Quitte à scier la branche sur laquelle je suis assise, je ne vois pas bien l’intérêt de souhaiter que l’allemand et le français soient les langues les plus parlées du monde. Ce que je regrette concernant l’anglais, je ne vais pas le souhaiter pour d’autres langues !
Et puis, soyons réalistes : si dans un futur pas trop lointain, une langue doit supplanter l’anglais comme langue de communication internationale, ce ne sera sûrement pas celle d’un pays vieillissant comme l’Allemagne, dont certains démographes prévoient déjà que d’ici quelques décennies, sa population sera inférieure à celle de la France. Quant à la France, l’époque de sa gloire coloniale est bel et bien révolue, que cela nous plaise ou non.
Etre germanophile ou francophile ne signifie pas que l’on doive être aveugle et sourd à ce qui se passe dans le monde !
Par contre, je suis bien contente d’apprendre que la chute vertigineuse du nombre d’élèves français apprenant l’allemand est enfin stoppée (espérons que cela soit durable) car les possibilités de communiquer entre les deux pays sont tellement importantes que ce serait vraiment dommage de jeter tout cela aux orties !
Personnellement, j’ai appris l’allemand « par hasard » à la fin des années 70. Par hasard, dans le sens où, si je n’avais pas eu un instituteur pour me faire cette proposition, je ne me serais jamais posé cette question et j’aurais peut-être appris l’anglais comme la plupart des enfants de mon âge. C’est pour cela que je me décris souvent comme une enfant de la coopération franco-allemande.
Outre le fait que j’ai aimé apprendre cette langue, comme j’aurais aimé apprendre n’importe quelle autre langue étrangère (l’anglais, par la suite, m’a plu également), je souligne toujours le fait que j’ai pu progresser dans cette langue parce que c’est avec l’Allemagne que les échanges scolaires étaient (et sont encore) les plus nombreux, parce que j’ai bénéficié de jumelages entres villes qui n’étaient pas du tout aussi actifs avec les auttres pays et parce que cela m’a permis de découvrir un pays que je ne connaissais pas du tout.
Au début des années 80, je dois bien admettre que j’étais assez ébahie par le niveau de vie bien supérieur au nôtre qu’avaient nos correspondants allemands mais déjà j’aimais ces différences que je n’arrivais pas forcément à exprimer en mots : la différence de climat d’abord (cette absence de vent d’ouest est très caractéristique pour moi), la différence d’éducation entre les jeunes Allemands et nous (nous les trouvions beaucoup plus libres que nous), les différences d’habitudes bien sûr (l’école, les repas, la religion…) puis plus tard, je me suis davantage intéressée à la géographie de l’Allemagne et j’ai adoré les paysages rhénans, puis ceux du Lac de Constance, puis les grandes villes que j’ai eu l’occasion de visiter (Cologne, Stuttgart, Francfort, Berlin, Hambourg) puis une à une les différentes régions d’Allemagne. Ce n’est que bien plus tard que j’ai enfin réalisé à quel point la culture allemande était riche et passionnante et même si la philosophie reste pour moi un domaine trop abstrait et difficile à comprendre. J’ai aimé toutes ces heures à la découverte de l’histoire, de la littérature, de la musique et je continue à les apprécier même si aujourd’hui ma vie ne me laisse plus guère le temps de m’y consacrer. A moins que d’autres loisirs, moins exigeants en temps et en concentration ne fassent une concurrence déloyale à cette passion-là.
En tous les cas, il me semble certain que si l’on cesse d’apprendre l’allemand en France, on n’aura plus l’occasion de découvrir toute cette richesse et ce serait dommage. Bien sûr, il y a tant d’autres pays à découvrir mais je ne suis pas certaine que ces voyages soient accessibles au plus grand nombre, alors que le plus grand nombre de ceux qui ont appris et apprennent l’allemand ont l’occasion au moins une fois, le plus souvent, c’est vrai, dans leur scolarité, d’aller en Allemagne ou en Autriche. Et ce n’est pas sur ce forum que je vais apprendre à quiconque, qu’ils valent la peine d’être découverts !