Motiver les élèves à apprendre l'allemand !

Il n’y a pas de langue utile. L’utilité est une notion qui diffère grandement d’un individu à l’autre. Pour nombre d’entre nous sur ce forum, l’allemand est quotidiennement plus utile que l’anglais. Et on pourra trouver des cas dans toutes les autres langues « inutiles ».

Oui, je comprends bien. Mais quand on inscrit son enfant au collège, on ne peut pas exclure cette possibilité de le voir faire la voie générale, ensuite S, puis ingénieur après. Il va peut-être devenir musicien ou professeur d’allemand, mais cela n’a aucune importance et on ne peut pas le savoir à l’avance.
Le fameux « ne pas lui fermer des portes » est très présent dans l’esprit des parents qui sont pour beaucoup dans le choix des langues de leurs enfants.

J’irais même plus loin. La langue autour de laquelle ma vie s’est articulée, c’est… le danois. C’est cette langue qui a porté mes études d’allemand pour des raisons pratico-financièro-amoureuses, et c’est en cette langue que j’ai passé mes diplomes de prof. C’est encore en danois que j’ai amassé mes petites économies qui m’ont permis d’aller à Amsterdam, ce qui m’a conduit ensuite en Suisse. Sans danois, ma vie aurait été radicallement différente. Etonnant, non?
Donc la diversité des langues, en plus du fort pratique anglais, c’est indispensable.

Parler anglais, cela ouvre des portes. Mais le tout-anglais, c’est en fermer.

c’est bien ce que l’on dit dès le début, il faudrait éviter que les parents se mêlent du choix de leurs enfants… (c’est un peu comme forcer son fils à faire du piano, parce que papa a toujours voulu faire du piano étant petit… c’est le meilleur moyen pour détester le piano… et s’intéresser au violon… )…
Je comprends que pour les parents, il est inconcevable de ne pas se mêler du choix de leurs enfants… mais vu comme se présente la génération actuelle (je parle des enfants actuellement en primaire), peut-être que certains choix émis par eux-même, les motiveraient justement… histoire de prouver à papa maman "t’as vu !! hein !! J’avais raison de choisir… l’allemand ! "…

d’autant que… l’allemand en LV1… faut quasiment automatiquement prendre l’Anglais en LV2 (sauf erreur de ma part)… et donc en fin de 3ème… tout le monde est au même niveau… (ou devrait être au même niveau… les LV1 Anglais et les LV2 Anglais)…

Ma pauvre Kissou, c’est plus grave que ca… je vais te parler du cas de l’Allemagne, c’est celui que je connais le mieux: pratiquement TOUS les master scientifiques sont en anglais… informatique, ingenieur, optique (pour le cas de Iena), medecine biomoleculaire, etc… donc forcement celui qui ne parle pas tres bien l’anglais se verra handicape dans ses etudes.
D’ailleurs, nous parlons dans ce topic d’une France envahie par l’anglais, mais que dire de l’Allemagne! Meme ici le francais se perd, au profit de… allez, je vous le donne en mille, l’espagnol. Le francais est en gros recul comme deuxieme langue etrangere, au profit de l’espagnol.

(Et concernant le japonais, c’est totalement ca: dans l’universite de ma ville d’origine, il est possible de faire un DU japonais - des salles remplies en octobre, vides en mai. La vue de 3 alphabets en japonais doit en degouter plus d’un.)

Sans être au niveau Master, aussi! Il m’arrive souvent d’avoir des textes de plus de 50 pages en anglais à lire pour mes études de francais :crazy:
Le monde ne tourne plus rond!

A cet âge, il ne peut y avoir de problème de motivation au prétexte que le choix ait été fait par les parents. Si les choses sont bien faites, ça passe sans soucis. Un élève démotivé sera motivé par le succès et un élève motivé peut se décourager si le succès n’est pas au rendez-vous.
Ma fille aînée a fait la combinaison suivante

  • Anglais : primaire
  • Bilangue anglais-allemand : 6ème/5ème
  • Européenne anglais – LV2 allemand : 4ème/3ème
  • Abibac – LV2 Anglais : Lycée
    Au total, ça lui fait plus d’heures pour l’allemand et permet d’avoir un niveau correct dans les 2 langues ; mais l’anglais reste toujours sa langue préférée !

