Je l’ai déjà dit, je suis étudiante en licence d’allemand, et je me pose des questions disons sur ma future carrière professionnelle
J’aurais aimé connaître un peu vos parcours universitaires et professionnels, surtout si l’allemand est votre outil de travail, si vous travaillez en Allemagne, ou dans le domaine de la traduction/culture.
Cela serait intéressant pour me donner des pistes, et aussi parce que parfois le travail que l’on fait n’était pas forcément celui auquel nos études nous « destinaient », et que l’on sort des sentiers battus.
Oh oh, une question pour moi. OUI aux trois points que tu soulèves, mais j’ai un parcours atypique, parce que j’ai une licence LLCE d’anglais et pas d’allemand.
J’ai enchaîné avec un master de traduction et je suis traductrice. Ça par contre, c’est plutôt logique.
Quand tu t’es inscrite en licence, tu avais quoi en tête ?
Si je comprends bien, tu ne traduis qu’à partir et vers l’anglais ? L’allemand, tu ne l’utilises pas ?
En fait, j’ai commencé par faire LEA Anglais-allemand, parce que tout le monde me disait qu’avec LLCE, j’allais finir prof, etc. Je n’ai rien contre les profs, mais ce n’est pas ce que je veux faire. J’aimerais travailler dans le domaine de la traduction et/ou de la culture.
Mais, je n’ai vraiment pas aimé la LEA étant donné que je déteste l’économie et le droit. J’ai donc décidé de me réorienter en licence franco-allemande… Mais je dois dire que je crains de beaucoup oublier l’anglais, du coup. Et ca m’embête parce que j’ai un bon niveau
Je dirais que la licence franco-allemande est entre la LLCE classique et la LEA. En fait, c’est une LLCE avec des matières en plus. Le but de cette licence serait de travailler dans les relations franco-allemandes, il y a donc de la littérature, de l’histoire, un peu d’économie (théorique, je dirais, pas comme en LEA), et d’autres matières pour comprendre les différences et similitudes entre les deux pays.
Si je comprends bien, tu ne traduis qu’à partir de et vers l’anglais ? L’allemand, tu ne l’utilises pas ?
En master, j’avais choisi l’anglais et l’allemand. Aujourd’hui, je traduis depuis les deux langues en théorie. En pratique, c’est l’allemand qui domine.
Je traduis uniquement vers le français, ma langue maternelle.
Je ne fais pas de littéraire, ni de juridique, L’économique, ça dépend ce que l’on entend par là. La compta et la finance, je n’en fais pas non plus. J’en ai fait pendant mon master, ça m’a vaccinée.
Je traduis entre autres du technique, de la communication, du marketing, du rédactionnel, etc. au service des entreprises.
désolée… Je m’incruste un peu dans la conversation pour une petite question :
ce n’est pas toujours le cas Schokolena ??? Je croyais qu’un traducteur traduisait TOUJOURS d’une langue
étrangère, vers sa langue maternelle, et jamais l’inverse (ou jamais de l’anglais vers l’allemand si on est français par exemple)
Tu as entièrement raison, ça devrait se passer ainsi. D’ailleurs, la Société Française des Traducteurs le recommande. Mais bon, dans la pratique, on voit de drôles de choses…
OK. Mais, du coup, qu’est-ce qu’il y a comme matière en master de traduction ? Parce que pour former à des domaines aussi variés, il doit y avoir des cours de compta, marketing, etc. Non ?
Où as-tu fait ton master de traduction ?
Est-ce que le fait d’avoir fait une LLCE Anglais ne t’a pas trop pénalisée par rapport à l’allemand en master ?
[Désolée de te bombarder de questions, mais ça m’intrigue ]
Il y a un nombre incalculable de masters partout en France, après y en a des bons et des moins bons. Il faut bien regarder le programme, qui enseigne, s’il y a des stages prévus, etc. Tu trouveras des masters spécialisés en traduction technique (Strasbourg, Mulhouse, Rennes…), traduction littéraire (Strasbourg), traduction juridique (Paris notamment), traduction médicale (Lyon), traduction audio-visuelle (Strasbourg, Toulouse), etc. Sans oublier LA référence : l’ESIT à Paris (perso, je pense que sa réputation est sans doute surfaite). Et je suppose que ça a encore changé depuis la dernière fois que je me suis intéressée à la question.
À noter un master parisien qui propose l’alternance. Je pense que ça peut être une excellente formule.
Oui, il y avait des cours de traduction spécialisée (technique, juridique, médical, financier, aéronautique dans mon cas) + des cours de comptabilité en français pour tout le monde pour pouvoir tenir sa compta le jour où on serait indépendant.
A l’ITI-RI de Strasbourg.
Pas du tout, mais je suis partie vivre en Allemagne tout de suite après le bac et j’ai fait ma licence par correspondance, donc c’est un peu de la triche.
Toulouse propose un master de traduction audio-visuelle? N’est-ce pas Nice?
J’avais songé à le faire, mais le cours des choses en a décidé autrement. Et Strasbourg le propose certes, mais contre une somme à 4 chiffres par an
Pour ma part, licence d’allemand effectuée à moitié en Allemagne, et master allemand langue étrangère et langue seconde en Allemagne. J’avais perdu foi en la traduction (et mon stage m’a enlevé tout espoir de pouvoir m’y lancer un jour) donc j’ai choisi de faire prof à la place. Je suis complètement paumée, beaucoup de plans ont changé à vrai dire.
Ma liste ne donne que quelques exemples de tête, c’est fort possible que Nice propose aussi un master de TAV. Après, je recommanderais pas forcément de se lancer dans cette branche où les conditions de travail se dégradent à vitesse grand V aux dires de certains collègues.
J’ai trouvé toute une liste ici d’écoles de traduction. Il y a de quoi faire.
Si c’est pas indiscret, pourquoi as-tu lâché l’affaire ?
Tu as dû passer par le Lehramt ou bien on peut faire un Referendariat juste après un master ? Comment tu te débrouilles pour la deuxième matière ? Et d’ailleurs, même pour la première… tu n’es quand même pas prof d’allemand en Allemagne, si ?
Je ne suis pas passée par le Lehramt, et je n’ai pas de seconde matière non plus, d’ailleurs je ne pourrai pas faire prof dans une école. Mon master me permet de devenir professeur d’allemand dans une école de langue par exemple, et ce dans le monde entier, mais pas dans une école allemande. Et jamais mon niveau d’allemand me permettrait de devenir prof d’allemand en Allemagne L’autre débouché est professeur pour les Integrationskurse, certes passionnant mais très très mal payé…
SchokoLena, disons que je dois faire pas mal de traductions pour mon stage actuellement, et apparemment je ne suis pas très douée… et c’est un domaine sûrement bouché. Ici il y a beaucoup de traducteurs au Parlement Européen, ça fait rêver, mais ça doit être tellement dur.
Et pourquoi est-ce que le milieu de la TAV se dégrade ainsi?
Les raisons sont multiples, mais déjà il y a une concurrence féroce entre traducteurs, ce qui tire les prix vers le bas. Les distributeurs sont apparemment de moins en moins prêts à payer un prix honnête pour des sous-titres de qualité. Il faut que tout aille toujours plus vite pour toujours moins cher. Je crois aussi que le fansubbing fait des ravages en la matière. Ben oui, si n’importe quel lycéen peut sous-titrer une série en 24h pour peanuts, pourquoi payer un pro au tarif pro en lui laissant un délai confortable ? ironie
L’Association des Traducteurs et Adaptateurs de l’Audiovisuel dresse un constat assez pessimiste de la situation.