Afin d’éviter les confusions avec le nouveau « Abibac » (créé en 1994), j’ouvre ce topic pour vous présenter le Baccalauréat franco-allemand (que je connais très bien puisque je l’ai passé en 1982 - mon dieu que le temps passe vite).
Le Baccalauréat franco-allemand
Le Baccalauréat franco-allemand se prépare dans un Lycée franco-allemand à Saarbrücken (Allemagne), à Freiburg (All) ou à Buc/Versailles (France).
Qu’on le passe en Allemagne ou en France, c’est un diplôme qui est reconnu de droit en Allemagne et en France.
Principales caractéristiques du « bac franco-allemand »
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C’est un Baccalauréat d’excellent niveau (cf. ci-dessous les mentions obtenus par les promotions d’élèves diplômés) puisque les bacheliers ont, entre autres, une connaissance très approfondie de la langue et de la culture du pays partenaire.
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Cet examen confère à ses titulaires toutes les prérogatives attachés au Baccalauréat français en France et à l’Abitur allemand en République Fédérale d’Allemagne. Ainsi les titulaires du Baccalauréat franco-allemand de nationalité autre que française sont admis dans les universités et les classes préparatoires françaises au même titre que les bacheliers français. De même, le Baccalauréat franco-allemand permet l’accès à tous les établissements allemands d’enseignement supérieur.
Il permet donc de s’inscrire directement dans n’importe quel établissement d’enseignement supérieur en Allemagne ou en France, sans avoir besoin de demander d’équivalence, ni même devoir passer les tests de langues qu’exigent par exemple les universités allemandes de leurs étudiants étrangers (en effet, si vous voulez vous inscrire dans une université allemande et que vous n’avez pas le Abitur, il vous faudra passer des tests de langue obligatoires).
Deutsch-Französisches Gymnasium (DFG) ou Lycée franco-allemand (LFA) :
Les lycées franco-allemands (deutsch-französischen Gymnasien (DFG) en allemand) sont des établissements binationaux d’enseignement public de haut niveau.
Ils en existe 3 dans le monde :
- Le premier a été fondé en Allemagne en 1961 : Le DFG de Saarbrücken en Saarland (fr. : Saarbruck, en Sarre, Allemagne)
- Le deuxième a été fondé en Allemagne également, mais en 1972 : Le DFG de Freiburg en Baden-Württemberg (fr.: Fribourg, en Bade-Wurtemberg, Allemagne)
- Le dernier a été fondé en France en 1975 : Le lycée franco-allemand de Buc (Yvelines, France).
Ces 3 lycées franco-allemands délivrent tous le même diplôme appelé baccalauréat franco-allemand.
Les filières (Zweige) du baccalauréat franco-allemand :
De nos jours il semblerait (d’après les informations trouvées sur Wikipédia) qu’il existe 4 filières : séries S1 (Maths-Physique), S2 (Chimie-Biologie), L et ES.
Dans le temps (quand je l’ai passé) il n’existait que 2 filières (zwei Zweige) : ein sprachlich-philosophischer und ein mathematisch-naturwissenschaftlicher Zweig. Dans le langage courant on disait « une filière littéraire » et « une filière scientifique ».
Origine historique :
Les 3 lycées franco-allemands ont été créés suite à la signature du Traité de l’Élysée, signé le 22 janvier 1963 par le président français Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer.
Ce traité constitue la base d’un important projet entre l’Allemagne et la France. Il ne s’applique pas seulement aux domaines politiques, mais également au domaine culturel. En effet, les deux pays s’engagent chacun à développer l’enseignement de la langue du partenaire.
Les DFG/lycées franco-allemands constituent l’aboutissement de ce travail commun.
A savoir : le DFG de Saarbrücken était à l’origine un lycée français (le lycée Marechal Ney), qui a été complètement transformé en lycée franco-allemand grace à un travail de pionnier et sans précédent. C’était en effet le premier en son genre - on n’a pas pu recourir à un précédent puisqu’il n’en existait pas. Ce formidable travail de pionnier a été mené conjointement par plusieurs équipes de spécialistes, de pédagogues, de professeurs, issus autant d’Allemagne que de France.
Autre particularités des DFG/LFA :
Afin de vous montrer la particularité des lycées franco-allemand, je vais vous présenter celles du DFG de Saarbrücken, puisque je le connais particulièrement bien :
Il faut savoir que le DFG/LFA de Saarbrücken est un établissement public allemand (du Land de la Sarre).
Il faut donc bien le distinguer des autres établissements comme par exemple les lycées français en Allemagne, qui eux sont des établissements publics de l’Etat français.
Autrement dit : c’est un établissement qui est soumis à la législation allemande (sarroise en l’occurence puisqu’en Allemagne ce sont les Länder qui sont en charge de l’éducation) en matière de droits et devoirs des élèves (qui sont donc soumis aux même droits et devoirs que les Allemands qui vont dans d’autres écoles en Sarre), en matière de droits et devoirs des enseignants, mais aussi en matière de vie scolaire, de passage des classes, etc.
Autre particularité :
Il y a autant de professeurs de nationalité allemande que de professeurs de nationalité française.
Les premiers sont payés par l’Etat allemand ; les seconds par l’Etat français.
Et le directeur est allemand, tandis que le directeur adjoint est français.
Un cursus franco-allemand qui débute très tôt :
Le DFG comporte un premier et un second cycle franco-allemand.
Autrement dit : le cursus franco-allemand n’est pas limité au lycée, ni à une ou deux années avant le Bac/Abitur, mais commence dès le CM2, voire même dès la primaire dans certains cas.
On a la possibilité d’entrer au lycée franco-allemand dès l’école primaire et de suivre la Grundschule dès l’âge de 5 ou 6 ans.
Autrement dit : les élèves sont confrontés dès leur plus jeune âge à la culture franco-allemande, et se retrouvent dès le plus jeune âge avec des élèves du pays partenaire.
Deux sections : la section française et la section allemande :
Il existe deux sections : une section française (pour les français) et une section allemande (pour les allemands).
La différence entre les deux n’est pas énorme puisque les élèves peuvent passer d’une section à l’autre sans grande difficulté puisque les programmes d’enseignements sont quasiment les mêmes.
De mon temps, nous étions une vingtaine d’élèves en section française et une quarantaine en section allemande. Et nous étions mélangés puisque non seulement nous avions plein de cours en commun, mais en plus il y avait des Français dans la section allemande et des Allemands dans la section française.
Des programmes d’enseignement franco-allemands :
Les programmes d’enseignement (communs aux 3 lycées franco-allemands) sont mis au point en commun par des spécialistes des deux pays.
Je vous présenterai plus loin les matières enseignées, etc.
De véritables établissements d’excellence :
A titre d’information : Bon an mal an, donc en fonction des années/promotions, il y a en moyenne entre 15 et 25% des élèves qui obtiennent leur baccalauréat franco-allemand avec une mention Très-Bien, entre 30 et 45% qui obtiennent la mention Bien, et le reste obtient une mention Assez-Bien. Les élèves n’obtenants aucune mention sont rares.
A mon époque, sur 30 élèves de la section française (nous étions répartis en 2 classes de 15 élèves), il y a eu 7 ou 8 mentions Très-Bien, une quinzaine de mentions Bien, et le reste… Ca vous montre le niveau…
D’après les informations de Wikipédia, le DFG de Buc serait l’un des meilleurs lycées de France et 21 à 23% de leurs bacheliers obtiendraient chaque année la mention Très-Bien, plus les bons résultats au Concours général des Lycées, etc.
Des règles contraignantes et exigeantes :
Les lycées franco-allemands accueillent principalement sur concours (si on entre très tôt, en primaire ou CM2, on peut être dispensé dans certains cas de concours).
Les DFG accueillent des élèves désireux d’acquérir une connaissance très approfondie de la langue, de la littérature, de l’histoire, des institutions, et d’une manière générale, de la culture de nos deux pays.
Cela suppose de la part des élèves une participation très active et un engagement personnel sincère. Pour les élèves les plus jeunes surtout, l’appui de la famille sera du plus grand bénéfice.
Une autre règle très exigeante : Les matières sont notées sur 10 (comme dans certaines écoles européennes), et la moyenne minimum à obtenir n’est pas de 5 mais de 6. Autrement dit : le niveau de la moyenne obligatoire a été mis à 6/10 dans toutes les matières ainsi que pour le passage en année supérieure.
Le règlement de passage de classe est relativement contraignant : un 1er échec scolaire est toléré (dans certaines limites), mais dès le deuxième échec scolaire, les élèves sont exclus d’office et ne pourront plus jamais revenir se présenter…
Une des particularités au DFG : l’enseignement intégré :
Pour certaines matières, les élèves allemands et français sont regroupés en classes dites « intégrées » où ils suivent ensemble un enseignement dispensé, selon les disciplines, soit par un professeur allemand, soit par un professeur français.
Les matières intégrées sont nombreuses : géographie, biologie, histoire, musique, dessin, éducation physique, etc.
Et les matières intégrées sont dispensées très tôt : dès la sixième (parfois dès le CM2).
Horaire des cours :
De mon temps, les cours avaient lieu de 8h à 13h ou 13h30 du lundi au samedi. Une « période » (séquence d’enseignement) dure 45 minutes.
Certains cours ou des activités facultatives avaient lieu l’après-midi.
Voilà. Après deux heures de travail de rédaction de ce topic, je crois en avoir fait le tour. Si vous avez des questions ou si des points devaient être flous, n’hésitez pas à me demander !