Difficile d'être germanophile

Bonjour Bernard,

quand j’ai commencé la 6°, comme c’était en 1948 il n’y avait pas de choix, obligatoirement anglais. Mais avec une prof à l’accent du Morvan, je n’ai jamais pu parler anglais avec des vrais, ça les faisait toujours rire. Mais je lis et écris bien. Par contre, mon fils a choisi d’apprendre l’allemand en 1976, et l’année d’après il a été obligé d’apprendre l’anglais, alors il n’a jamais rien appris dans cette langue.
j’aime bien l’allemand depuis seulement quelques années où je l’ai découvert à la télé (allemande bien sur, par la parabole) et ça m’amuse assez de chercher le sens des mots, qui se décomposent bizarrement, en tout cas pour moi.
j’ai travaillé avec des gens de toutes nationalités, et qui ne parlaient pas bien ou pas du tout le français, et j’ai essayé de mon mieux de leur faire comprendre le français, mais il parait que c’est aussi très difficile. Donc, il n’y a pas d’autre langue que la sienne qui soit facile, mais il ne faut pas se décourager…
Je ne suis pas meilleure en allemand qu’avec Internet, alors courage !
Bonne journée à vous, et soyez persévérant.

Mamie Jeanine

Bonjour Mamie Jeanine,

merci pour votre réponse, je m’accroche !!!

Mon rapport avec l’allemand a été cahoteux, c’est le moins que je puisse dire; j’ai quitté Trèves en milieu de 5° pour un pays africain où il n’y avait pas d’allemand 1° langue. J’ai donc « merdé » ma 5° et ma 4° à cause de l’anglais . Retour en France et retrouvailles avec l’allemand ; j’ai eu le pot de tomber sur deux profs merveilleux qui, en deux ans de travail acharné m’ont ramenè au niveau standard. Au BEPC, passé en 2° je n’ai pas perdu de point avec l’anglais et j’en ai gagné avec l’allemand.

Ces deux profs avaient la meme méthode : parler, parler, toujours parler. Un texte à apprendre pour le lendemain ? Soit on le résumait , soit on le récitait par coeur devant la classe.Nous avions deux fascicules de vocabulaire (Rey pour l"anglais et Isler pour l’allemand) avec un rangement par thèmes similaires; si nous devions apprendre par coeur les expressions les profs ne se formalisaient pas trop si, lors de l’interro du lendemain on se mélangeait les neurones. Pour avoir répondu Windschutzscheibe à la place de windscreen, j’ai eu droit à un sourire du prof d’anglais.

En terminale, comme j’étais un peu dissipé, mon prof d’allemand me proposa un jour un marché . Soit je prenais 3 jeudis de colle , soit je lisais un bouquin chez moi et je le résumais devant la classe. C’est comme ça que je me suis infusé Faust en gothique … Chaque résumé devait faire 10 mn, c’est sacrément long. Mais j’ai survécu.

Je me débrouille en anglais, mon épouse fut prof d’anglais 3 ans (MA) et elle a une certaine aversion pour l’allemand .

Imaginez le choc quand notre gamine de 12 ans revint un jour du centre aéré en disant « je me suis inscrite à un truc, gratuit !!! »

  • c’est bien, de quoi s’agit’il ?
  • deux semaines en Allemagne dans la ville qui est jumelée avec la notre. On vivra dans des familles.
  • mais tu ne parles pas allemand !!!
  • c’est pas grave, j’apprendrais…

Elle l’a fait.

cordial-gentiment

bernard

Bonjour Lalilou

Mon copain n’a pas eu l’impression de vivre une histoire horrible, simplement la mort d’un père . Le reste il l’a assumé .

Pour le nom du forum, je n’ai pas percuté!! Allemagne au Max n’a pas fait tilt et je suis vraiment tombé là dessus par hasard. Un heureux hasard car le ton général a l’air sympa.

Comme vous, j’en prends et j’en laisse . Phile ou phobe, le principal, c’est d’être bien dans sa peau et de partager courtoisement avec les autres.

Merci pour votre réponse.

Cordial-gentiment

bernard

Bonsoir jeunes gens,

Kissou33 écrivait plus haut que pour aimer, il faut savoir detester. C’est encore plus marrant quand on voit s’aimer des gens qui se sont combattus .

On pourrait écrire : fastoche d’être germanophile avec des francophiles .(ou germanophobe avec des francophobes, c’est kif-kif.)

Histoire vécue.

Exposé des motifs. En 1966 , les jeunes Français qui faisaient leur service militaire se voyaient remettre unr décoration régimentaire nommée « Fourragère » . Cette remise de Fourragère se traduisait par une cérémonie qui cloturait une marche de 130 km en 3 jours. Pour bien marquer la chose, les associations d’anciens combattants de 14-18 étaient invités et tout le monde était content…

Mise en place du dispositif .

