Je pense que « Hallo » s’utilise comme « Hello » en anglais et n’a donc rien de familier. En revanche, l’interlocuteur doit « accepter » les simili-anglicismes.
Bref, il y a 30 ans, on ne le disait pas à ses parents. Aujourd’hui, oui, mais pas à ses grand-parents. Question de génération…
Sinon, je me souviens du « Murja » luxembourgeois, qui, je pense, est une vraie déformation de « Morgen » et non-pas de « Moin ». A partir de midi, on passe à « Metsch » (Mittag).
A mon avis, il vaut mieux courir le risque d’être plus (voir trop) poli que pas assez.C’est vrai que le passe-partout « Hallo » a tendance à se généraliser.
Je travaillais souvent avec mes élèves de 4è et de 3è avec des vidéos d’une série allemande que certains d’entre vous connaissent peut-être, et qui avait pour titre « Anna, Schmidt und Oskar ».Anna (environ 18 ans), Herr Schmidt, un vieux Monsieur (voeuf ou célibataire) âgé d’environ 70 ans et Oskar, le chien.
Chaque fois qu’Anna venait voir Herr Schmidt, elle le saluait d’un « Hallo », à quoi Herr Schmidt répondait toujours, l’air un peu choqué :« GutenTag,Morgen ou Abend », selon le moment de la journée.
Quand elle quittait Herr Schmidt, elle le gratifiait toujours d’un :« Tschüüß! », auquel Herr Schmidt répondait toujours avec le même air légèrement choqué, « Auf Wiedersehn! ».
Je ne manquais pas de faire remarquer cela à mes élèves et de leur demander toujours pourquoi le vieux Monsieur corrigeait ainsi la jeune demoiselle.
Moi, je me « trompe » souvent. Je dis « Hallo » et l’autre me répond « Guten Tag » ou vice versa. Nous assistons à un changement, et alors il y a toujours incertitude. D’ailleurs, je suis bien contente si mes élèves me disent « Hallo » au lieu de rien du tout. Peut-être la Frontière entre les Hallo-iens et les GutenTag-iens est identique avec celle entre les 68ards et ceux avant.
Il y a des écoles où les profs ont droit à un langage carrément familier. Les jeunes générations n’apprennent plus vraiment les niveaux de langue, ils y sont brutalement confrontés de temps en temps mais ce n’est plus aussi naturel. Les vieux se prennent volontiers pour des jeunes, et tiennent beaucoup à partager la langue des jeunes - pour se croire plus proche de leurs élèves, je suppose.
p.s. Pour moi, un vieux est un prof de tous âges, ce qui fait aussi de moi un vieux, sauf que moi, j’aime qu’on me vouvoie.
Un petit jeu très marrant auquel j’aime me livrer quand je suis en balade sur les chemins de la Forêt Noire (coin de Kirchzarten, Oberried).Quand je croise d’autres promeneurs, je les salue indiféremment d’un « Tag, Grüß Gott, Hallo…et même parfois Grüezi », et j’observe les réactions et les réponses.On remarque tout de suite, avant même d’ouvrir la bouche, ceux, (ils sont heureusement très rares), qui ne daigneront pas répondre.
Par contre, j’ai toujours été frappé par le fait (conscient ou inconscient chez la personne croisée) que j’obtiens très rarement la même salutation que celle que j’ai prononcée…Hasard???Je ne saurais dire.
En foret noir,lorsque je disait « guten tag »,souvent la reponse etait « bonjour » .je pense que les gen t´on identier comme français,et repondent autrement par jeux de mots.
Il faut dire qu’en Forêt Noire et aux alentours, les garnisons françaises étaient légion. Et quand un Français dit « Guten Tag » (de préférence prononcé « Goutênne Tagueu »), c’est très caractéristique!
Moi, je dis moin (moin) à tout le monde, même en Suisse. Ca évite que les gens ne prennent trop d’aise avec leur dialect. On ne me parle pas n’importe comment, à moi… Si vraiment je veux provoquer, je dis allegra en romanche, ce qu’un vrai Rhétoroman ne ferait jamais.
C’est drôle ce que tu rapportes, car en tant qu’étrangers en Allemagne, cela nous arrive tout le temps : quoi qu’on dise, 9 fois sur 10 la personne en face répond autre chose. A moi, ça ne me fait pas de souci, mais mon mari en est tout bouleversé, il pense toujours avoir fait une gaffe. Ca rassure, ton témoignage !
Je viens de faire une experience similaire dans le cadre de l’experiment réalité « nebenstelle chez les autrichiens ».
Etant sûr que tout Autrichien qui se respecte doit dire « (auf) Wiederschau’n » je fais pareil et on me répond à coup sûr « (auf) Wiederseh’n ». Quand je m’adapte et dis « Wiederseh’n » à mon tour, la réponse est trois fois sur quatre « Wiederschau’n ».
Pour la Suisse, il faut penser à un phénomène psychologique particulier. Le Suisse qui entend un Grüezi mal prononcé a immédiatement un flash cognitif, une alarme interne qui retentit : « ETRANGEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEER ». Le réflexe conditionné du Suisse face à une telle alarme est le Hochdeutsch. Et il a déjà sorti son « Guten Morgen » alors qu’il ne le dit jamais dans sa vie quotidienne. Ce sont des années de travail admirable fait par les profs jour après jour qui montre sa redoutable efficacité.
Quant aux Autrichiens, il me semble, après étude approfondie que dans la partie tyrolienne du pays la probabilité d’une réponse identique « Wiederschau’n » sur « Wiederschau’n » est la plus grande.
de toute façon, j’avais un taux de réussites inespéré à Innsbruckchchchch ← j’adore leur manière de prononcer les k (en fait, ils font comme nous )
Il y a ce flash cognitif certes, mais il y a aussi deux autres elements qui entrent en jeu, un element géographique et un élément, comment dire, socio-psychologique…
géographique: Justement à Bâle par ex. le Grüezi n’est pas traditionnel, on dit (devrait dire), comme les Badois voisins mentionnés par cri-zi plus haut dans ce fil: Guete Daag, Guete Morge, Guete’n Obe. A Berne, c’est plutôt un Grüess-ech (Grüss Euch). Tandis que dans quelques régions plus « primitives », c’est (c’était) (Guete) Tag wohl.
socio-psychologique: Il peut y avoir une connotation Zürico-Agglo-Mittellando-Banalité dans ce Grüezi omniprésent. IL y a donc des Suisses qui soignent la difference en se rappelant les formes traditionnelles de leurs régions, si toute fois il y en a (voir plus haut).