As I said in this post
l-allemand-en-lv1-au-college-vt8440.html
I’m decided to talk to you only in English…

Bon allez, j’arrête là. Mais le problème, au-delà de l’intérêt de l’anglais comme langue « utile », c’est de se poser la question de savoir de quel anglais nous parlons ? Je bosse en anglais avec des Français, des belges, des chinois, des algériens, des hollandais…et nous nous comprenons tous. Mais que surgisse dans notre environnement un…Anglais ! et là, tout est plus compliqué car personne ne le comprend !

DONC, nous parlons tous un anglais « utile », celui qu’on dénomme volontiers « globish », mais qui est totalement déconnecté de l’Anglais, la langue vecteur, comme toute autre langue, d’une culture, d’un monde passé et présent… L’Anglais, le vrai, n’est pas moins porteur de culture que ne l’est l’Allemand ! Mais quelle déchéance d’un Anglais tellement « utile » qu’on ne sait désormais plus que le décliner en mille anglais différents, mille anglais « utiles » : l’anglais technique, l’anglais de l’ingénieur, l’anglais juridique, l’anglais aéronautique, l’anglais médical…Où est l’Anglais dans tout ça ?

Je revois, en écrivant, une présentatrice de BFM TV, hier soir, nous informer des profits de « EITCH ES BI CI » (HSBC en « Français »)…Ca devient réellement ridicule ce pseudo english qui est partout et en réalité nulle part…là, si j’ai bien suivi, ça devait être de l’anglais « économique »…

Tout ça pour dire qu’à mon avis, l’appauvrissement linguistique où conduit la primauté de l’anglais concerne avant tout la langue anglaise elle-même.

HSBC c´est le nom d´une grande banque mondiale (Londres) jean luc :wink:

La prochaine fois que surgit un Anglais, continuez la conversation sans changer de sujet et vous verrez qu’il parle très bien le globish. Tellement bien qu’il m’arrivait parfois de leur demander de parler anglais lorsque je travaillais avec eux !
Plus sérieusement, lorsque nous parlons anglais entre nous « étrangers », la lenteur de notre débit rend parfois les choses plus faciles. Nous utilisons aussi des structures moins compliquées afin de pouvoir se comprendre. Les Anglais, mais aussi les Américains, ne font pas le même effort, même lorsque c’est eux qui viennent vers toi. C’est un peu le problème des peuples qui ont une langue dominante et c’est aussi vrai pour les Français, je pense.

Où est l’anglais ? Dans la littérature, le théâtre, le cinéma, le mariage du Prince – t’es pas invité ! –, etc. Tout ça n’a pas bougé, ou plutôt s’enrichie de jour en jour. C’est par cette facette de la langue anglaise que ta fille va commencer avant de se lancer dans le globish, beaucoup plus tard.

@ Jean-Luc
Oui à HSBC on « bosse en anglais avec des Français, des belges, des chinois, des algériens, des hollandais… » !

De nos jours, on parle beaucoup du « globish », à cause d’un bouquin publié il y a quelques années. (Je le connais). Mais l’ancêtre est le « basic english », une langue minimale dans laquelle, p-e, tous les mots du voc anglais d’origine latine sont remplacés par des racines saxonnes + postposition. Exemple qui me vient en tête , « to continue » est remplacé par des termes du genre :« go on, speek on , eat on …etc. »
Si vous regardez la colonne de gauche des articles wiki, (celle des langues) vous trouvez parfois « english », mais aussi « basic english ».
Quelques explications à propos de ce sabir:

HS : C’est en effet une question de fond d’une importance considérable. :wink:

En effet il ne faut pas oublier qu’à côté de la sixième extinction dont on parle en biologie il existe un véritable génocide linguistique qui a lieu dans l’indifférence générale.

