Ce que pensent les allemands...

Bonjour !

J’apprends l’allemand depuis la 4ème (et j’aime beaucoup cette langue). Je suis cette année en 1ère et notre professeur nous a demandé un exposé sur un sujet, au choix, concernant l’Allemagne (logique :unamused: ).

Un jour j’ai entendu dire une personne de ma classe: « moi, je n’apprécie pas les allemands. Après tout ce qu’ils nous ont fait… » Furieuse d’entendre dire une chose pareille à notre époque, je l’ai engueulé en lui disant que c’est complètement nul de dire ça, que nos voisins d’aujourd’hui ne sont pas responsables du passé, etc. Dans le cadre de mon exposé, je me suis donc demandé ce que les allemands pensaient de ces préjugés idiots.

Ce topic parlait déjà des préjugés des français envers les allemands mais je n’ai rien vu de ce type dedans.

Pourriez-vous m’éclairer sur ce genre de situation ?
Merci d’avance :stuck_out_tongue:

Isilwen

Ce que pensent les Allemands?
Les uns pensent peut-être que ton « copain » de classe a raison, ils se sentent coupable de tout. Mais c’est la minorité. Particulièrement « la nouvelle génération », dont je fais partie, pense exactement ce que tu as expliqué en classe. Mes parents sont nés après la guerre et moi je suis née fin des années 1980, j’ai grandi dans un pays uni. Même Ost/ West n’existent pas pour moi, alors pourqoui devrait je me sentir coupable d’un horreur qui s’est passé quarante-cinq ans avant ma naissance? Je sais tout, je connais l’histoire et j’ai appris que tout ça ne doit jamais se répéter. Bon. Alors, si à l’étranger on ne m’aime pas après tout ce que a fait mon peuple, c’est moi la victime et pas eux.

A l’école nous avons fait une année entière sur les relations franco-allemandes au cours de français. On a parlé des 23 conflits entre nos pays, le « marriage de raison » après 1945 et tous ce préjugés. Aussi du traité de 1963, ce miracle dont on peut être fier. C’était il y a plus de 45 ans, on a eu tant de temps et maintenant la nouvelle génération française fait semblant être né en 1920 ou quoi? C’est dommage. Ils connaissent proablement pas toute l’histoire. Ni la Collaboration, ni la réconciliation avec l’Allemagne.

J’ai lu un livre interéssant écrit par Daniel Goeudevert, un Français qui a travaillé dans l’industrie d’automobile allemande. Dans ce livre il explique son amour pour l’Allemagne, bien qu’il critque aussi des choses. A la fin il fait un chapitre sur les relations franco-allemandes qui décrit les pensées du côté des Français et que je vais citer ici (je n’ai pas de traduction, mais probalement tu vas comprendre les points les plus importants. Si non, essaie une traduction de Google ou autres bien qu’elles soient toujours mauvaises :wink:):

Daniel Goeudevert - Wie Gott in Deutschland, Ullstein 2004, p. 252/253

Pour ma part, lorsque je suis allé en quatrième, j’ai opté pour une deuxième langue, donc forcément j’ai pris l’allemand (refusé en première langue à la sixième par mes parents, l’anglais était semble-t’il bien plus utile… Mort de rire, j’habite maintenant en Allemagne :smiley: :smiley: ).

Je me souviens de mon premier cour d’allemand, notre prof nous a demandé ce que l’on connaissait de l’ Allemagne ; peu de gens ont répondu, ou alors c’étaient des réponses tordues genre la choucroute, les saucisses etc…

Dès que le prof a demandé quelles personnalités allemandes nous connaissions, les 3/4 de la classe ont déclaré Adolf Hitler…

Ca rejoint donc, le post de départ ; pour beaucoup, encore, l’Allemagne n’est pas considérée comme un pays de confiance, mais comme un pays dont il faut se méfier. Pour ces personnes, l’Allemagne, c’est le nazisme, les camps de concentration, les exactions. Pour ces mêmes personnes, l’Allemage est un pays où l’on mange mal, ses habitants, hors de leurs frontières ne respectent rien, etc, etc…

Je ne pense pas que la solution puisse se trouver en s’engueulant avec ces gens là ; moi je pars du principe que je préfère que les gens qui viennent en Allemagne soient des gens qui aiment vraiment ce pays plutôt que des petits curieux, avides de décrire dès leur retour en France ce qu’ils ont vu de négatifs, en laissant de côté le positif.

Dans le village où je suis, on est venu, en 2 ans et demi, à parler de cela avec les mes voisins, et ça c’est passé très bien, je leur ai donné mon point de vue, à savoir que pour moi ce qui compte c’est le présent, le futur, mais pas trop le passé… Même s’il ne faut pas occulter ces périodes, ce qui compte c’est ce que nous vivons à présent, et que nous puissions, français et allemands, vivre en harmonie, certes avec nos différences, mais pas avec nos rancoeurs.

JHJPS

Moi ce que je ne comprends pas, c’est comment des gamins peuvent avoir encore autant de préjugés. Quand on est gosse et qu’on a un préjugé, c’est que c’est un adulte qui vous l’a inculqué (comment des gosses d’aujourd’hui pourrait-ils sinon considérer les Allemands comme des ennemis, alors qu’ils ne le sont plus depuis au moins 50 ans avant leur naissance ! :astonished: )

Quand j’ai dit à ma filleule, 9 ans, que je partais en Allemagne, ça a été du tac au tac : « ah non, c’est nul l’Allemagne, c’est nos ennemis »
On était là avec ses parents trois paires d’yeux :astonished: :astonished: :astonished: car ce ne sont pas eux qui lui ont appris ça, je le sais. Alors qui ? L’école ? :imp:

L’école peut être, les médias sûrement, car si on y regarde de plus près, bien souvent lorsqu’il y a un sujet sur l’Allemagne, c’est par rapport au siècle passé et en particulier les 2 deux guerres mondiales.

JHJPS

Tout d’abord merci d’avoir pris le temps pour réagir à mon sujet :smiley:

Je suis tout à fait d’accord avec vous. Tout cela est loin, mais les préjugés persistent, en minorité heureusement. Cependant j’aimerais savoir si les Allemands (toutes générations confondues) savent qu’ils sont encore considérés par certains Français comme des ennemis (je vous avoue que j’ai du mal à dire ce mot quand il faut l’associer à l’Allemagne :blush: ) et, évidemment ce qu’ils en pensent…

Soit les parents (c’est en général comme ça que se transmettent les préjugés de type discriminatoires), soit scolaires (a priori d’un professeur), soit médiatique (comme l’a dit JHJPS), soit (et il ne faut pas l’oublier) par les copains, qui eux ont peut être « subi » une des influences sus citées…

parfois, pour se voir « cool » par un copain, on « pense » comme lui, on adhère à ses idées, etc, et on ne réfléchit absolument pas là dessus, on ne cherche pas à voir plus loin.

Après, comme ça a été dit, les allemands d’aujourd’hui sont quand même beaucoup plus relax par rapport à ça: leurs parents leur ont sans doute expliqué leur histoire, mais voilà, ils se sont (à mon avis) suffisamment amendé comme celà, il n’est plus « utile » de trainer ça comme un boulet pour le prochain millénaire complet…d’ailleurs, on l’a très bien vu lors de la coupe du monde 2006: il y a vraiment eu un élan national, une fierté « d’être allemand » qui s’est manifestée, et dans un très bon esprit, sans nationalisme poussé, juste un avis de dire « je suis allemand, j’en suis heureux, je n’ai pas de honte à avoir ».

Par contre, certains « anciens » sont peut être moins détachés par rapport à ça, mais là je ne pourrai pas dire grand chose: avec les rares que j’ai pu cotoyer lors de mes quelques séjours en Allemagne, ce n’est pas forcément le type de question que je me suis attaché à leur poser :unamused: :slight_smile:

Enfin, et sans vouloir faire du « ping pong » => « c’est toi le méchant » « non c’est toi », en France on passe quand même relativement vite sur le régime de Pétain et la collaboration…je crois que dans les mémoires, « nous » avons un plus gros travail à faire que les allemands aujourd’hui…mais comme on a voulu faire croire qu’on était parmi les vainqueurs de la WW2, toutes ces opportunités de remise en cause sont passées très vite à l’as :unamused:

C’est les pires - dans tous les pays. En collège, on entend sans problème des réflexions du genre « chaque pays peut décider qui il veut ou pas, alors jeter les juifs ou d’autres, c’est pas grave, c’est la liberté des peuples. » En 4e, je vous jure, ils sont tous hautement fascistes. Ils ne parlent jamais avec leurs parents, alors c’est pas en famille qu’ils vont se former l’esprit. D’où l’intérêt de l’école… pour ceux qui en doutent encore.

