On avait parlé dans un autre post (à propos de ß ou ss) de l’expression:« damit basta/point,à la ligne-point barre ».Avec l’ouverture des frontières,la circulation des individus,des expressions étrangères s’imposent .On connait,depuis Goethe (Voyage en Italie),l’attirance des Allemands vers l’Italie.Il est vrai qu’elle s’est,ces dernières années,déplacée vers l’Espagne.
Certaines expressions italiennes,je pense à"picobello" et à "alles Paletti"se sont intégrées à la langue allemande moderne.
En connaissez-vous d’autres?
Moi, je suis hors jeu, puisque l’italien fait partie de notre quotidien dialectal, au même plan que le français pour les Alsaciens. Comme je l’avais mis comme première devise: Ollm daitsch bleibm fratelli!
Bon, pour commencer, il y a toute la cucina italiana, bien sûr, qui est tellement « germanisé » (et « mondialisé ») qu’on ne traduit plus depuis longtemps
pizzaspaghettivongolezucchiniaglioeoliopastacarbonarabologneserisottopolentafunghiboccalino
avec mention spéciale pour Chianti (et Chiasso, ville frontalière suisse) qui sont souvent prononcés Tschianti et Tschiasso par des Allemands.
Après, pour la Suisse alémanique (parait aussi pour l’Autriche?), me vient d’abord à l’esprit une expression - insultante (genre « sale rital »), qui a ses origines au 19eme siècle mais qui s’est répandu avec les grandes vagues d’immigration italienne dans les années 50/60, les italiens ayant été les premiers « autres » qu’on pouvait « haïr » pour se distinguer (mécanisme horriblement universel, hélas).
C’est le mot Tschingg (pl: Tschingge) de.wikipedia.org/wiki/Tschingg
Mis à part le fait que c’est toujours considéré insultant (au moins si les Italosuisses ne l’utilisent pas eux-mêmes), Tschingg a une belle étymologie, il parait que ça vient de l’expression cinque (cinq) a la morra, qui était prononcé par ces immigrés pendant leur jeu de morra « étrange », et qui se transformait dans la bouche des alémaniques en Tschingg.
Comme de racisme ordinaire touche toujours les derniers-arrivants, l’expression (et les sentiments qui allaient avec) se perd un peu (les Italiens sont entretemps considérés des gens « normaux »)
Perso j’aime bien l’expression Tschingge-Bombe (à utiliser de préférence en présence d’amis italo-suisses ) pour désigner la petite machine à café italienne simple et pratique genre colloc étudiant (vapeur- explosif ), qu’on pose directement sur le feu.
Le Ciao, prononcé Tschau, est en usage, c’est bon pour éviter le Tschüss qui vient du nord. Nos amis wurttembergeois y ont mis leur diminutif, alors là, on entend parfois « Tschaule ».
Puis il y a toutes ces sortes de café: Cappucino, Espresso, Caffe latte, Latte macchiato…
justement Cri-zi !
macchiato c’est quoi comme café ? dans une chanson des Wise Guys, ils disent ça,
Sie lachen und sie klatschen und sie tratschen und sie reden
über Lust, Frust, Männer, Kinder, Jobs und über jeden,
der auf der Straße vorm Café entlangspaziert.
Die ganze Nachbarschaft wird gekonnt analysiert.
Süßstoff im entcoffeinierten Macchiato,
zwischendurch Gelächter in gestochenem Vibrato,
dann nur ein Flüstern in verschwörerischem Ton,
Marlboro lights, ein halbes Teilchen mit Mohn.
Da sitzen sie und schnattern, und das tun sie wohl noch lange,
und wenig unterscheidet sie von Hühnern auf der Stange.
Ihr habt sie sicher schon gesehen, ihr kennt sie schon:
Das sind die Mädels von der Geflügelfraktion.
là aussi, vibrato, macchiato…
si vous voulez entendre du très bon allemand, par de supers chanteurs, a cappella (mot latin!) avec de la musique jazz-pop…
foncez ! les Wise guys aus Köln !!! j’adore !!
Pour latte macchiato - parlant sous le contrôle de Oschpele macchiato veut dire « sali/taché » donc littéralement c’est du lait « taché » (par des gouttes de café) à l’inverse il y a aussi le caffè macchiato (avec une goutte de lait). fr.wikipedia.org/wiki/Latte_macchiato
Autres mots italiens: une grande partie de la terminologie de la musique classique bien sûr est d’origine italienne et est utilisé en tant que telle en allemand:
andante, pizzicato, vibrato, grave, allegro (ma non troppo, molto vivace, con brio, mosso…) etc, etc
Puisque nous sommes dans le royaume de la musique, n’oublions pas certains noms d’instruments:
- le violoncelle, das Cello (pl. Celli), qui est en fait un faux italianisme, puisqu’en italien on dit violoncello
- le clavecin, das Cembalo (pl. Cembali), qui était à l’origine un clavicembalo, d’où clavecin, mais le terme italien cembalo est utilisé aujourd’hui dans le sens de clavecin, sans doute sous l’influence de l’allemand.
- la viole, die Viola (pl. Violen), de l’italien viola.
Il y en a certainement d’autres, mais je ne les ai pas à l’esprit pour le moment.
Dans l’alpinisme, mise à la mode dans les Dolomites pendant la Première Guerre mondiale, l’incontournable (au sens propre du terme!) Via ferrata, un ensemble d’échelles de fer et de câbles qui permettent de franchir une paroi verticale.
Parfois nommé Bratsche - ce qui est d’ailleurs un autre emprunt à l’italien: viola da braccio (bras), même chose pour viola da gamba (jambe), qui devient en allemand Gambe.
Merci pour le renseignement,nebenstelle.Je ne savais pas que « Bratsche »,qui désigne le violon alto,venait de « braccio ».
Et pour celles-ci, tu peux éclairer nos lanternes ignorantes ?
Ok;picobello=top,spitze,super
Alles paletti;alles in Ordnung,alles in Butter.
Origine de la seconde expression assez peu claire:
merci !
Eh be…ça va vite!!!
Je pense que la deuxième expression n’est pas italienne, même si elle sonne telle. En particulier, j’ai lu les explications sur le site dont tu nous a donné le lien, et je pense qu’il faut faire attention au sens de"paletta" en italien. Farbpalette se dit en effet « tavolozza », alors qu’il me semble que « paletta » a acquis cette signification seulement récemment, suite à la diffusion des logiciel de grafique et photoretouche.
Picobello est un terme hybride. -bello est visiblement un adjectif italien, auquel se soude une forme italianisée du terme (bas) allemand piek-, emprunté à la langue des marins et déjà utilisé pour former l’adjectif piekfein.
Il y a aussi des expressions figées comme in petto haben ou Paroli bieten. La deuxième est passée dans la langue allemande par le biais du français, mais vient en fait d’un mot italien aujourd’hui complètement désuet (« parolo »), qui signifiait « mise » (au jeu).
Puisque nous parlons d’argent, l’italien de la Renaissance a influencé aussi bien le vocabulaire allemand que français, à commencer par la banque, ou Bank (de banco, comptoir), où le client dispose d’un Girokonto (compte courant) et peut bénéficier d’un Skonto (escompte).
Bien vu ! D’ailleurs, je pense aussi à Kasse (de « cassa »), dont il existe en Autriche la variante Kassa, encore plus proche de la prononciation italienne.
Je signale en outre cet article de Wikipédia allemand sur les italianismes.
J’ai l’impression que les locuteurs allemands font assez d’effort pour respecter la prononciation d’origine des mots d’emprunts, mais même avec toute la bonne volonté, il est des mots que les allemands prononcent à leur sauce, comme Radicchio (salade trévise), qui en italien se prononce [ra’dikio], tandis que les allemands disent systématiquement [ra’diʧo]. Peut-être parce que le son /ʧ/ leur paraît plus italien ?
Il faut aussi être prudent, car aux emprunts ont souvent fait suite de petits glissements sémantiques. Par exemple, en Italie, lorsqu’on commande un caffè, il va de soi qu’il s’agit d’un Espresso. Pour un grand café, il faudra préciser : caffè lungo (allongé) ou caffè americano, selon le cas. En Allemagne, c’est plutôt l’inverse : si vous voulez un Espresso, ne commandez pas de Kaffee !
L’on peut pousser le jeu des faux amis jusqu’à l’exemple, particulièrement traître, des poivrons: peperoni en italien et Paprika en allemand ; alors que Peperoni en allemand signifie « piment ». Et dévinez comment on dit « piment » en italien ? Comme fait exprès, paprika (ou, éventuellement, peperoncino). Cela risque de causer des ennuis en cuisine…
Par ailleurs, peperoni en italien est la forme du pluriel (masculin). En allemand c’est la forme et du singulier et du pluriel. Il s’agit en outre d’un substantif féminin. Les substantifs empruntés qui, comme Salami, suivent ce schéma ne sont pas rares. C’est d’ailleurs un phénomène qui intéresse également la langue française (cf. panini).
Il me revient à l’idée cette salade que les Français appellent roquette ,qui faisait d’ailleurs partie de l’ordinaire des Romains;les Allemands ne l’appellent-t-ils
pas de son nom italien « rucola »,à côté du mot alld assez rare me semble-t-il:« Rauke »(apparamment même étymologie.)?
A propos de café en Italie, dans les années 70, les restaurateurs sud-tyroliens mettaient bien en évidence « Deutscher Kaffee » pour ne pas dépayser les voyageurs qui s’aventuraient outre-Brenner.
A noter aussi ce faux italianisme très courant en Allemagne « uno momento » (la forme de l’article indéfini uno n’a pas de raison d’être ici). C’est comme pour les mots et noms propres français, où l’on ajoute toujours un accent pour péter plus haut que son cul en montrant qu’on possède le français à fond (ah, l’éternelle « Cathérine Deneuve »… ).
Pour en revenir au domaine culinaire, les Autrichiens mangent leurs pâtes « mit Sugo » (de sugo, jus, qui prend la signification de sauce).
Tu as raison, michelmau, Rauke est le mot allemand, rucola le mot italien pour la même plante. Mais italienne ou allemande, je la trouve amère.
Et, dans la même série, il y aussi null Problemo (en italien, comme en espagnol, le mot « problème » se traduit en fait par problema).