On estime qu’entre 50 % et 90 % (selon les hypothèses les plus pessimistes) des langues parlées dans le monde auront disparues dans moins d’un siècle alors qu’il existe entre 5 000 et 6 000 langues. 85 % des langues comptent moins de 100 000 locuteurs et seulement 80 plus de 10 millions. L’avenir de nombreuses langues européennes est incertain ou sont clairement en voie de disparition : corse, occitan, gaélique, écossais, aragonnais, sami, frison, breton, franco-provençale etc…

D’autre part si l’anglais est à ce point indispensable et va « balayer » des langues aussi importantes que le français ou l’allemand pourquoi les utilisent t’on sur ce forum qui a à lieu justement en français et en allemand (pour l’autre forum qui lui est associé) si ce n’est par la volonté que nous 'éprouvons justement à nous faire comprendre part les autres et non pas en nous exprimant ans un sabir pseudo anglais ? :question: :question:

Je vous prie de m’excuser pour ma longue digression. :wink:

Ce n’est ni une digression ni un HS. L’évidence de la LV1 anglais est l’expression française de la politique du tout anglais. Mêmes causes, mêmes conséquences. L’allemand est moins important en tant que tel qu’en tant que symptôme à valeur de preuve de cette évolution. Ce que je condamne dans la disparition de la LV1 allemand, ce n’est pas l’amour de l’anglais, c’est le mensonge de la « langue globale ». En effet, la lingua franca ne sert qu’à vendre et acheter, pas à vivre. Ce sont des amoureux de la langue anglaise qui m’ont fait comprendre cela: ils n’ont bientôt plus personne avec qui parler un bel anglais. Parler un bel allemand, c’est nettement plus simple, finalement. Le massacre de la langue anglaise ne me dérange absolument pas, j’y participe volontiers. Mais si les ados n’ont plus la possibilité d’un choix multiple varié de langues afin de trouver celle ou celles qui séduira ou séduiront chacun d’entre eux et aura une place déterminante à l’échelle personnelle, aussi insignifiante la langue en question soit-elle par ailleurs pour l’humanité en général, alors ils vivront dans un désert culturel et intellectuel. C’est déjà largement le cas, et cela se voit : l’élite financière est le prolétariat intellectuel, et vice-versa. Bref, tout le monde préfère être riche et con que pauvre et cultivé alors que le but devrait de justement pas réduire l’avenir de nos enfants à cette funeste alternative.

Mais l’absence de culture des « masses » arrange bien des gens car la réflexion mène à l’action et développe notre sens critique, donc notre libre-arbitre et donc notre liberté.

Qu’il peut être passionnant pour vous d’avoir la change de pourvoir lire Goethe dans le texte alors que je dois me contenter de médiocres traductions (ou de traductions tellement académiques que je n’y comprend strictement rien).

En ce sens je suis moins libre que vous car emprisonné dans ma sphère culturelle (toutefois assez large quoiqu’on puisse en penser part ailleurs).

Le choix dans l’apprentissage des langues est aussi la chance de développer plus de tolérances et, peut-être de moins consommer idiot. :wink:

A monde globale, langue globale ? :question:

Je n’ose imaginer un tel appauvrissement de la pensée humaine. :mouaif:

