Histoire de vous informer de ce qui se passe en Allemagne, je voudrais vous sensibiliser à travers ce « topic » à un problème que la France a la chance de ne pas connaître alors qu’ici, en Allemagne, c’est devenu un véritable problème de société.
Et ce genre de réalités sont malheureusement trop souvent méconnues de la plupart des Français(es) et la presse française n’en parle quasiment jamais.
Alors de quoi s’agit-il ? Il s’agit de la question à laquelle quasiment tous les couples sont confrontés tôt ou tard : comment concilier vie de famille et vie professionnelle lorsqu’on décide d’avoir un ou des enfants.
Si c’est bien connu que malheureusement en Allemagne il est quasiment impossible de concilier enfants et vie professionnelle, contrairement à d’autres pays comme la France, ce problème est devenu crucial (notamment en raison de la chute vertigineuse des naissances en Allemagne) et l’opinion publique, mais également les responsables politiques ainsi que la presse et les médias télévisés commencent -enfin !- à s’y intéresser sérieusement. De plus en plus d’articles de journaux et de dossiers de presse sont consacrés à ce problème. De même, les reportages télé se font, eux aussi, de plus en plus nombreux.
Ainsi, par exemple, le Spiegel consacre un article dans son édition de cette semaine (« Die Frauen-Falle »), la chaine tv ZDF a consacré un reportage supplémentaire mercredi soir (« Kinder, Küche und Karriere - Das Leben berufstätiger Eltern »), et la plupart des médias et de la presse allemande consacrent des pages entières, et ce, très régulièrement, à ce thème.
A tel point que depuis plusieurs mois, il ne se passe plus une semaine sans que ce thème ne soit abordé en Allemagne.
Et grace à cet éveil des esprits, et la plupart des Allemands voyant comment cela se passe par exemple en France où les mères arrivent facilement à concilier enfants et carrière, la société allemande se met de plus en plus à rêver du « modèle français » en la matière.
Pour vous donner quelques informations que vous pourrez lire sur votre ordinateur, et pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion, je voudrais vous soumettre deux sources documentaires car elles sont récentes (même si vous vous en doutez peut-être, les dossiers, articles, études,… publiés à ce sujet pullulent et il serait impossible de les donner tous - sans parler des centaines de bouquins consacrés à ce sujet).
Tout d’abord, un petit extrait (et résumé) du reportage sur ZDF (en allemand, pour vous faire travailler un ch’tit peu votre allemand ) :
[i]Morgens um halb acht verlässt die ganze Familie das Haus. Der Vater bringt die beiden Jüngsten in die Krippe, bevor er zu seinem Job in einer Marketingabteilung fährt. Auch Martine hat einen Ganztagsjob, sie arbeitet in einer Vorschule. Ein schlechtes Gewissen, weil sie trotz der Kinder arbeiten geht - das kennt sie nicht: « Auf der Fahrt denke ich noch an meine Kinder, aber dann überhaupt nicht mehr. Dann denke ich nur noch an meine Arbeit. »
Keine Vorbehalte
Martine Allehaut hatte immer einen sicheren Betreuungsplatz für ihre Kinder, egal, wie alt sie waren. Das Schimpfwort Rabenmutter kennt man in Frankreich nicht, und Martine hat keine Vorbehalte gegen die Betreuung durch Fremde: « Meine Kinder sind in den Kindereinrichtungen glücklich. »
Auch für die ganztägige Betreuung der Schulkinder sorgt in Frankreich der Staat. Mathilde, das Grundschulkind der Allehauts, isst Mittags in der Schulkantine - zusammen mit 3.000 anderen Kindern. Keine französische Mutter kocht mittags, kein Kind isst zuhause. Am Nachmittag geht der Unterricht weiter, um viertel nach vier ist Schulschluss. Aber auch danach werden Kinder noch kostenlos betreut. Schule und Kinderbetreuung sind in Frankreich ein vom Staat organisierter Lebensraum, der den Eltern möglichst viele Aufgaben abnehmen will.
Stockende Karriere
In Deutschland ist Kindererziehung dagegen Privatsache. Christiane Wiethoff bekommt das zu spüren. Die Ärztin konnte in den letzten Jahren nie so viel arbeiten, wie sie eigentlich wollte. Der Grund: Keine Krippenplätze, Kinderfrauen, die unbezahlbar oder mit vier Kindern überfordert waren. Heute fehlen der 41-Jährigen praktische Berufsjahre, sie ist immer noch Assistenz-, keine Fachärztin.
Um ganztags arbeiten gehen zu können, müssen die Eltern - beide Ärzte an der Mainzer Uniklinik - die Betreuung ihrer vier Kinder in der zweiten Tageshälfte selbst organisieren. Vormittags gehen die Kleinen in den Kindergarten oder die Schule, doch nachmittags sind sie alle zu Hause.
Notlösung Aupair-Mädchen
Die Lösung der Eltern Wiethoff heißt Natascha, ist 19 Jahre alt und kommt aus der Ukraine. Das Aupair-Mädchen kann die Kinder beaufsichtigen, aber sie lernt gerade erst deutsch und kann zum Beispiel bei den Hausaufgaben nicht helfen.