Tout le monde n’est pas comme ça, j’ai toujours beaucoup parlé avec ma mère, que ce soit de tout ou n’importe quoi.
En ce qui concerne l’école je suis tout à fait d’accord :wink:

Pas sûr - si l’on regarde par ex. le journal de « référence » francophone en Suisse, Le Temps, qui nous fait demain dans un grand dossier sur la « nouvelle Allemagne » und grande révélation à savoir qu’il serait possible d’« aimer l’Allemagne ». :astonished:

Aimer l’Allemagne «Le Temps» publie samedi un dossier spécial avec reportages, portraits, témoignages et photos inédites sur les nouveaux visages du pays.

www.letemps.ch

Ils savent. Et ils reagissent comme Avonlea dit: ils trouvent ça dommage voire souffrent mais, vu le passé, en même temps, ils comprennent peut être en partie ou se disent, comme Avonlea: c’était évidemment l’horreur, mais arretez un peu après un demi siècle.

le sujet est ce que pensent les allemands,et pas ce que pensent les français.

jean  luc :wink:

Les allemands savent la rancoeur qu’a une majorité des français par rapport à eux et à l’histoire allemande du siècle passé.

Cela ne les empêche pas d’adorer notre pays, et d’être souvent à la recherche du contact avec nous lorsqu’ils sont en France… et pas pour parler de la deuxième guerre mondiale, heureusement.

Je crois sincèrement que le français a plus de problèmes vis à vis de l’allemand, que l’inverse.

JHJPS

Si l’on en croit les enquêtes du German Marshall Fund, qui évalue chaque année auprès de la population de 11 pays occidentaux l’évolution de quelques grandes tendances, les anciens ennemis héréditaires se regardent aujourd’hui avec bienveillance. Sur une échelle de 0 à 100, allant de l’antipathie à la sympathie la plus grande, les français interrogés en 2004 attribuent en effet 70 points à l’Allemagne et les allemands 74 points à la France. Ils sont les plus élevés parmi les 150 réponses apportées à cette question, d’ailleurs en progression constante sur les 3 années sur lesquelles portent l’étude. Du côté allemand, ces résultats semblent confirmés par une autre enquête menée en 2003 : à la question de savoir quel pays leur est le plus sympathique, les allemands interrogés ont cité la France directement après les deux pays germanophones que sont la Suisse et l’Autriche; 62% d’entre eux estimaient alors que l’Allemagne pouvait compter sur la France lorsque cela s’avérait nécessaire.
Cela est d’autant plus remarquable qu’il est loin d’en avoir toujours été ainsi. Ce résultat est le fruit d’une évolution progressive, s’étendant sur plus d’un demi-siècle. Reflétant une image inversée par rapport à la situation contemporaine, un sondage de 1965 donne une idée du chemin parcouru. A l’époque, 20 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les français interrogés jugeaient sévèrement leurs voisins d’outre-Rhin : seuls 6% d’entre eux considéraient l’Allemagne comme la nation la plus sympathique parmi les 10 citées, alors que 19% estimaient qu’elle était la plus antipathique. Sans surprise, le niveau de confiance des français envers les allemands n’a cessé d’augmenter depuis. Ainsi, ceux qui disent faire confiance à leurs voisins sont 59% en 1976, 68% en 1996 et 84% en 2004.

Lien ? Source ? :astonished:

j’ai lu tout vos commentaires, mais je pense que NOUS français, ne pouvons pas répondre à la question, puisque, si j’ai bien pigé, il s’agit de savoir ce que les allemands pensent de NOS préjugés ! :wink: :wink:

les mieux à même de répondre sur ce forum pourraient être « Grand-père » « Theresa » « cri-zi » et « Cristo », qui sont tous (si je ne m’abuse) de nationalité allemande.

Pour ma part et en général, je pense que TOUS LES PREJUGES sont le fait d’une mauvaise information soit de la part d’un enseignant (cas de la filleule à Sonka, peut-être que l’enseignant n’a pas assez insisté sur le fait que les allemands ONT ETE nos ennemis, mais ne le sont PLUS), soit d’un cadre familial raciste…

et dans le second cas… nous savons tous que l’on ne peut rien faire contre la débilité permanente de certains (jeunes ou vieux )

C’est une question de génération. La mienne le sait bien, et si ca vient de la même génération - ceux qui ont encore vécu ou dont les parents ont vécu la guerre -, on pense: bof, c’est pas beau, mais on vous comprend. Nous l’avons mérité. Mais les jeunes -20ans ou moins - sont souvent très surpris et à mon avis ils s’indignent de bon droit. Ils ne se sentent plus concernés par les évènements, c’est trop long, et je pense qu’ils ont raison.

J’espère que les enseignants ne disent pas « les Allemands ont été nos ennemis » ! L’Allemagne a été l’ennemie de la France (et inversement). Pas « nos ennemis », nous n’étions pas là pour prendre partie.

Sinon, il n’y a pas qu’envers les Allemands que les préjugés ont la vie dure. Vous n’avez jamais entendu ce genre de choses : « les Anglais sont nos ennemis parce qu’ils ont brûlé Jeanne d’Arc » ? :open_mouth: :frowning:

Bon c’est peut être la Suisse* aussi, mais ce genre de conneries qui me fait penser que le sionisme aura toujours une raison d’être.

