"L’abandon du nucléaire et le passage aux énergies vertes en Allemagne connaissent des ratés : appel à l’électricité autrichienne, industriels se plaignant de coupures de courant, éoliennes au chômage technique… Le nucléaire pesait en 2010 quelque 22 % de sa production d’électricité.
Recours aux centrales autrichiennes
Après l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, l’Allemagne a décidé d’arrêter immédiatement ses 8 plus vieux réacteurs nucléaires et de condamner les 9 autres d’ici la fin 2022. Le pays dépend depuis davantage de l’étranger pour se fournir en électricité. Sur les dix premiers mois de 2011, les importations d’électricité ont grimpé de 16,7 % sur un an, tandis que ses exportations ont reculé de 8,5 %.
L’Allemagne a eu besoin début décembre de solliciter en urgence des centrales autrichiennes à gaz et à fioul.
Le gestionnaire de lignes électriques Tennet a pris cette mesure « par précaution ». « Il s’agit de la première et seule fois », a-t-il assuré, en déclarant qu’il n’y avait pas eu de « danger immédiat pour la sécurité énergétique »."
Déséquilibre entre les régions du Nord et du Sud
Ce qui pose problème à l’Allemagne est la répartition de la production de l’électricité. Les éoliennes sont concentrées dans le nord tandis que l’activité industrielle est dans le sud, tout comme les centrales nucléaires condamnées.
Stopper les éoliennes pour éviter que les « plombs ne sautent »
Le pays manque de lignes à haute tension pour corriger ce déséquilibre et doit souvent immobiliser ses éoliennes pour éviter que les « plombs ne sautent ». Le nombre d’arrêts forcés d’éoliennes en Allemagne a quasiment quadruplé en 2011 par rapport à 2010, rapportait récemment la fédération des énergies renouvelables BWE.
Le gestionnaire de réseau Tennet a lui dû prendre à 990 reprises en 2011 des mesures exceptionnelles pour stabiliser le réseau, contre 290 fois en 2010. Ces mesures peuvent être par exemple le report de travaux de maintenance.
Coupures de courant dans les usines
La fédération des industries fortement consommatrices d’énergie (VIK) a interpellé l’agence gestionnaire du réseau. Une multiplication de mini-coupures de courant a été constatée. Elles causeraient parfois d’importantes perturbations dans des usines. « La question est de savoir si cela a un rapport avec l’abandon accéléré du nucléaire », a dit le porte-parole de l’Agence, qui étudie encore le phénomène. À noter, le pays n’a pas eu recours aux mesures drastiques, comme couper autoritairement le courant à des industriels.
Situation à la normale d’ici 2 013
L’Agence a déjà prévenu qu’il faudra attendre 2 013 pour que la situation se détende, grâce à la construction de lignes à haute tension et de nouvelles centrales à gaz"
source: « Ouest France » 5/1/2012