Für Christiane Wiethoff ist deshalb an Feierabend nicht zu denken, wenn sie um 17 Uhr nach Hause kommt. Ein kurzer Kaffee, dann wird Sohn Aaron zur Musikschule gefahren und Tochter Josephine zum Turnunterricht. Taxi Mama vier Mal die Woche nach Dienstschluss - das schlaucht. « Es gibt schon Tage, wo ich mich frage, warum ich das eigentlich alles mache », sagt Christiane Wiethoff.
Infobox
Kinderbetreuung in Frankreich
Statt der deutschen Kindergärten gibt es in Frankreich Vorschulen, wo die Kinder von studierten Lehrerinnen betreut werden anstelle von Erzieherinnen. Die Betreuung ist kostenlos und dauert mitunter bis 18 Uhr. Fast jedes Kind zwischen zwei und sechs in Frankreich besucht eine Vorschule.
Die Schulen sind Ganztagseinrichtungen, wo die Kinder mindestens bis 16 Uhr betreut werden, oft aber auch noch länger.[/i]
Pour en savoir plus, voici le lien : zdf.de/ZDFde/inhalt/12/0,187 … 04,00.html
Si ce que vous venez de lire ne vous surprendra pas vraiment, vous Français et Françaises du forum, car ayant eu la chance de grandir en France, vous connaissez donc ce système de classes maternelles, de « nounous » et gardes d’enfants, et cela peut donc vous sembler « normal » si vous n’avez pas vécu autre chose.
Or il faut que vous sachiez que pour les Allemands ce système est quelque chose dont les gens rêveraient ici.
Ici, le quotidien de la plupart des parents ressemble à autre chose…
Voilà en substance, ce qu’explique Der Spiegel dans un de ses nombreux articles :
[i]Le premier enfant renvoit souvent les parents dans le conditions de vie de leurs propres parents, autrement dit : des décennies en arrière.
Le père travaille, la mère reste au foyer pour s’occuper des enfants.
Ce qui pour une grande part des Français apparaîtrait probablement comme une régression ou comme une atteinte aux avancées de l’émancipation féminine des années 60/70, est la réalité que vivent 95% des familles allemandes qui ont des enfants de moins de 6 ans.
Car, si les consciences ont bien changé depuis cette époque, la réalité elle n’a malheureusement pas bougé d’un pouce en Allemagne :
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Plus de la moitié des mère allemandes restent au minimum 6 ans à la maison quand vient le premier enfant - alors que seules 6% le voudraient…
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Plus de 60% des mères allemandes ne retourne plus jamais dans la vie professionnelle, même si elles en avaient l’intention quand le premier enfant est arrivé au monde.
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3 ans après la naissance du premier enfant, seules 20% des femmes travaillent de nouveau. Et l’immense majorité se contente de petits jobs, de mi-temps et autres « 400-Euro-Jobs ». Nul part en Europe (statistiquement parlant) il y a plus de femmes qui travaillent à temps partiel qu’en Allemagne.
Autrement dit, le quotidien des mères allemandes qui se croisent tous les jours sur les terrains de jeux de Münich à Berlin et de Cologne à Leipzig, ne se différencie pas de celui des générations d’après-guerre.
Les enfants sont assis dans des poucettes modernes et les mères ont des iPod accrochés au cou, c’est la raison pour laquelle cette ressemblance ne saute pas aux yeux. Mais avant que ces femmes se rendent jour après jour au jardin d’enfants, elles étaient professeur, consultantes, médecin, la plupart avaient fait des études supérieures, et gagnaient très bien leur vie. Et après quelques années de « Baby-Pause » la plupart d’entre-elles voulaient reprendre leur carrière. Voulaient-elles…
La conscience a bien évolué au cours des décennies, la réalité malheureusement pas.[/i]
Voilà ce que dit, en substance, l’article du Spiegel. Je vous recommande cependant de prendre le temps de lire l’article complet que vous pourrez trouver dans le Spiegel de cette semaine. Vous risquez d’être surpris…
Désolé d’avoir été si long, mais j’ai essayé de m’en tenir uniquement à deux sources recentes d’information, et de faire court. Mais le sujet est important, vous l’aurez compris.
Alors, pour entamer le dialogue sur le forum, je voudrais tout d’abord commencer en vous demandant si vous êtiez au courant de cette situation que vivent les mères et pères en Allemagne. Saviez-vous que contrairement à la France, concilier enfants et vie professionnelle est quasiment impossible en Allemagne et relève plutôt du miracle ?
Ensuite, si vous connaissiez ce problème de société, en avez-vous pris conscience à travers des amis, de la famille, des connaissances qui vivent en Allemagne ? ou à travers des Allemands que vous avez rencontré ?
Enfin, cela vous surprend-t-il ? Cela vous choque-t-il ? Et, de manière générale, qu’en pensez-vous ?