Bonjour,
Je suis professeur d’allemand depuis 12 ans. C’est peu et beaucoup à la fois. Peu au regard du chemin qui reste à parcourir, mais déjà suffisamment pour témoigner de la perte de vitesse qu’a subi notre discipline en 10 ans. Sortie d’IUFM, j’ai eu la chance d’arriver aussitôt sur un poste fixe avec 21 heures d’enseignement. Les 2 années qui suivirent, j’avais même un ou une collègue qui effectuait 4 à 6 heures dans l’établissement. Depuis 2 ans, je suis en sous-service et suis amenée à compléter dans un autre établissement (à raison de 3 déplacements pour 4 heures !). Malgré celà, je dois encore effectuer de l’aide aux devoirs, car mon service reste incomplet. Les 2 années précédentes, je m’étais personnellement investie dans l’enseignement (ou initiation) de l’allemand dans des classes de CM1-CM2 suite au départ de l’intervenante qui avait jusque-là effectué un travail de qualité. Depuis de nombreuses années je propose, avec fort peu de succès, des séances d’initiation aux élèves de 5è avant qu’ils ne choisissent leur LV2.
Et pourtant, il y a 2 ans, l’option LV2 a disparu, faute d’un nombre suffisant de candidats, et je viens d’apprendre la nouvelle de la suppression de mon poste pour la rentrée prochaine.
On a beau entendre dire que « l’on fait tout pour relancer l’apprentissage de l’allemand en France », je ne crois que ce que je vois et vis. Inutile de vous dire comme c’est difficile d’en arriver là …
On a beau être content d’être reçu au CAPES, heureux de décrocher un poste fixe dans un coin tranquille, il n’en reste pas moins que l’avenir est toujours incetain dans notre discipline.
Oui, l’allemand est une belle langue, la culture allemande passionnante, mais en vivre est un combat de tous les jours …
Bonne route à ceux et celles qui s’engagent dans cette voie !
suprbe témoignage ! c´est super intéressant de voir ce qui se passe du coté des professeurs… ca ne doit pas être un métier facile…
à propos de la popularité de la langue allemande : dans ma classe de langue en France, on est (je parle au présent même si je n´y suis plus) 30 élèves, et je crois que nous ne sommes de 3 ou 4 à être vraiment intéressés par cette langue et cette culture… il faut dire que notre professeur est vraiment mauvais. L´année dernière, j´étais dans une classe différente avec un prof beaucoup plus dynamique et nous avons échangé avec une classe d´élèves viennois ! c´était genial ! les voyages donnent vraiment une motivation toute neuve (malheureusement, malgré les échanges en Allemagne proposés par mon école cette année, on a été que deux à partir, c´est dire la popularité de ce genre de chose…)
triste réalité de l´enseignement et de la motivation concernant l´allemand en France aujourd´hui…
Pour aller dans le sens d’Electre,voilà bientôt un an que je suis en retraite.J’ai enseigné l’allemand presque exclusivement dans le même collège rural.Nous étions trois à enseigner l’Allemand.A mon départ,mon poste a été supprimé.Ce sont donc mes deux collègues qui ont pris la suite.
Je sais que,malgré les beaux discours,au niveau des rectorats et du ministère,on ne fait pas grand chose pour améliorer la situation!
Oui mais bon en même temps, on ne peut pas non plus forcer les gens à apprendre l’allemand ! Je veux dire, je suis complètement favorable à l’enseignement de l’allemand, et je pense qu’il faut encourager les jeunes à choisir cette langue, mais après on ne peut pas non plus les forcer. On va quand même pas demander aux rectorats d’imposer des cours d’allemands juste pour faire plaisir aux profs ? Je pense que des initiatives comme AOX (je dis ça par pur hasard ) font plus pour un éventuel renouveau de l’allemand que des directives du rectorat…
Non, en effet, nul ne peut prendre la liberté d’imposer quoi que ce soit, sauf que … lorsqu’on ouvre des postes à un concours d’un niveau tout de même assez difficile (je parle du CAPES), on se doit d’assurer un certain suivi et une politique qui permette aux titulaires d’enseigner leur discipline ! Lorsque l’on supprime des petits groupes, lorsque l’on refuse qu’un enseignant du secondaire complète son poste en primaire, lorsqu’on oblige les élèves à poursuivre l’apprentissage de la langue qu’ils ont commencée en primaire (alors que bien souvent ils n’ont pas eu d’autre choix que l’anglais), alors on met les enseignants d’allemand dans une situation extrèmement difficile.
J’ai beau avoir une maîtrise et un capes d’allemand, je ne sais pas faire autre chose qu’enseigner cette langue que j’aime au point d’y avoir consacré toutes ces années d’études, sans compter les multiples séjours plus ou moins longs en Allemagne et en Autriche, les innombrables heures passées à lire ou à écouter de l’allemand …
Quand vous parler de « faire plaisir aux profs », j’ai envie de bondir, car il est avant tout question pour moi de pouvoir exercer mon métier, avec mes savoir-faire, dans des conditions décentes (c’est-à-dire avec un temps de trajet raisonnable). L’éducation nationale n’offre pas un salaire particulierèment attractif (le pouvoir d’achat des enseignants ne fait que baisser), mais elle a la particularité de garantir la sécurité d’emploi. Je ne vous souhaite pas de vous trouver dans la situation qui est la mienne actuellement : je viens d’acquérir un bien immobilier à proximité de mon actuelle résidence administrative, et je ne sais absolument pas où le rectorat daignera m’affecter l’an prochain. Et cette situation peut se reproduire bien des fois au cours de ma carrière … Alors, s’il vous plait, considérez un tant soit peu le paramètre humain avant de rédiger des réponses aussi brutales … Ou peut-être avez-vous personnellement des comptes à règler avec l’allemand ? Dans ce cas, je ne suis pas la personne à qui il faut vous adresser …
Euh, mais quel rapport avec l’allemand ? Je ne crois pas avoir dit quoi que ce soit à l’encontre de l’allemand… Et je crois même plutôt avoir dit le contraire !
Sinon, je ne vois pas ce que le salaire et tout ça viennent faire là-dedans. Il y a simplement un problème d’offre et de demande : il y a aujourd’hui plus d’offre (profs) que de demande (élèves). On a bien dit que l’emploi était une garantie immuable pour les profs. Vous êtes également d’accord sur le fait qu’on ne peut pas forcer les élèves à faire de l’allemand. Bien. Alors vous proposez quoi comme solution, puisque enseigner dans plusieurs établissements ne vous convient pas non plus ? Enseigner devant des classes vides ? Voire être payé et ne plus enseigner (ou plus à plein temps) ?
Notez que contrairement à ce que vous semblez penser, il n’y a aucune agressivité de ma part, seulement je trouve que plutôt que de se plaindre, c’est plus intéressant de proposer des solutions…
Il me semble que nous avons du mal à nous comprendre … J’ai simplement exposé la difficulté que je rencontre actuellement en tant qu’enseignante d’allemand. Je suis, comme beaucoup d’autres dans une impasse et ai pensé pouvoir en faire part sur ce forum. Votre réponse, je me permets de le répéter, m’a semblé brutale. Je ne réclame en aucun cas dêtre payée à ne rien faire, je déplore simplement l’incohérence de la « politique » qui a été menée vis à vis de cette discipline menacée depuis fort longtemps.
Je n’attendais aucune solution venant de votre part, mais encore moins les remarques aussi peu constructives que celle que j’ai citée dans mon précédent message. Mais il est vrai qu’il est toujours très facile de lancer des pics …
Qui que vous soyez, quelle que soit votre situation personnelle, vous n’avez pas, me semble-t-il à porter de jugement sur ce qu’un enseignant peut ou doit accepter de faire.
O
Il y a une différence entre forcer des élèves à choisir une langue et leur proposer un réel choix. Celui de l’allemand est biaisé: de nombreux directeurs d’école empêchent l’enseignement de l’allemand en primaire, et cela se répercute et se retrouve au niveau du collège. Pour pouvoir choisir, il faut être informé: l’image véhiculée de l’Allemagne et de l’allemand est souvent plus proche de la désinformation. Vous autres qui fréquentez ce forum savez combien les clichés ont la peau dure.
Je suis tout à fait d’accord avec le constat d’Electre et comprends sa réaction à ces mots:
Ne vous en faites pas, les rectorats ne sont pas là pour faire plaisir aux profs, pas plus qu’aux élèves.
Ces propos peuvent blesser de nombreux professeurs d’allemand qui essaient au jour le jour de « sauver leur poste », ce qui veut aussi dire permettre à des élèves de suivre des cours d’allemand. Nombre d’entre eux se sont en effet transformés en véritables VRP ces dernières années et dépensent une énergie considérable à promouvoir l’allemand.
C’est amusant, mais aujourd’hui même j’ai eu connaissance d’une pétition initée par les professeurs d’allemand de l’Académie de Versailles contre la disparition de l’allemand (mesopinions.com)…
Juste un petit moment de détente:
« la sécurité de l’emploi » par les Fatals Picards.
dailymotion.com/visited/sear … de-lemploi
le son n’est pas terrible.Vous pouvez trouver les paroles sur:
Merci, cher Michelmau, pour ce petit moment récréatif ! Le texte est plein d’humour … Et tout cela est tellement vrai ! javascript:emoticon(‹ :alld: ›)
hallo !
