Je pense que c’est une manière relativement courante de dire l’heure,mais assez peu souvent enseignée (bien que parfois mentionnée dans des manuels d’Allemand);on a déjà assez de mal à faire comprendre en tant que profs aux élèves le système des xxx heures et demie,alors quand il faut compter en minutes vor ou bien nach la demie!!!..
Je dis couramment « fünf vor halb » et « fünf nach halb ». Dans les années 70, quand j’étais étudiant à Vienne, les cinémas affichaient leurs horaires par exemple 1/4 9, 1/2 6, 3/4 8 (la vieille habitude austro-hongroise, comme à Budapest). Mais j’ai entendu aussi le dire à Berlin. Donc il semble que cette façon de dire l’heure soit usuelle dans toute l’aire germanophone.
Le système dreiviertelvier n’est pas général mais très étendu. Il est inconnu dans le nord et le nordouest, je ne pense pas que l’ouest le long du Rhin l’utilise couramment. Il n’est pas utilisé en Suisse selon mon expérience.
Pour 25 et -25, le système fünf nach/vor halb est général. Il serait étonnant d’entendre fünfundzwanzig.
ça prete d’ailleurs à la confusion entre les deux cotés du rhin (nord-sud): quand mes amis sud-allemands sortent leur 3/4 12 il faut toujours que j’reflechisse: est-ce 11.45 ou 12.45?
Chez nous c’est viertel nach, zwanzig nach, fünf vor halb, fünf nach halb, zwanzig vor, viertel vor, zehn vor…
En fait, le système dreiviertelzwei a deux zones principales : la Souabe et la Saxe. Elles sont reliées en elles par un couloir très large avec des trous. Je l’ai entendu en Hesse, en Thuringe, mais pas à Göttingen (forte population du nord). De même, Berlin a eu une forte immigration d’Allemagne moyenne qui a importé ce drôle de système. J’avoue que je ne sais pas trop ce que disent les Bavarois, je n’écoute pas trop quand ils parlent.
Sur la carte, il y a des points « Dreiviertelzwei » dans le nord qui m’étonnent vraiment… Je comprends que le nord-est fasse comme le reste de l’Ex-RDA, mais à Hamburg, Bremen ou le Schleswig Holstein, j’ai du mal à ne pas croire à une immigration.
j’avais déjà eu du mal à comprendre le système conventionnel !! (la demie avant 16 h ?? ça fait 15 h 30 ça non??? )
alors si en plus dans certaines régions, on change le système… pffffff… j’ai pas fini d’avoir des doutes !!
Ce n’est pas à proprement parler un changement de système, Kissou33, mais des habitudes bien établies, des réflexes, qu’il faut accepter si l’on veut être dans le bain. C’est là tout le problème de l’enseignement des langues à l’école. C’est un système rigide, immuable, académique, qui aborde l’étude d’une langue et d’une culture étrangères à partir d’une vision égocentrique et nombriliste. On part à la rencontre de l’autre engoncé dans le manteau rassurant de ses petites habitudes, alors qu’il faudrait se rencontrer nus et sans préjugés, pour pratiquer une gymnastique de l’esprit en s’aérant les méninges, et en acceptant les idiotismes et les habitudes comme ils viennent, que ce soit pour dire l’heure, pour compter (quatre-vingt-dix-neuf pourra être aussi déroutant pour un Allemand que dreiviertel vier ou neunundneunzig pour un Français), mais cela fait partie du jeu, on se renvoie la balle en s’échauffant joyeusement sur la plage, à parité égale. D’ailleurs, « gymnastique » ne vient-il pas de « gymnos », nu? Quand on est nu, on se met plus facilement dans la peau de l’autre, on a les mêmes réactions physiques et épidermiques, on ressent mieux le pourquoi et le comment de la formation d’une langue et de ses expressions.
Chaque langue est belle et difficile. Les petits enfants nous montrent l’exemple. Comme ils ont appris la langue « maternelle », ils apprendront très vite une langue « paternelle » (comme ce fut le cas pour mon fils avec le français, qui n’était d’ailleurs pas parlé ni dans notre entourage ni dans notre environnement). Les enfants sont exempts de préjugés linguistiques et racistes. Ce n’est qu’en entendant leurs parents médire d’autrui ou déprécier une discipline qu’ils seront à leur tour contaminés ou découragés. Alors, Kissou33, ne baisse pas les bras dont tu auras besoin pour empoigner à bras le corps cet adversaire qu’est la langue allemande, mais qui peut finir par devenir une amie.
tu sais Oschpele… j’ai commencé l’apprentissage de l’allemand en… euh… 1984 !!! tu vois ça fait longtemps que je l’empoigne à bras le corps (pour reprendre une de tes expressions !! )
ma remarque n’était pas négative, je constate simplement que les allemands sont juste comme nous… ils sont tous allemands… mais avec leur particularité régionale…
tout comme un marseillais n’est pas un ch’timi et une bordelaise telle que moi, n’est pas une alsacienne
c’est les particularités qui font l’enrichissement, mais il est vrai que dans l’apprentissage d’une langue, si certaines choses (comme les heures) étaient identiques dans chaque région, cela simplifierait les choses, tout simplement
J’avoue que moi, baignant depuis la nuit des temps dans une atmosphère germanophone, ayant fait mes études et passé mes examens académiques dans le monde germanique en m’imprégnant des particularités locales, j’ai du mal à me mettre à la place du lycéen de base français qui apprend tant bien que mal une langue étrangère parce qu’elle est au programme, au même titre que, mettons, l’histoire ou la physique, sans motivation spécifique. Rares sont les professeurs capables de motiver leurs élèves et de leur faire comprendre la nécessité de consolider, puis d’approfondir, des connaissances de bases. Au vu des contributions des lycéens dans ce forum, je pourrais tirer la conclusion que le découragement (« j’y pige rien aux déclinaisons, aux particules, au genre des mots… » ) vient justement d’une consolidation insuffisantes des bases. Ce n’est que lorsqu’on aura assimilé parfaitement le système des déclinaisons, que ce soit l’article, l’adjectif, et le système des verbes irréguliers (qui est le même en anglais, d’ailleurs, puisque la grammaire des deux langues a la même origine), que l’on pourra avancer avec profit dans la découverte de la langue. Et surtout, rien ne remplace la lecture. J’avais appris par exemple à comparer la presse allemande et la presse française sur un thème donné, où les considérations se rejoignent. Bon exercice de thème-version!
Une autre bonne école est la télévision, lorsque Arte programme un film allemand, sous-titré en français. Pour ma part, je considère que l’on retient mieux les mots et les expressions par l’oral soutenu par le visuel, parce que le spectateur est placé directement dans le contexte de l’action. C’est autre chose qu’une simple lecture livresque.
Pour revenir à l’heure, peu importe qu’un Allemand dise « dreiviertel zehn » ou « Viertel vor zehn ». Aucun risque de se tromper, il s’agit toujours de la « dixième heure » qui, à l’instar du siècle, commence au nombre précédent. En français aussi, nous mettons le « moins le quart » en relation avec l’heure supérieure (dix heures moins le quart pour 9 h 45). Mais évidemment, nous ne dirons jamais « les trois quart de dix »!
Il en va de même avec la numérotation des étages. En Allemagne de l’Ouest et en Autriche, il y a comme en France le rez-de-chaussée (E, Erdgeschoß), et le premier étage est à l’étage. En Allemagne de l’Est, la numérotation des étages reprenait l’usage soviétique, à savoir que le rez-de-chaussée portait le numéro 1. C’est ainsi qu’une pièce très populaire à Moscou il y a 50 ans « Chestoï etaj » (6e étage) était logiquement traduite en français par « Cinquième étage ». Cela est aussi à mettre au chapitre des particularismes régionaux.
Busserl (kissou! )
on pourrait ajouter la manière de numéroter les immeubles d’une rue: à l’ouest généralement suivant le systeme pair (un côté de la rue)-impair (l’autre côté). en Allemagne de l’est il m’est arrivé de tomber sur des rues où la numérotation monte sur l’un côté (tous les numéros pairs et impairs) pour continuer après dans le sens inverse sur l’autre côté, la numérotation y faisant une sorte de grande « boucle ».
Un numéro 134, par exemple, peut sans problème se situer juste en face d’ un numéro 4 de la même rue… il s’appellent ça Hufeisennumerierung
On est en plein au centre du problème.Je ne voudrais pas ramener « mon expérience » parceque ce mot m’énerve profondément et que l’expérience des uns ne sert en rien aux autres.Beaucoup d’élèves,aussi bien en collège qu’en lycée ,apprennent une langue,« weil es auf dem Stundenplan steht »,comme tu le dis.Les profs essaient ,bien sûr ,de motiver leurs élèves,par la télé,par la musique,le jeu,etc…Mais ils ne sont pas non plus forcémenttous,loin de là des « superman » de la pédagogie!J’ai connu personnellement des collègues qui avaient une connaissance parfois limite de la langue qu’ils enseignaient,mais qui,par contre,avaient un don inné pour faire passer chez les élèves leurs connaissances,question de personnalité.Pour préciser ma pensée,je ne suis pas persuadé qu’un prix Nobel de physique soit le plus apte à donner le goût de la physique à des jeunes.Mais il y a sûrement des exceptions à la règle.
Quand j’étais en seconde,première ,terminale,j’avais comme prof d’allemand un homme parfaitement bilingue allemand-français,en outre latiniste et helleniste émerite,mais qui déclarait déjà,à cette époque là (dans les années 60):"Moi,je vendsde l’Allemand."Peut-être,en partie,par provocation.Je n’ai rien appris en Allemand,avec lui,et même,au niveau du bac,j’ai permuté et j’ai pris Anglais première langue.!!!
Une autre reflexion me vient à l’esprit;je me suis toujours demandé si les citoyens des « petits pays »(en terme de superficie) et je pense à la Suisse,bien sûr,mais aussi à la Belgique,au Luxembourg,aux Pays-Bas et aux pays scandinaves,n’ont pas une motivation beaucoup plus forte pour l’apprentissage de langues étrangères dans la mesure où,en parcourant 100,200Km vers le sud,un Suisse se retrouve en Italie,100,200Km vers le nord en Allemagne,100,200Km vers l’ouest en France.Même chose pour les pays susmentionnés.
Pour moi, perso, c’était une évidence, on ne pouvait pas conquérir « le reste du monde » (qui commençait justement à 100,200 kilomètres de la maison), sans pratiquer d’autres langues que la langue maternelle. Et ado j’ai essayé de pleinement profiter de cette situation culturelle (avec d’autres langues, qui sont présentes si nous voulons les entendre, facilement accesibles dans les médias etc.), profité également de la « géographie », qui va avec (evasions avec la petite amie à Locarno, Milan, vacances de ski à Verbier, randonnée dans les vallées du Tessin et de la Valteline italienne, balades entre copains à Genève, concerts à Nyon, Lyon… etc).
Mais j’en ferrais pas forcément une règle générale, j’en connais beaucoup dans mon pays, qui ne s’interessent pas outre mesure aux autres langues (nationales!) - surtout d’ailleurs dans la partie francophone de la Suisse
Donc chez nous aussi, beaucoup est dû aux talent des profs (et aux préjugés et la réputation/utilité pratique de la langue).