des deux paiera le moins d’impôts, mais le problème c’est que l’autre paiera tellement d’impôts qu’il ne restera quasiment plus rien du deuxième salaire.
Or, la plus souvent les Allemands choisissent de mettre l’homme dans la classe d’impôts la moins imposée, car il gagne souvent plus. Résultat : la femme, qui se retrouve avec la classe d’impôt la plus élevée, ne touche quasiment plus rien en net à la fin du mois.

La quatrième explication est qu’à l’inverse de pays comme la France, en Allemagne c’est très difficile de réussir à faire déduire de ses impôts le coût de Kinderbetreuer ou Haushaltshilfen, des « nounous » ou des aides à domicile. Alors qu’en France, c’est beaucoup mieux fait.
D’ailleurs, le Gouvernement Merkel vient de changer la loi à ce sujet pour permettre qu’on puisse plus facilement déduire les frais de garde. C’est assez fou quand on sait que dans d’autres pays, cela fait plus de 20 ans qu’on peut déduire ce genre de coût ! Donc, en Allemagne, on est vraiment en retard !

Au fait, je voulais te demander de préciser : les Vorschule, ça n’inclut pas les KiGa, c’est ça ? Ou c’est la même chose ?

==> donc, la femme n’a plus intérêt à travailler, c’est ça ?

Pour vous montrer de façon concrète l’énorme différence F/All : Concernant par exemple les allocations de garde d’enfants :

  • En France, il en existe quatre :
  1. L’allocation de garde d’enfant à domicile (AGED), versée pour la garde à domicile d’un enfant de moins de 6 ans et dont le montant varie entre un maximum de 1.548 euros et un minimum de 516 euros par trimestre (en fonction de l’âge de l’enfant et des ressources du ménage).
  2. L’aide à la famille pour l’emploi d’une assistante maternelle agréé (AFEAMA), si l’enfant a moins de 6 ans, avec en plus prise en charge de l’intégralité des charges sociales (dans la limite d’un plafond).
  3. La majoration de l’AFEAMA (en fonction de l’âge de l’enfant et des ressources du ménage) : Pour la garde d’un enfant de moins de 3 ans c’est maximum 204 euros et minimum 133 euros. Et pour la garde d’un enfant de plus de 3 ans et de moins de 6 ans, c’est max. 102 euros et minimum 67 euros.
  4. L’allocation de présence parentale (APP), versée au parent d’un enfant atteint d’une maladie grave qui suspend ou réduit son activité, et dont le montant varie en fonction de l’activité restante (813 euros, 406 euros ou 247 euros). Et en plus : majoration pour la personne assumant seule la garde de l’enfant.
  • En Allemagne, c’est très simple : aucune allocation spécifique pour la garde des enfants.

Ca montre bien la différence…

« Vorschulen » = « Vorklassen » et « Schulkindergarten ».

Cela arrive très souvent, oui.

Disons que quand arrive le premier enfant, les gens ont vite fait de décider que la femme arrête de travailler puisque de toute façon elle était déjà tellement imposée dans la tranche d’impôts la plus élevée que ça ne vaut pas le coup qu’elle continue…

Si tu veux, en-dehors du fait que si la femme veut continuer à travailler ça risque d’être très dur à concilier vu la manque de places, de gardes,… en-dehors de ça, souvent les couples décident très rapidement que la femme abandonnera son boulot puisqu’il ne lui reste de toute façon pas grand chose en net à la fin du mois… donc autant laisser tomber le boulot.

C’est malheureux à dire, mais c’est ainsi.

Un autre élément d’explication (qui joue un rôle important) et dont j’ai oublié de parler, c’est que :

En Allemagne les jardins d’enfants (KiGa) ne font pas partie du système scolaire public (ils sont gérés -en grande majorité- par les églises) et ils ne sont pas gratuits : c’est à 100% à la charge financière des parents (aucune allocation, etc).

Et une place en « KiGa » coûte très cher… faut compter entre 100 et 200 euros (selon l’endroit où l’on habite) par mois et par enfant.

Donc, les parents qui n’ont pas beaucoup d’argent ne peuvent pas se permettre de mettre leurs enfants en KiGa. Sans oublier que les places sont rares (cf. ci-dessus)…

Ceci est un autre élément d’explication. Mais il en existe encore plein d’autres, car je n’ai fait que recenser les 5 ou 6 éléments d’explication les plus connus, mais il faudrait aussi parler du blocage dans les mentalités allemandes, de la tradition du modèle patriarcal qui existe toujours encore dans la mojorité des familles allemandes, et puis sans oublier les blocages tant du côté des hommes que des femmes…

Bref, vous l’aurez compris, comme le résume très bien le Spiegel, mais aussi Die Zeit dans un autre dossier très récent, en Allemagne nous avons loupé l’émancipation et nous en sommes restés à ces vieux concepts complètement dépassés de vie familiale. Voilà pourquoi il est si difficile maintenant de rattraper ce retard de plus de 20 ou 30 ans par rapport à d’autres pays comme la France.

Merci Brett pour la précision.

En fait, je tiens à dire que c’est courant en France aussi que ça ne vaille plus le coup (financièrement) de bosser avec des enfants, mais en France, c’est à partir de deux ou trois enfants, alors que si je comprends bien, en Allemagne, c’est dès le tout premier !

Ma soeur (3 enfants) a été en congé parental pendant trois ans après la naissance du dernier (tiens, voilà encore un truc qui je suppose n’existe pas en Allemagne) et elle a repris le boulot cette année. Le congé parental était intéressant parce qu’il y a une rémunération et que payer des nounous pour trois enfants, aïe aïe aïe. Mais maintenant qu’au bout de trois ans les aides s’arrêtent et que tous les trois enfants sont scolarisés, alors là, ça vaut moins le coup de rester à la maison et il vaut mieux reprendre son travail. Mais il est clair que si les enfants n’étaient pas scolarisés (ou scolarisés que jusqu’à 13 comme en Allemagne), la question serait tout autre.

En fait, on voit donc que le problème se pose pour les femmes françaises qui ont au moins deux enfants et ce, jusqu’à ce que le benjamin ait environ trois ans. Après ça, les femmes peuvent relativement facilement reprendre une activité professionnelle normale. Alors qu’en Allemagne, il n’y a pas de point où on peut se dire ouf ! Sauf quand les enfants sont vraiment grands, genre 16 ans, et qu’ils se débrouillent tous seuls après l’école.

Et bien sûr, je n’ai pas parlé de l’envie de travailler : en France, il arrive que le rapport financier soit kif-kif avec ou sans travail, mais bien souvent les femmes ne veulent pas rester chez elles parce qu’elles ont peur de déprimer. Les Allemandes n’ont-elles pas de problème avec ça ?

De rien !

Et tu as très bien relevé un autre problème avec les enfants en âge d’aller à l’école : comme il n’y a souvent pas de cours l’après-midi, tant que les enfants ne sont pas assez grands et autonomes, la situation n’est pas facile… tu as raison.

D’ailleurs, à ce propos, il existe une expression allemande (je ne sais pas si tu la connais) pour parler des enfants qui rentrent tous seuls chez eux, à la maison, après l’école : on appelle ça les « Schlüsselkinder » = ce sont les enfants qui ont une clef de la maison et qui rentre par leurs propres moyens (bus, train, à pied) à la maison après l’école.

Cette expression peut étonner, mais il faut savoir qu’il y a beaucoup d’enfants qui rentrent tous seuls après l’école. Et même dès la primaire/Grundschule ! C’est un phénomène très répandu en Allemagne. Surtout à partir de la Grundschule, donc l’âge où la maman peut recommencer à travailler (comme à cet âge-là la scolarité devient obligatoire).

Résultat : on voit plein d’enfants, même des tous petits, rentrer tous les jours tous seuls chez eux…

D’ailleurs, tu sais, la plupart des enfants ne se font pas chercher par leurs parents à la sortie de l’école. Logique : les horaires de l’école ne sont pas conciliables avec les hohaires de travail des parents. C’est logique en fait.

C’est pour ça que cette expression de « Schlüsselkind » est si répandue en Allemagne.

Je suppose que c’est aussi le cas des mères allemandes, car il faut bien avouer que pour une mère qui décide de briser ses envies de vie professionnelle car elle est obligé de rester à la maison pour garder ses enfants, c’est sûr que psychologiquement parlant c’est pas facile du tout ! Surtout que les mères allemandes ne sont pas aussi actives dans les associations et autres activités qui réunissent des parents, que par exemple les mamans françaises. J’ai toujours été positivement surpris quand je voyais le nombre de mamans en France qui font plein de trucs, et ne restent pas chez elles, qui s’impliquent dans des associations de parents d’élèves, qui organisent des sorties en groupe pour enfants,… tout ce tissu associatif qui marche tellement bien en France.
Alors que quand je regardais autour de moi en Allemagne, je ne voyais pas beaucoup de mamans qui faisaient ce genre de choses. La plupart avaient la chance d’avoir la grand-mère, donc un soutient, pour les aider quand elle voulait faire garder les enfants pour pouvoir aller faire les courses par exemple. Mais des activités de parents d’élèves, pas trop. Malheureusement.
En fait, les habitudes F/All sont très différentes à ce niveau-là aussi.

Excuses-moi, en relisant je viens de voir que j’avais oublié de répondre à ton interrogation. :blush:

Oui, c’est exact. Dès le premier enfant.