Ca caillait dur en ce dimanche de janvier 1966 . Il avait bien neigé, nos jeunes avaient bien marché et étaient à 4 heures de rentrer au quartier (la caserne) Après une séance de strip-tease dans les camions, ils arrivent , tous de bleu vêtus . Superbes!!!
Ha oui, ça se passait en Alsace, sur une crête nommé « Hartmannswillerkopf » ou « Vieil Armand » en français. En 14-18, les Français et les Allemands s’échangeaient des insultes, des grenades; les tranchées changeaient de propriétaires régulièrement. Une boucherie atroce. A 956 metres d’altitude, bien battue par le vent la place d’armes où devait se dérouler la cérémonie avait tout d’un frigo à ciel ouvert .
Imaginez un rectangle de 250m sur 100 (en gros, hein?) sur un plus grand coté, les jeunes prets à recevoir la Fourragere (ca fait en gros 150 bidasses) . En face d’eux, les officiels, des invités (parents et amis) , les associations d’anciens combattants (une soixantaine de survivants) . Sur un des petits coté, la fanfare qui assure la sono.

Vous avez remarqué ? il ya un coté de libre. Et c’est là qu’on voit que la Nature a horreur du vide . A 5 minutes du top départ, on voit débouler 3 cars immatriculés en Allemagne.
Mon Colonel me saute dessus et me dit : " S. , allez voir ce que c’est !!" 2 minutes apres, je reviens au pas de course et lui explique : « Ce sont des anciens combattants Allemands qui ont planifié une cérémonie » . C’est là qu’on voit que les vrais chefs ne sont jamais pris au dépourvu .

  • Très bien dit-il, mettez les en rang sur le 4° coté et dites leur de faire comme nous.

Brève explication aux anciens combattants allemands, la cérémonie démarre, tout baigne !!! Un aboiement qui veut dire " garde à vous" , on se joue la Marseillaise et deux trucs patriotiques. Les anciens combattants français sortent des rangs, traversent la place et remettent les Fourragères, c’est l’affaire de 15 minutes car ça caille toujours. Retour dans les rangs et la fanfare attaque une marche entrainante pour le défilé . Et là, surprise!!

On voit bien partir nos jeunes pour le défilé, mais suivis dans la foulée par les anciens combattants allemands ce qui n’était pas prévu . Par mimétisme, nos anciens combattants leur emboitent le pas, pas prévu non plus.

Superbe défilé, sauf qu’on n’avait pas donné les limites au « faites comme nous » . Mais comme c’était l’époque ou De Gaulle et Adenauer se tapaient dans le dos, nous étions dans l’air du temps. Après le défilé, on a bu un coup . Nous avions nos boissons et les Allemands ont tenu à partager les leurs. J’ai vu des couples se former : un Français, un Allemand aller voir le mémorial, echanger des souvenirs, des anciens qui y allaient de leur larme. Nos jeunes ont été dépouillés de leurs insignes piqués comme souvenirs; les anciens leur ont payé à boire .

Mon colon qui passait par là me dit : Super, le défilé . A quoi pensez vous ?
Je lui ai répondu « Im Krieg sind alle Väter Soldat ! »
Il m’a répondu : Ha bon ?

Jamais je n’ai vu autant de tendresse dans les yeux de gars qui s’était tirés dessus 50 ans plus tôt. Et puis on est rentré. Ca caillait toujours, mais on avait un peu plus chaud au coeur.

Cordial-gentiment

bernard

Ce serais pas le 152ème régiment d´infanterie de Colmar par hasard :question: . Il as perdu 3000 hommes sur cet montagne , en Janvier 1915.
C´est vrais là haut en Janvier , on se les caille, moins-10 -15° c´est normal.

jean luc :wink:

Le monument aux « Diables rouges » du 152e R.I.est effectivement au Vieil Armand (Hartmannsweilerkopf), tandis que le monuments des « Diables bleus » (chasseurs alpins) est au Grand Ballon.

Le grand-père de ma douce et tendre a été fait prisonnier au Hartmannswillerkopf. Il a travaillé , comme prisonnier, dans une ferme dans le coin de Villingen, où il a été très bien traité.Après son retour en France ,il a entretenu, pendant l’entre deux guerres une correspondance avec les gens chez qui il avait été hébergé, par l’intermédiaire d’un prêtre allemand bilingue. Au moment de l’accession des NS au pouvoir, le prêtre en question, qui était sans doute surveillé, a écrit une lettre , dans laquelle il conseillait d’interrompre la correspondance.

Bonjour à toutes et à tous,

je vous écris de Bourgogne, plus précisément du Morvan. Je ne sais pas si chez vous il commence à faire froid, mais ici, le matin il fait entre 3 et 5 degrés, on supporte un pyjama.

j’aime bien tous les commentaires que je vois, dommage que ce soit seulement maintenant.

Pour moi, la langue allemande est une sorte de puzzle, il faut commencer par la fin pour remonter au mot principal. Et ce qui m’a déroutée, c’est la façon d’écrire, une majuscule pour un nom même dans une phrase.

J’ai trouvé un jour l’extrait de naissance de ma grand mère, écrit en allemand, mais je n’y ai pas prété attention. Quand elle est née, en 1888, son village était devenu allemand. elle avait une très belle écriture, je pense qu’à l’école elle avait bien appris. Et elle m’a donné des règles de vie, que j’ai toujours suivies.

Je suis maintenant arrière grand mère, mais mes enfants sont loin de moi.

Alors j’occupe mes journées en faisant des choses que je n’ai pas eu le temps de faire avant.

Je vais vous quitter pour aujourd’hui, mes petites chattes demandent à manger.

Un jour, quand je saurai le faire, je mettrai une photo.

Bonne soirée à tout le monde,

Mamie Jeanine.

Tu as tout à fait raison, mamie jeanine!Les chats sont de magnifiques créatures (j’en ai 4 !) qui ne peuvent , ni ne doivent attendre.
:smiley:

Merci à Andergassen et à jean Luc et aux autres pour votre participation.

J’appartenais à un groupe de Chasseurs Mécanisés . Mais pour ce qui est du Vieil Armand, il a tant de fois changé de propriétaires, il y a eu tellement de régiments décimés des deux côtés que la présence d’un monument dédié à tel ou tel Régiment me semble superflue.

Les anciens combattants français étaient d’anciens Chasseurs alpins , comme les anciens combattants allemands (Gebirgsjäger).
Notre Groupe de Chasseurs etait jumelé avec le 222° GebirgsJäger Bataillon de Mittenwald, près de Garmisch-Partenkirchen. En 1976, venant de Yougoslavie, j’étais passé les voir. L’Officier de garde m’avait fait cadeau de son Edelweiss de casquette.

Pour mamie qui aime les chats, j’ai eu l’occasion d’avoir une petite copine Allemande. Elle m’avait montré des documents manuscrits en gothique . Ca surprend, mais on s’y fait vite.

Cordial-gentiment

bernard

Tu as raison , mais c´est ici que le 152 ème a disparue , ne rester que ceux qui ne monter en ligne , et les permissionnaires. Il existe sur le site où les familles des 2 camps peuvent se recueillir. A l´origine ce régiment était stationné á Gerardmer á quelques á quelques dizaines de km de cet montagne(1873-1919).

jean luc :wink:

Mes parents étaient surpris d’apprendre que la frontière passait par chez eux. Reste à savoir de quel côté se situerait leur maison… :smiley:

Gérardmer, le lieutenant Berge et ses hommes à la frontière (4 février 1913).

C´est facile , si ils sont en lorraine (88, ) c´est la France ,s´il sont en Alsace (67) c´était l´Allemagne. Les département 57,67,68 formait jusqu´an 1918 le reichsland d´Alasace-lorraine. Les département 54,88,90 sont resté français , et faisait la frontière avec l´allemagne. Donc si tu veut voir où passer la frontière , tu suit la limite de ses départements.

jean luc :wink:

La Route des Crêtes suit d’ailleurs le tracé de l’ancienne frontière depuis le col du Pré de Raves (entre Ste Marie et le Bonhomme) jusqu’à hauteur du Rainkopf/lac de Blanchemer.

Dans la petite ville pas loin de chez moi, les premières maisons étaient en France (dép 88) et le reste de la ville en Allemagne.
:wink:

Ah oui, le Ban de la Roche, haut lieu de l’Alsace welsche! :wink:
A S., le col ne marque d’ailleurs pas la frontière, il est totalement situé en territoire « français », et les maisons qui sont au col sont donc encore lorraines.

Je confirme. :laughing:

  • message supprimé -

[quote=« exlibris »[/quote]
Si tu manges au restaurant en haut du Hohneck, tu t’aperçois que l’intérieur est en 67, alors que la terrasse est en 88. Bon, :frowning: :frowning: :frowning:

Pour revenir au sujet je proposerais à Rathus de lire France - Allemagne 0:0 de Benjamin Korn en 1996 :

Il n’y a pas de lien direct, il faut le chercher dans l’onglet Introduction. :mrgreen:

Le ton est volontiers provocateur, j’espère qu’il ne sera pas mal interprété. A prendre comme antidote, une claque salutaire et paradoxale contre la résignation. Profitez-en pour visiter le reste du site, assez intéressant.

Je l’ai relu ce samedi, après qu’un collègue de travail ait lancé un vigoureux « moi j’aime pas les … » en apercevant mon maillot du Sechzig. :unamused: