… et il y a bien le « Röschtigraben » (cf. video Porchet) qui « separe » les deux regions linguistiques, les échanges vraiment spontanés (sans contrainte professionelle par exemple) sont rares
Mais faut quand-même dire: la question « linguistique » et le risque de domination politique par les alémaniques est atténué par le fédéralisme extreme de la Suisse. Et par le fait que institutionellement parlant, la Romandie ou la Deutschschweiz n’existent pas. La politique ne s’exerce jamais et ne « s’incarne » rarement en « bloc », une région linguistique entière contre une autre.
Les décisions se prennent soit au niveau fédéral pour toute la Suisse (avec, certes, le double avantage numérique et systémique pour les alémaniques, dont Elie parle), soit directement au niveau cantonal (il y en a 26 dont 6 majoritairement francophones). Dès qu’ on quitte le cadre général, c’est au cantons de definir leur politique dans la plupart des questions qui touchent à la vie de tous les jours. Chaque canton dans chaque région reste donc un peu « maitre » de son destin. fr.wikipedia.org/wiki/Cantons_suisses
Certes, il y a un droit du travail et une politique etrangère unique et un code penal unique, mais déjà l’application du cadre juridique est l’affaire des Cantons: comment organiser son pouvoir judiciaire, comment nommer ses juges, comment gerer sa police, ses services sociaux, avec quelle mission (traquer les consommateurs de drogues dures ou « douces » sans merci ou « medicaliser » la question par ex.), à eux de choisir. Dans leur systeme fiscal, les Cantons sont même assez independant et ils le sont encore plus dans l’organisation de l’éducation de leurs enfants (du Kindergarten jusqu’à l’Université!).
Et on se rend compte que les cantons d’une région linguistique font parfois des choix assez divers, sans necessairement regarder ce que les autres cantons autour décident en la matière. Bon, les mauvaises langues diront: les alémaniques ont bien compris le principe divide et impera. Mais souvent il y a bien d’autres facteurs qui entrent en jeu. On a longtemps cru qu’ il y avait effectivement un vote romand au niveau fédéral et un tout autre vote alémanique dans la plupart des question politiques (Porchet en parle: les Romands sont « ouvert, européens, sociaux »; les alémaniques « conservateurs, xenophobes » etc et refusent tout - bref des « Nein-Sager »). Mais si on regarde de pres les résultats des « votations » des dernières années, on voit bien que les clivages sont au moins aussi prononcés entre les villes et les campagnes (qu’entre les régions linguistiques). On a donc régulièrement des « coalitions » de, disons Zurich, Bâle, Genève, Lausanne, vs. arrière pays de Zürich, de Lausanne plus Valais, Appenzell…etc.
ça fonctionne pour le meilleur et le pire: Les succès de la droite dure de Blocher étaient toujours considéré typiquement « alémanique ». Mais avec les deux dernieres élections on a vu que c’était aussi dû au simple fait que ce parti (d’origine alémanique) prenait un certain temps pour bien s’implanter (strucutre, personnel etc.) en Suisse Romande. Quand c’était fait, le succès pour ce parti tellement « alémanique » n’a pas tardé même chez les francophones tellement « ouvert, européens. etc… ».