A mon sens, jean-luc et Maïwenn, vous ne dites pas des choses contradictoires : pour que les enfants deviennent bilingues, il y a des facteurs favorisants d’un côté et des obstacles qui seront surmontés ou non. L’un n’exclut (exclue ?:oops: ) pas l’autre mais je ne pense pas qu’on puisse dire de manière générale que tel ou tel élément soit plus décisif que l’autre. Les situations restent, somme toute, très individuelles et les généralisations sur telle ou telle nationalité sont pour le moins… hasardeuses.
Mais, premièrement, je pense qu’il faut vraiment faire la différence entre :
1° les enfants qui ont une langue maternelle partagée par les deux parents et qui, vivant dans un autre pays, doivent en maîtriser une deuxième (Pour ceux qui vivent dans un pays ou la langue officielle est différente de leur langue maternelle, la situation est encore un peu différente, Maïwenn, même si je suis assez d’accord avec ce que tu écris sur la réussite sociale des Bretons du début du 20ème siècle)
2° les enfants dont les parents parlent deux langues différentes et vivent dans l’un des deux pays mais communiquent entre eux dans la langue du pays où ils ne vivent pas, (voire même dans une troisième langue).
En tous les cas, Jean-Luc, la question ne se pose pas du tout dans ces termes pour la langue du pays dans lequel vit une famille binationale dont un des deux parents parle la langue. Un enfant d’un couple franco-allemand, ou germano-turc qui vit en Allemagne, parle effectivement allemand couramment et c’est logique car il parle la langue dominante, qui n’est pas pour lui une langue étrangère. Dans ce cas, la question à se poser en terme de bilinguisme est de savoir comment il maîtrise le Français ou le Turc, c’est-à-dire la langue du pays dans laquelle il ne vit pas ! pas l’Allemand !
Pour ce qui est des facteurs socio-culturels, il me semble malheureusement inévitable de les prendre en compte : Je suis assez convaincue que toutes les familles étrangères installées en Allemagne ont conscience de l’enjeu que constitue pour leurs enfants la maîtrise de l’allemand mais la question est quand même de savoir quels moyens ils ont pour répondre à cet enjeu.
En vrac : Comment les parents maîtrisent-ils leur propre langue maternelle, comment maitrisent-ils en arrivant la langue allemande, de quels atouts disposent-ils pour aider leurs enfants ? A quelles autres difficultés éventuelles que la maîtrise de la langue sont ils confrontés en arrivant en Allemagne ? -travail ou emploi reconnaissant leurs qualifications antérieures, logement, permis de conduire, situation familiale, patrimoine…- Quel statut social, professionnel, culturel, etc occupaient-ils avant de s’installer en Allemagne (et donc : ont-ils conservé tout ou partie de ce statut en s’installant en Allemagne) ? Quelle importance accordaient-ils à l’école dans leur pays d’origine ? …
Et aussi une des questions qui n’est pas des moindres : s’installent ils en Allemagne dans l’optique d’y rester ou ont-ils l’intention, à plus ou moins brève échéance de repartir (soit de rentrer dans leur pays d’origine soit de partir ailleurs) ?
Les réponses à toutes ces questions (et à bien d’autres , dont en particulier, tout de même la personnalité de chaque enfant ) sont d’une très grande diversité et déterminent de manière plus individuelle le niveau de bilinguisme atteint par chaque enfant, me semble-t-il. C’est, je crois la multiplication des exemples individuels qui permet le mieux de constater la diversité des situations.