Ce que les Allemands pensent de la 2ème Guerre Mondiale

Dresde, je suis tout à fait d’accord avec toi.
c’est l’apologie qui est condamnable, pas la possession de choses du passé.
ceci dit même les insignes militaires de la 1ère guerre mondiale ont souvent disparu des familles (surtout si elles sont francophiles) pour éviter tout risque de collusion (les croix de fer des 2 guerres ont un petit air de famille, même si le spécialiste d’y retrouverait sans peine). certains anti-militaristes farouches ont eu la croix de fer à l’insu de leur plein gré !

Pardon. :astonished:
Tu peux expliquer s’il te plait ? :crazy:

Bonjour,
Juste pour donner un petit témoignage, du grand père de mon chef et oui 86 ans.
Il habite a Mauer prés de Heidelberg pour ceux qui connaissent. (Et moi aussi aux passage…)

Il a écrit un livre sur ces 3 année de guerre en France et en Angleterre.
Et parfois les soir on mange ensemble, il me raconte encore des petit détail sur sa vie.
Il a été sur les cote du débarquement le 6 juin 1944, et hier il étais avec moi tronçonner de bois… C’est un dure…

Il m’a toujours dit que malgré la guerre il aime les Français, il a toujours bien été traiter en tant que prisonnier sur la fin en France, mais par la suite en Angleterre, la je crois qu’il ne veut pas en parler…
Il aime beaucoup De Gaule (Je pence que c’est du a l’antiaméricanisme…) mais bon voila un homme vraiment super.

un exemple :
Tu as déjà entendu parler de Max Ernst ?
Cet artiste a été enrôlé dans l’armée allemande pendant la 1ère guerre mondiale alors qu’il prônait la non -violence.
Artilleur, il est blessé plusieurs fois aux mains et à la tête. Il est décoré de la croix de fer.

PS : tout cela ne figure pas sur Wiki en français. Il faut chercher un peu plus loin.

PPS : j’ai choisi un exemple célèbre, mais il y a des cas beaucoup moins célèbres. :wink:

Je serai intéressé pour lire tes conclusions.

Je me souviens d’un article du monde (il y a 10 ans) qui expliquait que les hommes politiques nés après la guerre (Schröder pour exemple) n’avait plus de complexes, ne se sentant coupable ni redevable d’une dette.
D’un autre article du monde toujours qui parlait des associations d’allemands expropriés et chassés en 1945 (Prusse Orientale, Silésie …) et qui demandait réparation. Ils n’avaient jamais osé avant. De même depuis le film Titanic on entend que la plus grande catastrophe maritime est celle du wilhelm gustolff
(baltique 1945).
D’un autre article sur le tabou du bombardement des villes allemandes. Les allemands commencent à parler des victimes.

Bien sûr ce sont des articles en français sur l’opinion publique allemande.
Je m"y intéresse car mon père était soldat allemand (il vit toujours) mais son opinion compte peu.
Je pense que la majorité des 20 à 60 ans est peu intéressé par le sujet, et est partagée entre :

  • « on ne veut pas en entendre parler, et sachez qu’on nous a assez fait la leçon des allemands coupables à cause d’Hitler »
    Ce sont typiquement ces gens qui refusent de regarder les films Sophie Scholl ou La chute.
  • « quitte à en parler, il faut admettre que des allemands ont été victimes »

Il y a eu un changement clair dans le traitement par les cinéastes depuis l’an 2000, et les cinéastes font aussi partie de l’opinion publique.
Plus de films, sur des sujets pas faciles. On cherche à présenter des victimes (la série sur l’exode de Prusse orientale … le Gustloff )
ou alors ce sont des films didactiques pour expliquer ce qu’était le IIIme Reich (cf les longues explications dans Sophie Scholl,
Napola dans une moindre mesure).
On célèbre aussi les héros aussi (cf le film Stauffenberg avec Sebastian Koch, pas celui avec Tom Cruise) (et le Sophie Scholl)
une façon de dire « regardez il y avait aussi de bons allemands qui ont résisté ».

willfried - franco allemand, 44 ans

ces derniers témoignages directs sont une chance, profite en.
après on n’aura plus que les versions de ce que l’histoire aura bien voulu écrire sur ses tablettes.

Puisque Lalilou parle de témoignages directs, je propose deux anecdotes.

Contexte : moi, la quarantaine, franco allemand parlant allemand comme une vache espagnole,
en vacances avec mon père allemand, au dessus des 80 ans, dans le sud de la France depuis 1944.
Ca se passe en 2004 à Berlin.

1ère scène. Mon pére et moi on décide de se prendre à manger dans un imbiss de la banlieue nord.
On est les seuls clients. Et je demande à mon père (et en français) ce qu’il va prendre.
Et lui répond (en allemand) en se demandant si le Currywurst est meilleure que la Bratwurst.
Au bout de deux minutes le vendeur impatient demande (en allemand) « les français je vous sers quoi ? ».
La conversation alors :
Père (vévé) : excusez moi, moi je suis allemand mais mon fils est français
Vendeur (amusé) : ah, et comment est ce possible ?
Père (fier d’avoir une bonne histoire à raconter) : vous allez pas me croire, mais j’étais soldat allemand et je suis resté en fr…
Vendeur (ton ferme) : et vous mangez quoi?

La même scène s’est reproduite 3 jours plus tard dans une station service alors qu’on n’arrivait pas à se décider entre le guide betterlsmanc ou les cartes Michelin. Sur une semaine de vacances ca fait beaucoup. Alors ?

Ma conclusion : soit le vendeur se moque du vécu de ses clients
(mais il fallait pas demander) soit les allemands d’aujourd’hui ne veulent pas savoir
que des allemands sont partis « coloniser » l’Europe il y a 70 ans.

Je pense que ce genre d’histoire ne peut pas se communiquer parce que cela fait parti de l’intime, du plus profond de chacun de nous et finalement les gens ne veulent pas connaître (ou reconnaitre) que les choses ne furent pas aussi simple qu’on ne l’écrit dans les livres d’histoire.

Il y a des expériences qui ne se communiquent pas.

Nous voudrions que les autres comprennent ce que nous avons vécut ou ce que nous vivons mais ils ne le peuvent tout simplement pas. Ils ont leurs propres problèmes, leur propre vie. Peut-être que ce serveur était tout simplement pressé par son boss ou simplement mal luné ce jour là, qui peut savoir ?

Faire comprendre aux autres une expérience « hors norme » est toujours un exercice difficile. Nous ne pouvons que constater cette difficulté et il nous faut finalement admettre que nous n’y arriverons tout simplement pas et ne pas nous en offusquer pour autant.
Refuser cette réalité c’est persister dans l’erreur et risquer de nous couper de relations humaines certes imparfaites mais qui ont au moins le mérite d’exister. Et d’ailleurs que ferions-nous nous-même si nous étions à a place de ce serveur si ce n’est adopter la même attitude ?

Nous ne pouvons éprouver de la compassion, de l’empathie et même de l’amour que pour des êtres humains qui nous sont finalement très proches même si cette proximité, le sens même de cette proximité, nous échappe.

Mais qui peut comprendre l’amour filiale et même l’amour tout cours ?
Qui peut comprendre qu’un soldat allemand soit tombé amoureux d’une Française en pleine guerre mondiale ?
Qui peut comprendre qu’un Français soit tombé amoureux d’une terroriste alors qu’il ne connaissait même pas son existence trois jours avant ?

Ces sentiments humains sont absolument incommunicables, totalement incompréhensibles. Le fait même qu’ils nous déstabilisent nous montrent bien que nous n’arrivons même pas nous-même à les comprendre.

C’est en tout cas la conclusion dont je suis arrivé a titre personnel dans un registre assez proche du tien et pourtant tellement « autre », tellement « différent ».
Un autre contexte historique, une autre réalité historique et pourtant la même incompréhension.

Merci en tout cas pour ton témoignage parce que nous au moins, dans une certaine mesure, nous pouvons comprendre. :wink:

La génération des moins de 50 ans est assez décomplexée. Il suffit de suivre le Heute Show ou autres émitions satiriques pour entendre des allusions tout aussi naturelles et décomplexée sur le nazisme sans casser l’ambiance.

je pense aussi que l’explication la plus rationnelle est que le type devait être pressé de prendre sa commande et n’avait pas envie d’entendre tous les détails d’une histoire d’amour qui est du domaine de la sphère privée.

Pour faire une allusion décomplexée, je dirai que ce n’était pas le reichsparteitag de mon père :slight_smile:

A part cela je maintiens. Mon père voulait dire
« vous allez pas me croire, mais j’étais soldat allemand et je suis resté en france depuis 1944 et j’ai eu un fils 25 ans après »
et on lui a bien coupé la parole dès qu’il a dit « soldat » et « France ».
Ce qui n’est pas très poli (la politesse allemande … vous connaissez?) surtout quand on sollicite une explication.

NB : mon père n’est pas resté en France pour histoire d’amour
mais parce que il était plus facile d’être immigré économique dans la France de 1948
(et le gouvernement français a encouragé ces soldats à rester en France, passé 3 ans comme prisonnier de guerre)
que de retourner à berlin.

le serveur n’était peut-être pas intéressé par l’histoire, peut-être (ou pas) à cause des mots « tabous » (guerre, soldat, wehrmacht,…), mais la situation de ton père semble être plus complexe que cela !!!
il venait de quel pays ?

Mon père a toujours été (ouest) allemand et est né au milieu des années 20 à Berlin.

le serveur avait quel âge ?
l’âge de se dire « un qui s’est débiné au lieu d’aider à relever son pays » ?

je t’ai posé la question de la nationalité, car la wehrmacht, ce n’était pas seulement des allemands de souche et que cela peut compliquer les choses. il y a aussi toutes ces régions qui ont changé de frontière après la guerre avec des mouvements de populations massifs qui auraient pu expliquer « l’exode économique » (forcé) de ton père.

la culture du non-dit a à mon avis plusieurs origines :

  1. la peur d’être jugé si on est dans le non-conforme par rapport au politiquement correct.
  2. la peur des dénonciations (les est-allemands par exemple sont plus réticents à parler librement, parce que les dénonciations organisées, sont encore d’un passé récent).

Pas d’accord sur la culture du non dit. Je rappelle que je ne connais que des allemands de plus de 40 ans.

  1. les Wessis sont plutôt décomplexés depuis quelques années (mais a priori ne sont pas intéressés par le sujet).
    Il y a toujours du politiquement correct, mais le retour d’une certaine liberté de parole.

  2. les Ossis sont partagés entre deux sentiments.
    Ils estiment que la DDR leur a assez infligé de leçon de flagellation sur les allemands nazis responsables de tous les maux de l’après 1945.
    Mais ils pensent que le sujet n’est plus tabou, ils ont maintenant le droit d’évoquer le sujet,
    parce que eux ont fait acte de contrition (sous entendu que à l’ouest, il n’y a jamais eu contrition).

d’après mon expérience, je trouve les Ossies plus décomplexés que les Wessies.
On ne rencontre peut-être pas les mêmes.
un exemple : dans une librairie de Kehl, il y a une vendeuse qui ne voulais même pas parler d’un bouquin pourtant où le thème de la guerre n’est qu’en filigrane. elle m’a dit « c’est trop poignant ».
cela dépend aussi sans doute de ce que cela remue.

Donc une vendeuse qui dit « c’est trop poignant ». J’en parlais ce soir à une berlinoise qui a le même comportement.
Elle ne supporte pas par exemple la visite d’un musée ou d’un mémorial autour de la 2eme GM,
Par peur d’être choquée.
Parce que la guerre a été source de souffrance, pour ses parents qui étaient alors de jeunes enfants
qui ont été traumatisé par les bombardements, la vie dans les caves et les abris,
et qui n’ont pas le droit d’en parler.

Effectivement cela dépend de ce que cela remue.
Il y a des allemands « contemporains » qui ont été marqué par l’histoire tragique de leurs proches plus agés.

Ca me rappelle quelques anecdotes.

Le souvenir le plus marquant était en classe de 3ème. J’étais dans une famille d’accueil pour une semaine près de Munich, avec une amie.
Nous étions en train de décorer l’arbre de Pâques avec les enfants de la famille, lorsque leur grand-mère est arrivée. Elle a tenu à nous montrer l’album photo de sa jeunesse. Evidemment, nous l’avons vue à un moment donné, posant avec son uniforme et le bras levé. Je me souviens d’une photo lors d’un défilé … Bref, c’était toute l’histoire de la Bavière avant la guerre qui défilait devant nos yeux.
Nous avons toutes les deux été frappées par la facilité déconcertante avec laquelle elle nous parlait de ça, alors que nous pensions que c’était un sujet tabou.
Voulait-elle savoir comment nous la jugerions ?
Nous nous sommes demandées si en fait, les Français ne se faisaient pas une idée préconsue du comportement ou des sentiments que devaient adopter les Allemands au sujet de la Seconde Guerre mondiale.
Nous avons appris ce jour là, que de toute manière, on ne pouvait plus changer le passé et que ces photos faisait partie de son passé, que ça nous plaise ou non.

De même, quelques années auparavant …

Ma prof d’allemand avait été marquée par l’accueil que ses collégiens avaient réservé à leurs correspondants de Goslar. A peine débarqués du bus, les Français avaient submergé de question les Allemands sur la Seconde Guerre mondiale. Elle avait trouvé cet accueil un peu rude et injustifié, étant donné que les pauvres correspondants étaient comme eux : nés longtemps après la guerre.

Trois ans plus tard, je suis en 5ème. Nous nous rendons à Köln pour le marché de Noël. Cette prof nous prévient (très marquée par son expérience précédente):
« je vous préviens que le premier que je choppe en train de parler de la guerre avec des Allemands sera collé jusqu’au vacances de printemps ».
Elle se repaie le luxe de nous signaler que ce sujet peut choquer ou vexer nos amis allemands.

Je picnique en retrait du groupe, avec une amie, devant la (merveilleuse) cathédrale. Là-dessus, un vieux monsieur s’approche
« oh, vous êtes Françaises ! » il nous dit qu’il adore notre langue (jusque là, rien d’extraordinnaire) et nous rajoute l’air léger qu’il est tombé amoureux de notre pays lorsqu’il était soldat pendant la guerre.
Nous, craignant que la prof nous tombe dessus, nous lui avons juste demandé quels coins il avait vu chez nous.
Manifestement, il n’était pas vexé, ni complexé, ni fier.
Nous avons juste vu qu’il avait envie de parler en français de ses souvenirs.
La facilité avec laquelle il a abordé ce sujet nous a bien déconcertée.
Nous avons bien senti qu’il avait envie de nous en dire plus mais la menace des heures de colle était la plus forte.

c’est tellement bien dit… que je n’ai rien de plus à ajouter…

en 1966 , soit 21 ans après, c’était pas loin
je n’ai jamais eu de discussion avec les jeunes Allemands sur la Guerre qui m’ont invités à une soirée dansante
proche d’ Untergrombach, dans un Gasthaus du coin ,bien au contraire des rapprochements disons plus qu’amicaux

sauf le postier , plus âgé, qui m’ aidé à trouver un lieu pas cher pour dormir, lui m’en a parlé un peu, en se dédouanant d’avoir participer à quoique ce soit,
je l’ai écouté mais je n’ai pas su quoi lui répondre, car moi même comme les jeunes présents n’avions connu les éléments tragiques
la soirée c’est très bien passée