on peut se poser la question aussi de l’utilité de 5000 ou 6000 langues. :wink:
alors que je ne connais personne qui parle plus de 15 langues différentes, ce qui est déjà très bien.
le but d’une langue c’est de communiquer avec autrui et franchement j’apprécie qu’avec quelques langues on puisse se faire comprendre un peu partout dans le monde (il m’en manque encore pas mal pour couvrir la planète, notamment le chinois et l’arabe).
la langue universelle c’est tout de même un rêve aussi vieux que l’humanité.
le développement de langues standardisées comme le français, le hochdeutsch, l’italien, l’espagnol (encore que c’est presque illusoire de vouloir parler espagnol en Catalogne), c’est tout de même une grande avancée, peut-être par pour la diversité linguistique, mais pour la compréhension interrégionales et internationales.
cela ne m’empêche pas de l’interesser aux langues rares et aux dialectes et à la manière dont ils sont influencés par les cultures voisines ou transitaires.
mais dans tout cela il ne faut pas oublier à quoi sert une langue.
on peut demander aux ex-yougoslaves ce qu’ils pensent de l’éclatement du serbo-croate en 7 langues bien distinctes sur le papier.
vous imaginez une Allemagne où chaque Land déciderait que sa langue spécifique est désormais la langue de référence ?
ou une France où pour aller en vacances en Bretagne il faudrait d’abord apprendre le breton ?
j’apprécie aussi que l’anglais puisse me permettre de dépasser le barrage linguistique avec toute les personnes avec qui je ne partage aucune langue commune (parfois c’est l’allemand ou l’espagnol).

L’un n’empêcha pas l’autre. :wink:
on peut aussi se poser la question de l’utilité de 5 000 à 6 000 espèces de poissons. :smiley:

Il faut une diversité linguistique ET des langues qui permettent de dépasser les clivages linguistiques mais qui n’écrasent pas les autres.
L’espéranto est une solution face à l’impérialisme des grandes langues de communication dont font partie le français et l’allemand. :wink:

l’esperanto tout comme le volapuk et autres sont des langues totalement artificielles qui n’ont jamais décollé.
pourquoi ???
parce que c’est entièrement artificiel.

Alors là, fifititi, tu me fais vraiment plaisir, j’avais parlé de cette solution dans un de mes tous premiers posts sur ce forum,il y a de nombreuses années, sans réaction particulière d’ailleurs. L’esperanto fonctionne et il fonctionne même parfaitement. J’ai correspondu longtemps dans cette langue avec des hongrois, des bulgares, les yougoslaves et même un japonais.
Quand on parle de l’espéranto, on se trouve la plupart du temps confronté à un sourire légèrement condescendant ou à des reflexions du genre:« mais cette langue n’a pas de littérature! », ce qui est complétement faux; il existe en effet une littérature espérantiste originale, très riche; romans, poëmes, essais en tous genres, sans compter les très nombreuses traductions d’oeuvres du monde entier. C’est grâce à cette langue que j’ai pu lire un des chefs d’oeuvres de la littérature hongroise, une sorte de Faust hongrois; "la tragédie de l’homme ", d’Imre Madacs mais aussi les très beaux poëmes du bulgare Christo Botev.
En plus, avantage considérable, cette langue n’est liée à aucun impérialisme et aucune hégémonie.

J’ai pris grand soin d’écrire « lingua franca », terme général, car choisir telle ou telle langue pour le commerce mondial (commerce au sens réel du terme, pas simplement business) puisque la nature des échanges reste la même. La lingua franca n’est pas une langue comme les autres, et le temps est révolu où le commerce en question était la philosophie de la renaissance en latin. Le commerce dont il est question actuellement se résume à la consommation, ce qui n’oblige personne à avoir un niveau élevé en vrai anglais. Donnez Humes à lire à n’importe quel banquier, il retombe à son niveau réel: l’illettrisme. Ce serait la même chose avec n’importe quelle autre langue dans le rôle de la lingua franca, comme la correspondance d’Erasme n’aurait pas été moins intelligente si la lingua franca de l’époque avait été le papou-occidental-supérieur-en-haut-à-droite-aprés-les-rapides.

Bref, un espéranto réllement lingua franca serait aussi réduit que l’anglais mondial actuel, comme l’espéranto actuel est aussi riche que n’importe quelle autre langue de culture.

L’espéranto a en en effet cet avantage considérable : une langue aussi neutre que la Suisse.
Mais hélas je ne la connais pas. :mouaif:

Une langue ne se résume pas à son utilité commerciale (Dieu soit loué).
De plus j’apprécie le latin quand je me rend dans les monastères propices à la réflexion dans cette langue merveilleuse.
Mais hélas je ne la connais pas non plus. :mouaif: