Peut on avoir l'accent Allemand ?

Tu dois pouvoir, en tant que français, entendre l’accent.
Je n’ai pas de mal à entendre l’accès sénégalais de Rama Yade, alors qu’elle est arrivée en France à l’âge de 12 ans environ.

Je reconnais aussi les accents étranger en francais, mais ma question n’est pas là.
Je veux savoir quelles sont les fautes typiques d’un francais dans la prononciation allemande.
Bon les problèmes de prononciation des « h » « ch » « sch » me semblent assez flagrants.

La seul fois ou j’ai réussi à me faire passer par un allemand, c’était devant un médecin, mais j’avais la langue comme un ballon. Je crois que le fait qu’il n’ai pas compris que j’étais étranger ne tenait pas à ma prononciation, mais plutôt à ma non-prononciation! :slight_smile:

Je vous laisse alors entre spécialistes, car moi j’enseigne seulement l’allemand à ma fille; mais je ne l’apprends pas encore !

Mis a part les « Isch …abe » etc je vois surtout des problèmes avec les e, comment dire…, « faibles »: Tagesschau. Soit trop (Tagösschau), soit trop peu (Tagésschau). Trouver le juste milieu semble très difficile pour les apprenants. Même chose à la fin: Parfois trop (Er sagtö), parfois trop peu (er sagté).

Autre point sensible, le r, globalement, il est legerment plus « roulé » en allemand qu’ un r français plus « rapé », et quant il est final, il devient extremement relaché au point de tourner vers un a. La, pour mes oreilles, tous les français ne visent pas juste non plus.

Et l’on pourrait aussi parler des i, qui sont souvent plus « sombre » et relaché que les i trés « aigus » français. Kinder n’est pas Kiinder mais presque Kender.

Autre défi, des consonnes occlusives très « fortes », P(h)ause, T(h)ag, K(h)inder vs. d’autres parties trèès « relachées » dans le même mot.

En tant que quelqu’un de l’autre côté (étant allemand), je veux rajouter une autre perspective. Moi, je suis né dans la vallée du Rhin dans la région de Mannheim ou on parle une accent très particulier et très marqué qui est remarquable particulièrement quand je suis enervée. Depuis une quinzaine d’années, je vis maintenant dans l’Ortenau (région d’Offenbourg) - ca fait une distance de 200 kilomètres à-peu-prés, mais au début j’ai eu beaucoup des problèmes avec le patois local (le badois). Maintenant, ca a changé, mais ca ma pris au moins deux à trois ans et je me suis familiarisé au même moment un peu avec l’Alsacien où je peux suivre dans les grandes lignes. Avec l’accent de suisse-allemand, j’ai toujours un peu du mal, mais je peux au moins comprendre quelques élements. Ca chante que c’est une grande opération linguistique si on arrive de comprendre l’accent local voire maitriser l’expression. Je joue dans une groupe theatral dans le village ou j’habite, mais je recois toujours les rôles sans accent local car même si je comprends le patois ou arrivait à parler ce n’est pas vu d’être assez « authentique ».
Maintenant pour le francais: J’ai certainément une accent et je fais beaucoup des fautes de grammaire. Mais en Alsace, il m’est souvent arrivé que les gens ont remarqué que j’ai eu une accent, mais ils ont eu du mal à me placer geographiquément. J’ai passé une année en Bretagne, il y a douze ans et là, j’ai été même un peu faché quand quelqu’un m’avait très vite qualifié « avec une forte accent germanique ». Peut-être, les Alsaciens sont plus accueillants que les Bretons vis-a-vis des visiteurs de l’étranger. Je pense aussi qu’une certaine fluidité dans la langue et dans l’espression aide aussi pour faire le pont. Quand je parlais moins bien le francais, il faut dire que les francais en général étaient très prêt à aider quand j’ai fait l’effort de parler francais. Il faut dire que je connais du monde qui m’a raconté le contraire avec l’anglais. Peut-être ca change maintenant, mais avec l’anglais en France, ca n’allait pas du tout très loin.
Specialément en Alsace, j’ai toujours eu du mal de décider quel genre de langue était pertinent pour la situation. Quand tu parles allemand, tu te sens comme les touristes allemands du cliché qui ont toujours l’impression que l’Alsace-Lorraine appartient toujours à l’Allemagne. Quand on parle le francais, ce n’est pas un gros soutien au bilinguisme qui semble de disparaitre de plus en plus de la rue et de la vie officielle. Normalément, je ne veux pas faire des fauxpas culturelles, alors je parle francais même si la personne me répond en Alsacien. Je me sens un peu mal placé, car je ne suis pas capable de répondre dans une registre qui me sent approprié pour l’occasion. Desolée pour les fautes de frappe et d’expression, mais j’utilise le francais pas assez pour conserver une bonne niveau. Des pensées?

Nebenstelle a fait la liste que j’aurais proposée - le prononse ici des exemples avec orthographe arrangée pour mettre les différences en évidence :

  • consonnes sourdes aspirée deviennent non-aspirées: der Thak => der Tak ou Tag
  • assourdissement final insuffisant voire absent: der Tsuk => der Tsug ou Dsug
  • confusion voyelles courtes et longues, voire longueur moyenne de partout: das Kynt => das Kiint ou Kiint
  • des /r/ trop marqués après voyelle: äa mäakt => èrrr mèrrrkt
  • simplification articulatoire des amas de consonnes: Streichholz/Schreichholts => Schreichhols
  • oubli du /h/ en milieu de mot: Miethaus/Mietshaus => Mietaus/Mietsaus
  • absence d’attaque glottale dans syllabes commançant par voyelle: Micha’el => Michaäl
  • articulation du schwa trop tendue (Nebenstelle a l’explication parfaite)
  • erreur de syntaxe, avec des pronoms inversés, des datifs après des accusatifs, des sich placés après le sujet dans la subordonnée, ce qui n’est pas fautif en soi mais peu idiomatique
  • fautes de genre dans les pronoms, ça c’est traitre… il faut être vraiment au point pour spontanément utiliser es pour un enfant ou er pour une chaise sans y réfléchir un seconde de trop qui trahit le non-natif.

Wow merci Nebenstelle et Elie, très intéressant ! (et merci Nico d’avoir posé la question !)

On pourrait sans doute rajouter l’accent tonique à la liste ?

Ca par contre, j’ai pas compris :blush:

Une syllabe allemande ne peut pas commencer par une voyelle phonétique. La structure même de la syllabe exige quelque chose avant la voyelle. Quand il n’y a pas de consonne, nos germanophones adorés attaquent en serrant les cordes vocales. Cela produit une sorte d’étranglement d’une fraction de seconde avant de faire vibrer la voyelle. Cette attaque glottale existe aussi en français mais pas dans la structure syllabique. Il s’agit d’un élément de prosodie de phrase, ou plutôt de groupe prosodique, comme pour tout en français, donc uniquement en début de groupe prosodique (notamment en début de phrase) et pas pour chaque syllabe.

Symbole phonétique: soit /'/ soit /?/.

Bon je me mets au boulot: Mission :gun: ces mauvaises prononciations! :smiley:

Merci Elie. Je ne l’avais jamais remarqué dans un mot comme Michael. Va falloir que je tende l’oreille.

Mouais… en même temps, il y a deux façon de voir la question de la prononciation:

  • soit on veut avoir un allemand standard parfait et alors on finit par parler comme une speakerin, ce qui est très moyennement naturel.
  • soit on veut parler comme de vrais Allemands, et alors il faut choisir la région de son coeur pour avoir une prononciation cohérente.

N.B. Si vous passez l’agreg, ne prenez surtout pas un accent parfait, je les soupçonne d’enlever des points quand on parle un allemand naturel. Il faut parler leur allemand.

J’ai choisi la deuxième solution, vu que je ne passe pas l’agreg. Je ne me corrige pas quand je dis « Tach » avec un /a/ court comme dans le nord au lieu de Tag /ta:k/ en allemand standard. Et d’autres bricoles. Les Suisses gardent leur accent aussi en haut-allemand, et tout va bien quand même. Il ne faut pas se poser trop de questions non plus. Avoir une bonne oreille et se plonger dans l’océan de cette langue suffit. C’est déjà beaucoup.

Pourquoi non? Si on vit très longtemps en Allemagne la plupart des étragers ratrappent un peu de l’accent de la région.
Les Allemands sont toujors très généreux aux étrangers à l’égard de l’accent.
Un étranger qui parle notre langue est toujours très bienvenu.

C’est vrai, Frederik, c’est même parfois difficile de parler trop bien allemand quand on est Français car on perd le côté « mignon » de l’accent. :smiley:
Mais bon, on peut aussi vouloir faire des efforts et parler au plus proche des vrais Allemands que l’on cotoie, comme tu le dis pour les étrangers installés dans le pays. Je trouve normal et même souhaitable de prendre l’accent de la région quand on y est installé depuis longtemps. On ne peut parler que comme on entend parler.

C’est bien toléré je sais, mais j’en ai marre qu’on me dise que c’est « süß » quand je parle allemand.
Et je me vois mal avoir l’air « süß » plus tard dans ma vie professionelle! :laughing:

Encore une fois devancer! :blush:

Tu veux devenir policier comme Fred? :wink:

Parfois, j’ai l’impression que si je commettais une faute professionnelle, on me la pardonnerait instantanément car ma justification sonnerait tellement süß!

SoleneRutishauser, si tu as des inquiétudes concernant l’accent, les allemands ne sont pas aussi regardant que les français. Bien sûr, il y a des moqueries possibles entre régions mais je ne retrouve pas, ici, la pression française à ce sujet.
Si tu travailles dans l’audiovisuel, l’accent ne sera pas un problème.

Non, prof francais/maths.
Dans le fond, je pourrai continuer à parler avec mon accent francais pour faire plus authentique, mais j’ai de mauvais souvenirs du lycée. Notre prof d’histoire-géo était portugais et nous ne l’avions vraiment pas pris au sérieux ,

Je confirme que cela pourrait t’arriver en Allemagne aussi :smiley: tu auras l’occasion de repenser à ton prof :slight_smile:

Autre phénomène phonétique (entendu l’autre jour dans le train) la « francisation » càd « nasalisation » de « an- »:

« Wir kommen pünktlich in Basel an (=/??/n). »

La voyelle courte ü était également trop « aigu ». Elle devrait tendre vers le ö: Tür, mais pönktlich.

Est-ce que ce n’est pas , entre autres, une des caractéristiques du « schwäbisch » ?
:wink: