Motiver les élèves à apprendre l'allemand !

Eh bien, tu dis « Les élèves espèrent apprendre les langues à l’école ; les profs pensent que leur rôle consiste à donner aux élèves les clés afin qu’ils puissent apprendre plus tard » : ce que je dis, c’est que la deuxième proposition est en vérité la seule réalisable dans le cadre de l’école, et que toute personne qui a travaillé un peu dans les langues le sait. Or, tu dis que ça n’est pas « clairement affiché », et ce que je dis, c’est que si ce n’est pas clairement affiché, c’est sans doute que pour les profs de langue, cela coule de source.

Je parlais surtout de ton anecdote vis-à-vis de ta femme :wink: Je me demandais si les directives existaient déjà à mon époque (2011 - 15 ans = 1996, donc en plein pendant ma scolarité), puisque je ne les ai pas ressenties personnellement :wink:

Bien sûr qu’elles existaient à cette époque- là. Tu as eu de la chance que tes profs aient fait ce qu’ils éstimaient indispensable.
:wink:

Pour mon cas personnel, c’est exactement ça. L’école m’a fourni les clés afin que j’apprenne plus tard. J’ai eu 7 ans d’allemand (LV1) qui m’ont appris les bases de vocabulaire, conjugaison, grammaire. Et j’ai vraiment appris à me débrouiller qu’en passant 2 ans en Allemagne pour atteindre un niveau que j’estimerais à C1. Mais je n’y serais jamais parvenu si je n’avais pas eu les bases de grammaire notamment. Il me paraît aberrant que ces « clés » ne comprennent pas de grammaire :crazy:

Puisque cela coule de source, je crois que les élèves le comprennent aussi et il est inutile de vouloir les motiver car ils savent à l’avance que l’école n’est pas à même de répondre à leurs attentes !

Plus sérieusement, il n’est pas juste de dire qu’on ne peut pas apprendre une LV à l’école sans nuancer avec les pratiques mises en place ici ou là. Il y a ce qu’il faut, aujourd’hui, pour amener les élèves à un niveau convenable pour la première langue (B1/B2 au collège, C1 au lycée).

1/ D’abord les dotations horaires pour une LV1 standard sont correctes

  • En primaire : 200 heures (1h30/semaine pendant 4 ans)
  • Au collège : 450 heures (3h/semaine pendant 4 ans)
  • Au lycée : 250 heures (2h30/semaine pendant 3 ans)

2/ Ensuite, le développement de la technologie, présente dans presque tous les foyers, rend les choses plus faciles

  • des vrais laboratoires de langue à la maison,
  • des téléphones portables plus performants que les laboratoires de langue dans lesquelles j’ai appris le russe à Kiev,
  • accès aux émissions VO à la télé en actionnant juste la télécommande,
  • communications téléphoniques avec l’étranger (presque) gratuites, etc.

Il est clair qu’il est, aujourd’hui, beaucoup plus facile et plus confortable d’apprendre les langues qu’il y a 20 ans. Il suffit juste de montrer aux élèves la voie et ils y vont tout droit !

tu crois qu’ils y vont tout droit ???
c’est pas facile de suivre un film en VO (même si c’est simple d’actionner la télécommande)…
c’est pas facile de téléphoner à l’étranger (et encore faut-il savoir qui appeler)…

Sincèrement j’ai l’impression que la génération actuelle est plus fainéante que celle d’il y a 25 ans… toute la technologie que ma génération n’avait pas (pour info promo bac 92), la génération actuelle l’a… mais ne s’en sert pas ! non pas parce qu’elle ne sait pas s’en servir… mais parce que c’est trop dur de regarder les Simpsons (tiens encore eux!) en Anglais… alors que l’on connait l’épisode français par coeur pour l’avoir vu au moins 8 fois.
c’est trop dur de parler une langue étrangère… les étrangers n’ont qu’à apprendre le français…
J’ai l’impression que la génération actuelle attend qu’on lui mette tout dans la main… sans jamais avoir rien fait pour l’obtenir…

je pense que les élèves motivés dans leur apprentissage, tel que le « petit » Heiko que l’on a sur ce forum, sont en voie de disparition… (mais mon avis n’engage que moi)

En même temps c’est pas en regardant la télé en VO ou en chattant avec l’étranger qu’on apprend une langue…
C’est comme ca qu’on la perfectionne.

D’abord faut apprendre les bases. Bref on tourne en rond!

oui on tourne en rond Nico…

parce que pour apprendre les bases… faut être motivés :wink:
soit on l’est « naturellement » et ça roule
soit on tombe sur un prof qui nous motive et ça roule…

soit… On apprend une langue simplement parce que l’on doit aller en cours…
et au bout de 7 ans de LV1 (que ce soit de l’anglais de l’allemand de l’espagnol ou du chinois) on est tout juste capable de sortir « Ich habe nicht verstanden »… :laughing:

Doudou : je ne suis qu’une ancienne élève parmi tant d’autres mais sache que j’ai fait 9 ans d’allemand… et les progrès les plus fulgurants que j’ai pu faire dans cette langue, furent… en classe de 1ère avec une prof super jeune et 9 élèves dans la classe…
et après… ma scolarité !! :laughing:

Et est-ce que c’est mal? Tu ne te souviens surement pas de tout le contenu des matières du collège.

A mon avis, le but est plutôt d’interesser les élèves pour qu’ils restent tranquilles (et peut être retiennent quelque chose) et que le prof puisse faire son cours dans de bonnes conditions et permettre aux élèves qui sont motivés d’apprendre aussi dans de bonnes conditions.

J’étais en train de me demander … Cette technique d’apprendre les langues sans grammaire … N’est ce pas une tentative de reproduction pas si bien réussi que ca de la Méthode d’Alphonse Chérel ?

C’est l’histoire d’Alphonse Chérel, né à Rennes en 1882, qui, une fois devenu bachelier, part gagner sa vie comme précepteur dans la Russie tsariste. Là, forcément, il apprend le russe. Puis, son métier le mène en Grande-Bretagne, où il se met à l’anglais, puis en Allemagne, où il apprend l’allemand bien sûr, puis en Grèce, où… Au fil des années, il acquiert de solides connaissances linguistiques et quelques convictions, pas moins solides : pour apprendre une langue, rien ne vaut la reproduction des conditions où, tout petit, nous avons appris la langue maternelle. Le principe, l’assimilation intuitive, de la méthode Chérel était né.

la-croix.com/article/index.j … rubId=4079

Bé, tu te contredis toi-même, l’ami !

Concernant le point 1/, on peut mettre même 1000 heures de cours, si les élèves dorment, ils ne sauront toujours rien au bout des 1000 heures. C’est d’ailleurs un peu ce qui se passe : notre maîtrise des langues est incroyablement faible par rapport aux nombre d’heures passées en cours.
Pour le point 2/, je ne vois aucun rapport avec l’apprentissage des langues à l’école, qui est ce dont toi et moi parlions ! (ou du moins, je croyais !)
Quant au niveau C1 au lycée, je ne voudrais pas te vexer, mais là je crois que tu rêves un peu : la plupart de mes camarades de fac ne dépassaient guère le B2 même après plusieurs années de fac…
D’ailleurs, moi-même, quoique professionnelle des langues, je ne pense pas dépasser le C1.

non bien sûr… Mais à mon avis, si 20 ans après, un élève se souvient plus du tableau de Medeleïev que de ses cours d’allemand, c’est probablement parce que la chimie le passionnait beaucoup plus…

et on en revient au sujet… Quoi faire pour passionner les élèves en allemand ?
Quoi faire pour qu’ils s’inscrivent en cours d’allemand ?

D’accord avec Sonka, niveau C1 en sortie de lycée, c’est du domaine du rêve (tout comme B2 au Collège :laughing: )

Par contre pas d’accord avec Kissou, j’ai l’impression que la génération actuelle de jeunes adultes autour de 22-27 ans parlent plus volontiers une langue étrangère que la précédente. Mais ça n’a peut-être rien à voir avec le fait d’être motivé pour l’apprentissage. Rien que l’utilisation un peu poussée d’internet nécessite des connaissances en anglais. Et puis avec le fait qu’il n’y ait plus de frontière en Europe, la fin de la guerre froide, l’euro, les échanges erasmus, etc, les voyages semblent plus faciles et les connaissances des langues en devient une nécessité si on veut voyager.

Jonsi : on ne parle tout simplement pas de la même génération…
je parlais de la « montante »… Ceux qui sont en collège actuellement :wink:

Pour commencer, je retiens le fait que tu écartes la logique de moyens comme cela arrive assez souvent quand ce sujet est abordé.
Pourquoi les cours de langues devraient être les seuls (ou presque) où les élèves ont tendance à dormir ?
Tout simplement, parce qu’ils sont parfois ternes et ne correspondent absolument pas à ce qu’attendent les élèves qui veulent progresser contrairement à la légende ambiante. Mais en leur fixant comme objectif le niveau A2 pour la fin du collège, soit après 8 ans de langues, ils sont obligés d’y aller en dormant et le prof avec !

Si ça peut te rassurer, je le croyais aussi !

  • Quand on fait des séances de labo (prononciation, écoute, QCM, etc.) à l’école, on peut demander aux élèves d’en refaire à la maison avec leur matériel qui est parfois plus performant que celui de l’école ; apprendre la prononciation avec les vidéos de la BBC ou de la Deutsch Interaktiv est 10 fois plus efficace que les 2 mn accordées à chaque élève dans un groupe de 20 en classe !
  • Quand un élève lit, il a parfois du mal à s’écouter ; il ne comprend pas parfois ce qu’on lui reproche ou pas. En s’enregistrant sur son portable – la qualité du son est supérieure à ce que j’ai connu – pour s’écouter ensuite, il peut mieux comprendre.
    Les petits collégiens ont envie de voir leur progrès ; des enregistrements à 3-6 mois d’écart permettent de leur montrer le chemin parcouru (ou pas !).
  • Quand on leur propose comme 1er film au collège un film sur la guerre (ils s’en fichent du devoir de mémoire en cours d’allemand et il y a le prof d’histoire pour ça !), c’est sûr les enfants n’ont pas envie d’aller chercher la suite sur la télé en VO. Mais avec une séance vidéo de « Rudi », les choses peuvent être différentes ; certains iront voir la suite des épisodes de 30 mn à la mediathek de la Erste.
    A vrai dire pour la télé en VO, je pensais aux séries américaines. Mais j’ai réalisé ensuite que l’école française est censée enseigner « l’anglais tel qu’il est parlé dans le Sud de l’Angleterre ». J’ai jamais compris où c’était !

Il y a des tas de choses que les élèves peuvent et doivent faire dans l’autonomie. Apprendre une langue, c’est la pratiquer. Ils ne peuvent le faire à l’école, c’est à la maison ou ailleurs qu’ils le peuvent. Il faut leur donner la « clef » rapidement et ne pas attendre 10 ans !

Dans beaucoup d’établissements – y compris celui dans lequel L. Chatel a inscrit ses enfants ! – beaucoup d’élèves atteignent le niveau C1 pour la LV1 en fin de lycée validé par un certificat.
Ma fille a passé son CAE donc le C1 en 1ère après avoir passé le First Certificate donc le B2 au collège et elle passera son Abibac cette année avec un niveau comparable au C1.
Les enfants aussi adorent rêver, il n’y a pas que moi !

Abi-bac… niveau C1. Faudrait voir à apprendre la différence entre le C1 sur le papier et le C1 dans la pratique.
Et que ta fille soit douée en langue ne reflète pas la majorité des élèves. Tout le monde ne développe pas un penchant, une passion pour les langues.
Car un élève passionné ira sur internet regarder des VO, lire l’actualité du pays …

+1 avec Nico… Ne prend pas ta fille en exemple Doudou, elle a un parent motivé par une langue étrangère et qui la parle…
tu ne peux pas comparer avec certains élèves actuels dont les parents baragouinent un anglais appris à l’école, et qui n’a donc pas de « soutien familial » pour apprendre une langue…

Je n’avais aucune motivation pour l’allemand au collège (langue LV1 choisie par mes parents « c’est les meilleures classes ! »)… Aucune motivation en seconde (presque 40 élèves par classe).
La motivation est venue en premier, s’est poursuivie en terminale (malgré un prof… euh… étrange… et seulement 2 élèves en classe… Donc moi… :laughing:)…
et cette motivation s’est surtout poursuivie ensuite !
Hormis le fait d’être « tombé dedans quand on était petit », ou d’avoir approché une langue étrangère durant son enfance (avant l’entrée en 6ème), je ne vois pas ce qui peut attirer un enfant vers les langues étrangères… c’est aussi la découverte qui fait la motivation… les manuels scolaires y sont parfois aussi pour beaucoup !
Un beau manuel scolaire donne plus envie… qu’un manuel qui a 10 ans, tout écorné, et dont les dessins sont vieillots (Rolf et Gisela / Wir lernen Deutsch … Je vous salue à nouveau !! :laughing: ).

Ensuite vient le prof, et son approche de la langue… Tout ce qui est ludique, fonctionne à mon avis… tout ce qui est théorique doit être approché d’une façon ludique… Il est sans doute plus facile de retenir du vocabulaire quand on joue une pièce de théâtre en allemand, que quand on doit l’apprendre par coeur dans un livre…

mais c’est juste ma vision des choses… les manuels sont peut-être très intéressants… Maintenant… :wink: (tiens faudrait que je les feuillettes dans une librairie, tu enseignes avec quel manuel Doudou ?? )

Pour avancer plus vite, je vais supposer que ton « d’abord faut apprendre les bases » veut dire l’écrit. Or, vouloir hiérarchiser à tout prix l’ordre de l’apprentissage d’une langue (l’écrit d’abord et ensuite l’oral) peut tuer l’apprentissage chez certains. Les gens apprennent différemment et on ne peut pas caser tout le monde dans la même boîte.
On n’est pas obligé de comprendre d’abord pour appliquer ensuite. C’est un peu comme les maths ; certains théorèmes du collège sont tout simplement « admis » et la démonstration ne viendra qu’à partir du lycée. C’est pareil pour les langues.
Quand on apprend une langue, on passe indéfiniment de l’écrit – mais la grande majorité des langues ne sont pas écrites, je crois – à l’oral sans ordre préétabli. Bref on tourne en rond de façon vertueuse !

Je pense pour ma part que la réception orale est insuffisante, et que la connaissance des bases de l’écrit est nécessaire pour progresser avec méthode et efficacement. Je m’explique par un exemple personnel:
A l’école, quand le maître parlait du « trait d’union », je comprenais « traidinion » en un seul mot, sans décomposer les termes et reconnaître le sens. Il m’a fallu un certain temps pour comprendre le rapport exact. Il en était de même quand j’ai entendu le maître dire « écris comme il faut » que je comprenais comme « komifo », formule magique à mes oreilles!. Les enfants adorent en général découvrir le monde. La découverte de la bonne orthographe française était pour moi une source d’émerveillement. Il en allait de même avec la découverte visuelle de l’allemand standard sur les enseignes et l’affichage en ville, bien différent du dialecte que j’entendais parler dans la vie courante (et aussi à la radio suisse).
Là où je vis, le dialecte est très présent, et l’allemand standard est réservé généralement à l’écrit ou aux rapports oraux avec les touristes. Aussi l’apprentissage de l’allemand langue maternelle mettra-t-il l’accent sur les différences flagrantes, notamment le cas correct régi par les prépositions (chez nous, in et bei se construisent avec l’accusatif). L’allemand standard m’a toujours fait l’effet d’un habit des dimanches. :wink:

Justement le subtile mélange des deux serait approprié.

J’ai eu la méthode plutôt « orale », pas de manuel, on avait chacun un petit prénom allemand, Tobias pour moi, et puis on commencait à parler.

Vi guaits?
Goute? Ound dou?
Vilst dou ein café?

Bref, tout cela n’a rien donné de très bon:
en Terminal:

  • je ne savais pas à 100% corriger un verbe au présent.
    -je connaissais plein de mots, mais pas leurs articles.
    -je suis tombé de haut quand j’ai appris qu’il y avait des déclinaisons en allemand.
    -aucune envie de rattraper toute la grammaire que j’aurais du acquérir en 5ans.

Dans une langue l’écrit est une base à l’orale, trop d’orale fini par le tuer. A la fin je bloquais, je ne pouvais vraiment plus rien apprendre. Le jour où j’ai mis le nez dans une grammaire allemande, je me suis mis à faire des bons prodigieux! :smiley:

Seul point positif de la méthode orale à mon sens est de faire dévelloper un certain « Sprachgefühl ». Mais qui n’est surement pas suffisant. Surtout dans l’apprentissage de l’allemand.