*

Je trouve toujours bizarre les gens qui continuent à dire « bosch » ou « schleu » comme si c’était synonyme d’allemands et qui ne se rendent même pas compte que c’est horriblement méprisant.

Cette tendance des allemands à la flagellation ne se limite pas à la guerre en fait, ils se dévalorisent dans plein de domaines. Le nombre de fois où on m’a dit « mais pourquoi tu es venu en Allemagne, tu habites dans un pays génial ». J’ai entendu des allemands me dirent que l’allemand était moche et que l’accent allemand en Français était moche. J’avais envie de leur dire « mais bon sang qu’est ce que tu en sais, ta langue maternelle n’est pas le français, tu ne peux pas savoir comment je les entends moi, les accents. » J’ai fréquente beaucoup de jeunes (la vingtaine) et ils ont un rapport très distant avec leur culture, une sorte de désaffection. Je lisais et écoutais plus de musique en allemand qu’eux et ils ne comprenaient pas que je puisse aimer! Pareil pour leur économie, ils ouvraient des yeux ronds comme des soucoupes quand je leur disais que leur tissu industriel était beaucoup mieux conçu que le notre, qui nous oblige à aller lécher les bottes de Khadafi pour espérer vendre 2 mirages et une centrale.

Je pensais tout autant à mes lycéens d’Oslo qu’à mes élèves actuels. L’enfant n’est pas un démocrate. Si on veut que l’adulte le soit, ça va forcément faire mal quelque part.

L’autoflagellation culturelle des jeunes allemands est relative. Elle correspond au consumérisme culturel de base à peu près équivalent dans tous les pays européens. Les jeunes français ou les jeunes suisses ne sont pas de gros consommateurs de biens culturels locaux. Ca vient plutôt à la fin de l’adolescence. Les jeunes adultes sont beaucoup plus critiques envers le merketing lourdaud de business habituel, je ne suis pas sûr qu’il y ait moins de chanteurs allemands en allemand que dans les années de la neue deutsche Welle.

Je suis d’accord avec Solal. Je crois l’avoir déjà raconté sur le forum, mais bon… Lorsque j’ai vécu en Allemagne en 2000-2001, la Bild-Zeitung faisait des coups de markéting en lançant de grands débats. Leur coup d’éclat: « Êtes-vous fier d’être Allemand? ». J’étais alors assistante de français et les discussions sur ce sujet avaient essentiellement lieu dans la salle des profs du Gymnasium où j’enseignais. J’ai cru que les discussions allaient tourner au pugilat: une bonne moitié de mes collègues partaient du principe qu’il n’y avait pas de quoi être fier car ils ont eu Hitler, la déportation, la guerre, l’extermination de certaines minorités (mes mots sont là bien moins durs que les leurs), alors que la petite moitié prétendaient qu’ils pouvaient être fiers vu la façon dont l’Allemagne s’était relevées de ses cendres (miracle économique, puissance industrielle, démocratie stable, travail de mémoire). Pour moi, effectivement, la période nazie était une période sombre de l’histoire allemande, mais l’Allemagne, ce n’est pas que Hitler et le 3ème Reich. Des Princes allemands ont accordé des libertés aux minorités, notamment aux Juifs, bien avant que cela n’ait lieu ailleurs en Europe: l’émancipation a notamment été influencée par Frédéric II de Prusse (ou Frédéric le Grand), qui a accueilli les protestants français sur ses terres après la Révocation de l’Edit de Nantes et était même près à faire construire des mosquées ou tout autre lieu de culte non Chrétien pour accroître sa population et développer son pays; l’Allemagne a par ailleurs été le berceau de grands penseurs, de grands écrivains et compositeurs et d’éminents scientifiques (Kant dont on nous parle en cours de philo en France, des auteurs tels que Goethe, Schiller, les frères Mann…; des musiciens tels que Mozart, né à Salzburg, aujourd’hui en Autriche, Haydn, compositeur du God Save the King / Queen, ou Beethoven, compositeur de l’Hymne européen: l’Ode à la Joie; et des scientifiques tels que Einstein, Röntgen, le père des Rayon X…).
Pour un français, à l’inverse, il est impensable de ne pas être fier d’être Français, sous prétexte que Pétain a collaboré avec les allemands et fait rafler des juifs qui ont ensuite été déportés.

Enfin, pour info, les Autrichiens n’ont pas ce rapport compliqué avec leur nationalité. Pourtant de nombreux historiens s’accordent à dire que l’Autriche était relativement d’accord avec l’idée du rattachement à l’Allemagne au sein du 3ème Reich, raison pour laquelle elle a d’ailleurs subie l’occupation des Alliés à la fin de la 2è GM.