Bonjour,
Difficile d’être germanophile ? Je crois que c’est comme le reste, on ne nait pas ceci ou celà, on le devient. Avec comme base de départ des souvenirs d’enfant, puis des émotions, de la compréhension, beaucoup de tendresse ou alors , un vrai parcours du combattant.
A la question « suis je germanophile ? » je réponds que je suis sur une bonne voie, mais que la lutte est permanente.
1° - souvenir : quand ma mère nous lavait dans la grande bassine, avant de nous rincer en nous versant le pichet sur la tête elle nous disait : " Fermez les yeux, les Allemands vont passer." Ce faisant, elle nous transmettait en toute bonne foi ses souvenirs, ses peurs , son histoire vécue. Déjà, le départ semblait difficile vers une germanophilie décontractée.
2° - souvenir : 1957, arrivée à Trèves où je devais rentrer en 6°. Chaussures neuves, cartable neuf mes parents me répètent pour la 200° fois " Tu prends bien Anglais première langue, tu as compris ? " . Arrivé dans ma classe du Collège Ausone , après la séance d’accueil, je me retrouve devant le Principal du collège qui nous répete, comme aux autres classes de 6° « En Allemagne , on apprend l’Allemand!!! Vu ? " . Timidement, je lève le doigt et fait remarquer que j’ai des consignes de mes parents. Le brave M. Didelot me rassure et me dit que tout se passera bien, qu’il est prêt à recevoir mes parents . Rentré le midi pour manger j’annonce fièrement à mes parents " Ich heisse Bernhardt . " Première claque.
Réaction du Père : " On ne va quand même pas apprendre la langue des vaincus !!! » . Il m’a accompagné au collège, a rencontré le Principal qui lui a expliqué fermement les directives pédagogiques puis il est ressorti, les oreilles rouges en me disant « Bon, tu feras Allemand puisque Tu veux !! » Notez la dose de mauvaise foi… Cherchant à rattraper le coup, je lui dis " Quoi, je vais apprendre la langue des vaincus ? " Ce fut ma deuxieme baffe de la journée. Honnêtement, j’avais un sacré handicap au départ.
Per vengeance , parce que j’étais un mauvais fils, je finissais ma 6° avec un accessit en Allemand.
3° - souvenir : nos échanges avec les petits Allemands de notre âge étaient à base de jeux, de bagarres et les premiers mots appris « sur le terrain » furent des gros mots. Je tenais un fil d’Ariane . Pour être germanophile il faut être germanophone . Ce ne fait pas tout, mais ça aide…
Comme dirait Kipling, le reste est une autre hisoire.
cordial-gentiment
bernard S