Bien cordi’allemand à vous
Merci à vous également, Margotte, pour votre message et pour les références de la pétition des profs d’allemand de l’académie de Versailles (dont je fais partie). Je n’en avais pas entendu parler et me suis empressée d’aller la signer à mon tour.
Bien cordi’allemand à vous
Le problème de la langue allemande est qu’elle est une langue très peu attractive, démodée et réputée difficile (ce qui est vrai soit dit en passant, à comparaison des langues latines, une belle facilité pour des élèves qui en demandent toujours moins).
J’ai en plus lu une étude sur les langues européennes et les européens, et une personne va essentiellement choisir une 2ème langue, non pas dans l’idée d’avoir un plus sur son CV, mais bien dans une idée de vacances, alors que l’on répète sans arrêt que l’allemand est une clef importante sur le marché de l’emploi français. Et tout le monde sait que l’Allemagne est un territoire inconnu pour un bon nombre de Français, sachant qu’ils persistent encore aujourd’hui de nombreux préjugés et que les Français ne savent (dans sa majorité, vieux comme jeunes) vraiment rien sur son voisin le plus proche relationnellement parlant.
Ce que je n’ai d’ailleurs pas fait, merci de rendre à César ce qui appartient à César.
Je réitère donc ma question : quelle est alors la politique qu’il faut selon vous mener ?
Pouvez-vous expliquer comment plus précisément ? Comment se passe l’enseignement des langues à la primaire ? Je me demande également : combien d’écoles primaires on concrètement la possibilité de proposer un vrai choix pluraliste de langues ? (car j’imagine que c’est bien cela que vous proposez, vous qui défendez le droit des enfants au choix ?) Comment « oblige-t-on les élèves à continuer l’anglais » au collège, précisément, comme nous en a parlé Electre ? Je suis curieuse, car pour autant que je sache, jusqu’à présent, c’étaient les élèves et leur familles qui décidaient de la langue qu’ils apprenaient, donc ça m’intéresserait de savoir s’il y a de nouvelles lois ou circulaires…
On est bien d’accord, mais qu’est-ce que le rectorat ou le ministère ont à voir là-dedans ? Cette mauvaise image est tout de même due à deux facteurs principaux :
- le passé de l’Allemagne : là, désolée, on a plus les responsables sous la main pour les châtier !
- des générations d’élèves dégoûtés de l’allemand par un enseignement inaproprié, qui propagent la légende de l’allemand difficile
Donc, si vous voulez vraiment commencer à détailler les responsabilités, il faut aussi que chacun balaie devant sa porte.
Enfin, il y une chose que je n’ai pas comprise : puisque vos propos n’ont strictement pas le but de protéger vos intérêts personnels, mais uniquement ceux des élèves afin de leur proposer la meilleure offre de langues possible, pourquoi ne vous entends-je pas déplorer l’absence de classes de chinois ou d’arabe, qui ont au moins autant, si ce n’est plus de légitimité à être enseignées en France que l’allemand
Et encore, ça n’est vrai que dans une certaine mesure…
Et qu’ils sont mal inspirés ! Franchement, je ne croyais pas que c’était si grave, mais là, l’entreprise où je travaille a besoin de recruter des germanistes, on ne reçoit presque aucune candidature, j’aurais jamais cru voir ça alors que le marché de la trad est hypersaturé (d’ailleurs, on est inondés de candidatures anglais, anglais-espagnol, anglais-italien, mais anglais-allemand, rien !)
Sachant en plus que l’Allemagne est le premier partenaire économique de la France et que l’on estime à plus 600 000 salariés franco-allemands et 4200 entreprises bilatérales (Source : Institut de l’économie allemande de Cologne), on comprends que la demande est forte !
primlangues.education.fr/php … iciels.php
Le problème réside dans l’application de ces textes sur le terrain. Concrètement, cela se solde par une surreprésentation de l’anglais en primaire.
Cela peut s’expliquer par le désir des parents, le manque d’intervenants dans les autres langues, des problèmes organisationnels, un manque d’impuslion de la part des directeurs d’école…
J’ai eu connaissance de situations ubuesques montrant la mauvaise volonté de certains directeurs d’école ou inspecteurs. Une institutrice ayant l’agrément d’allemand qu’on envoyait dans une autre école pendant qu’un autre intervenant extérieur enseignait à ses classes. L’année suivante, on lui a demander d’enseigner l’anglais…
Je ne prêche pas que pour ma paroisse (tombons les masques, je suis moi aussi prof d’allemand ). J’aimerais une réelle diversité dans le choix. Et plutôt qu’un enseignement précoce d’une langue, je priviligierais une initiation à différentes langues. Ainsi, les enfants auraient réellement le choix.
Tout simplement en disant aux parents qu’il n’y a pas de section d’allemand (car le choix de la 1ère langue se fait souvent entre l’anglais et l’allemand, l’italien et l’espagnol n’étant présents que dans les académies frontalières)., ainsi on n’en ouvre pas, en prétextant un nombre d’inscrits insuffisant (or, il n’y a aucun chiffre précis quant à l’ouverture ou la fermeture d’une classe).
Rien, je pensais plutôt aux médias, mais aussi à certains professeurs (d’allemand ou d’autres matières).
Mais certains responsables sont bien présents… Je pense notamment aux programmes d’histoire qui donnent une large place à la période nazie, les élèves ne garderont souvent en mémoire que cette image de l’Allemagne. Avant/ après: ça n’existe pas! Image reléguée par la télévision et les films de guerre (c’est moche l’allemand, ben oui, quand c’est un ordre « beuglé », c’est pas beau)…
Tout à fait d’accord, mes prédécesseurs ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis et je ne les en remercie pas. Mais sur le terrain, les choses changent, notamment les méthodes. Malheureusement, si on n’a pas d’élèves en face avec qui les appliquer, on fera peu d’émules.
J’ai plus ou moins déjà répondu à cette question plus haut. Je ne porterai pas de jugement sur la légitimité d’apprendre telle ou telle langue plus qu’une autre. J’ai juste des arguments pour dire qu’apprendre l’allemand n’est pas inutile non plus (et les réponses sur ce fil le montrent: on a besoin de « germanistes »). Apprendre une langue doit aussi être un choix de « plaisir ».
Le GROS problème, à mon avis, réside dans le fait que les langues sont devenues le parent pauvre de notre système éducatif. Le choix s’est restreint et on va vers une homogénéisation (plus ou moins forcée) : anglais/ espagnol pour tout le monde. Les horaires ont fondu comme peau de chagrin, savez vous qu’en terminale scientifique par exemple les élèves n’ont plus que 2 heures de langue par semaine en LV1!!!
amic’allemand
margotte
PS: je reste ouverte à la discussion…
pas seulement en terminale… en classe de 3e dans mon collège, on a plus que 3h d´allemand par semaine contre 5h en 6e !
je crois que c’est normal Süssigkeit, c’est parce qu’en 6ème tu n’as qu’une seule langue… alors que tu en as 2 (voire 3) en 3ème
Pour ma part, et si je peux me permettre, je pense que la baisse d’effectifs en cours d’allemands tient à plusieurs facteurs (pour ma région du moins)
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effectivement les idées ont la vie dure, et les élèves sont des fainéants… l’allemand étant plus dur que l’Anglais… les élèves choisissent l’Anglais
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L’anglais étant "soit-disant"une langue internationale,les parents choisissent l’anglais pour leurs enfants, en se disant "ils pourront se débrouiller partout où ils iront " (ben té… mon oeil !!! )
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dans ma région, nous ne sommes pas des frontaliers (hormis avec l’océan ) L’Espagne est à 400 km, il est donc plus facile de choisir espagnol en 2ème langue, que l’allemand, simplement par choix de « situation géographique ».
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aucune promotion de l’allemand n’est faite dans ma région ! Je suis à 10 km du collège où j’allais quand j’étais ado… ils enseignent toujours l’allemand, mais jamais sur le quotidien du secteur, je ne vois d’article parlent des échanges scolaires (qui existent encore ! je le sais ! ), des cours d’allemands dispensés etc etc etc …
Et pourtant il y a un énorme manque d’informations puisque énormément de châteaux viticoles réputés recherchent des hôtesses d’accueil, des guides touristiques parlant parfaitement l’allemand, afin de s’attacher une clientèle allemande de plus en plus intéressée par les vins du bordelais. Les Campings de la côte océane recherchent chaque année, des étudiants parlant l’allemand… et n’en trouvent pas (ou très peu ! ). donc même chez moi, le manque est visible, mais rien à faire… les parents d’enfants rentrant en 6ème ont eu une très mauvaise expérience de l’allement quand ils étaient ado… et n’ont pas envie que leurs enfants vivent la même expérience… d’où la direction vers l’anglais…
pour ma part, mon allemand serait nettement meilleur… si j’avais eu des profs passionnés par cette langue, au point de me transmettre leurs passions… Ce ne fut malheureusement le cas qu’en classe de première, et c’était trop tard pour rattraper toutes mes lacunes…
Quand on dit aux parents qui inscrivent leurs enfants en sixième que la section d’allemand n’existe pas, qu’elle est en phase d’être fermée ou bien que les voyages scolaires ne se font qu’en Angleterre et en Espagne… et ben ils inscrivent pas leur gamin en allemand.
Je trouve que vous sous-estimez le travail de sabotage par les établissements pour lesquels les langues non-massives se résument surtout à des problèmes administratifs à régler.
Parfaitement d’accord avec toi, Elie, je n’osais pas le dire aussi haut et fort.