Qui élève ses enfants dans le bilinguisme ?

Oui enfin, en même temps, mon message c’est plutôt que les parents ont la responsabilité de parler et de faire lire et écrire leurs enfants dans leur langue, que le niveau requis pour que les enfants soient de bons bilingues n’est pas toujours atteint par les parents eux-mêmes et que non, maitriser le langage courant du quotidien ne suffit pas.

Bref, à parents incultes, enfants incultes.

Elie, autant j’étais d’accord avec ton premier post, autant je suis choquée par la dernière phrase du second. Même si ce que j’ai posté va dans le sens de ce que tu dis, je trouve cette dernière phrase trop définitive parce que trop fataliste.

Oui, les enfants ont d’autant plus de difficultés que leurs parents en ont mais non un enfant n’est pas condamné à reproduire les difficultés de ses parents.

Et j’ajouterais que cela fait aussi partie de ton job de faire en sorte de permettre au plus grand nombre d’échapper à ce que tu décris comme une fatalité, que cela te plaise ou non.

J’écris ces lignes sans aucune agressivité mais avec une tristesse certaine.

Le job d’un prof de langue n’a jamais été de faire des enfants bilingues. Apprendre une langue étrangère et la maitriser honorablement, c’est autre chose, même si c’est très bien aussi. Et ce job-là, il me plait, merci.

Ceci dit, j’ai des groupes d’ados bilingues en français - ceci est dû à la situation très particulière de mon école et de Bâle. Leurs besoins sont spécifiques, et effectivement, mon rôle est de leur permettre d’apprendre un français plus soutenu que celui des échanges privés. Mais cette situation n’est absolument pas transposable à l’enseignement en France, et pas vraiment non plus dans le reste de la Suisse « intérieure ». Donc oui, les enfants sont tributaires du niveau de leurs parents quand il n’y a rien à l’école pour les faire progresser dans l’une de leur langue (ce qui est la règle), et pour les bilingues, avoir des classes spécifiques qui répondrent à leurs besoins est rarissime, cela reste l’exception. Ce job-là aussi me plait, d’ailleurs. :smiley:

on est bien d’accord. ce n’est pas du job de prof de langues que je parle mais du job de prof tout court.

Car ce qui est de notre ressort à tous , c’est d’essayer de permettre à nos élèves de réussir là où leurs parents ont pu échouer. Et lorsque des enfants ont déjà la notion de deux langues, on ne peut pas seulement mettre en cause le fait que les parents soient en difficulté. Une école qui ne permettrait de réussir qu’à ceux qui n’ont pas besoin de l’école ne serait-elle pas aberrante?!..

Je le répète, j’ai suffisamment argumenté sur ce fil en défendant l’idée que différents facteurs concernant les parents peuvent être des encouragements ou au contraire des freins à la maîtrise de deux langues. Mais cela n’empêche pas que je trouve ta formulation très violente. Et en partie fausse parce que caricaturale.

Et ça se concrétise comment ? Est-ce qu’il s’agit pour toi d’adapter le contenu de tes cours à leur niveau ? est-ce qu’ils ont un programme particulier ? en grammaire ? en littérature ? dans d’autres domaines ? Est-ce qu’ils ont un horaire renforcé ? Est-ce qu’ils ont d’autres cours en français ?

On ne parle pas du tout de la même chose. Je n’ai rien contre les profs en général ni ceux qui tentent de donner ce que les parents ne donnent pas en particulier. C’est même le but de l’opération dans une école.

La compétence linguistique des bilingues dépend de celles de ceux dont ils ont reçu ces langues. Dans le cas de langues qui ne sont ni celle de l’école ni celle de la société où ils vivent, la source de leur compétence reste leur cercle privé. L’école n’y a pas accès si la langue en question n’est pas offerte à l’école. Ces enfants-là pourrait progresser beaucoup avec un prof, mais si la matière n’existe pas dans leur école, il ne reste que les parents. La situation est violente pour tout le monde, donc la description que j’en fais aussi : si l’école ne s’intéresse pas à ces langues, c’est chacun pour soi dans l’inégalité socio-culturelle la plus totale.

Dans le cas où l’école offre la langue qui fait partie du cocktail multilingue de l’élève, il y a deux cas principaux : soit l’école a des cours de langue étrangère et le bilingue a de bonnes notes en s’emmerdant du début à la fin (les cours ne sont pas à son niveau, donc il stagne), soit l’école a une classe pour bilingues et leurs besoins peuvent être pris en charge.

Dans ce dernier cas, Bâle est un cas particulier, car les Francophones qui vont dans une école publique germanophone peuvent dans certains établissements être mis ensemble par niveau, séparés des germanophones qui apprennent le français en tant que langue étrangère. Le niveau n’est pas le même, le travail sur la langue et sur l’expression non plus. Si l’école peut se permettre ce genre de classes spéciales pour des raisons locales, tant mieux - mais c’est l’exception en Suisse et inédit en France.

Hallo!

Eh bien voilà un moment que je n’étais pas venu…
Je reviens donner des nouvelles de notre petite Erna que nous élevons en français et en breton. Nous nous sommes décidés pour une personne une langue. Je parle uniquement breton à Erna et sa mère lui parle français. (Entre ma femme et moi c’est principalement en français mais parfois je m’autorise à ne parler que breton puisqu’elle le comprend tant qu’il s’agit de choses de la vie quotidienne.)
Pour le moment, étant donné que la langue dominante est le français c’est la langue qui lui vient en premier même si certaines choses lui viennent en breton comme de l’eau, elle demande naturellement « dour ». Mais parfois elle me montre qu’elle sait faire la différence entre les deux langues. L’autre matin elle était dans son lit, « lisant » tranquillement, et, me montrant un chien elle dit « toutou » puis me regarde et rectifie « tiêtiê ». Ou bien elle m’interdit de lui lire un livre écrit en français et va chercher un livre en breton. Et puis de temps en temps c’est un joyeux mélange du genre « aet kuit (parti) m’sieur ».

En ce moment elle répète beaucoup après nous, du coup j’ai droit à de jolies petites phrases simples en breton, ce qu’elle ne faisait pas il y a encore quinze jours, alors qu’en français ça fait un petit moment « c’est chaud », « l’est là »…

Voilà pour le moment. Nous verrons bien ce que ça donnera lorsqu’elle sera scolarisée en école bilingue…

il serait temps que les breton bretonne en breton :laughing: .Quand tu passeras devant le fort de MONBARRET route du conquet(mémorial de la second guerre mondial), j´étais en garnison là (DCA_BREST) :laughing: , tu penseras á moi.

jean luc :wink:

PS dans ta localisation, tu a mis BREST en breton en parenthèses en français aussi pour nos amis Allemands, merci.

Breizh c’est Bretagne, pas Brest. Brest en breton, c’est Brest aussi (brést)

Stefan, dispar eo ! (c’est super !). Ta fille a quel âge maintenant ?

Pour les communications entre ta femme et toi, je crois que tu n’as pas besoin de t’autoriser à lui parler breton à l’occasion. Tant que le principe un parent/une langue est respecté, il semble que les adultes peuvent utiliser les 2 langues. En tout cas j’ai une collègue qui le fait ici, et sa petite fille de 3 ans parle les deux langues (français un peu moins bien que le thaï pour le moment, mais elle est entrée à l’école française, ça va rétablir la balance)

exat , meaculpa :blush:
pour la langue , une personne une langue, et il faut s´y tenir.
jean luc :wink:

Je vois que ma localisation a été mise en français sans que j’ai à le faire, c’est chouette !
Erna a 21 mois maintenant.
Si je m’autorise à parler breton à ma femme c’est simplement parce que je suis dans ma lancée et que j’ai la flemme de changer de langue :laughing:
L’année prochaine elle ira à Diwan, nous aussi pour rétablir la balance. Je travaille pourtant pour la promotion des classes bilingues publiques, mais j’ai des doutes quant à l’efficacité de la parité horaire pour un bon apprentissage du breton. Le français prend déjà une place tellement énorme que si l’on fait le compte, nous sommes loin de la parité dans la vie quotidienne. Nous voulons que notre fille parle bien breton, et non uniquement lui ouvrir les portes d’un bilinguisme précoce.

Je me suis mal exprimée, je crois. Je voulais dire que, de toute façon, ça ne posait pas de problème, donc tu pouvais y aller franco ! :smiley:

Komzit brezhoneg gant ho pugale,
la culture française, la culture française,
komzit brezhoneg gant ho pugale,
la culture française passera a-près!

Parlez breton avec vos enfants,
la culture française,
parlez breton avec vos enfants,
la culture française passera a-près…

Comme le chantait G.Servat il y a si longtemps de cela.
Valable pour toutes les langues dites minoritaires au monde.
:wink:

il faut que ce soit une notification de message sur le bilinguisme qui me ramène sur le forum et, ironie du sort, le temps d’une conversation sur le bilinguisme breton-français.
l’occasion pour exprimer à notre michelmau « national » :wink: tout mon admiration pour sa culture très éclectique.

Depuis, néanmoins servat s’est un (tout petit) peu « assagi » :

Sur les montagnes ou sur les îles
À la campagne ou à la ville
Chez les machos, chez les fofolles
À pied, à chevaux ou en bagnole

{Refrain:}
Je chanterai comme je le voudrai
Je chanterai ce que je voudrai
Comme je voudrai, je chanterai
Et dans la langue que je voudrai

En français ou en vietnamien
En maori ou en indien
En basque, en wolof, en canaque
En tzigane ou en brezhoneg

{au Refrain}

Chez les rupins ou sous les ponts
Chez les lapins, chez les Lapons
Chez les trappistes, chez les trappeurs
Ou chez l’ ministre de l’Intérieur

{au Refrain}

Et si tu veux me l’interdire
Viens donc ici pour me le dire
J’ te chanterai ce que tu m’as appris
« Contre nous de la tyrannie »

{au Refrain, x2}

mais je crois bien que je glisse allègrement vers le H.S :smiley:
ar wech all (bis bald)

Bonjour,

On est nouveau dans le forum. Ma femme est allemande et je suis francais.
Notre petit est ne il y a 3 semaines et nous allons vivre en allemagne.

Notre question est la suivante:
Je parle francais au petit, ma femme allemand, mais c’est quoi le mieux entre nous pour l’enfant?

  • Allemand
  • Francais
  • Elle Allemand et moi Francais

merci
Julien

Salut Julien et bienvenue,

Et félicitations pour ton bout de chou !

D’abord, je fusionne ta question avec le sujet existant. Je te conseille de lire les 5 pages qui précèdent, tu pourrais y trouver des informations utiles.

Ensuite pour ta question : d’une manière générale, il n’y a pas de réponse unique, universelle, fixe. Je dirais en premier lieu qu’il faut parler une langue où vous êtes tous les deux à l’aise.
Mais pour avoir observé ces derniers temps quelques enfants élevés dans le bilinguisme (et notamment pas plus tard qu’hier après-midi !), je constate une chose : la langue du pays de séjour prend toujours une importance démesurée, quels que soient les autres paramètres.
Deux exemples : hier, enfants de père français et de mère allemande vivant en France. Leur mère ne leur parle qu’allemand et l’environnement est plutôt assez favorable à l’allemand puisque la grand-mère paternelle, qui vit tout près, est allemande aussi et leur parle aussi en allemand. Mais je n’ai pas entendu un seul mot d’allemand dans la bouche des enfants, la mère parle allemand mais les enfants répondent en français.
L’autre exemple, un couple d’amis russes : ils sont tous les deux russes, ne parlent que russe à la maison, et la grand-mère russe habite aussi à proximité. Le seul lieu où l’enfant peut entendre du français est la crèche, pourtant, bingo, elle ne s’exprime qu’en français !

A titre personnel, je serais donc d’avis de privilégier la langue « étrangère » tant que possible, donc notamment dans la communication entre les parents.

Il y a pas de règle en la matière,ton enfant seras ou pas bilingue,se seras selon ses capacités intellectuelles, être bilingue n´est pas donner á tout le monde, il faudras respecter l´enfant et ne rien imposer.
Cependant , vous pouvez faire la chose suivant , une personne une langue, par ex toi le français , ta femme l´allemand. Je suis contre de privilégier une langue étrangère á la maison,je vois ici les problèmes avec les turcs , ou les italiens , grecs, qui privilégient la langue du pays natal á l´allemand, malgré qu´eux même parlent très bien l´allemand, sauf exception si les parents ne maîtrisent pas l´allemand, il vaut mieux dans ce cas parler en turcs , grec, italien (langue du pays).
Pour vous deux une personne , une langue, et puis si ça marche c´est bien , si ça marche pas,c´est aussi bien. Celas doit être fait de façon ludique, et non professoral.
je te conseille des CD de " oui-oui"(dans quelque mois ).
Ma première fille parle 3 langue ,allemand , français, anglais, elle adore ça, la 2eme n´aime pas les langues , allemand , anglais (sans plus), ses cendres d´intérêt sont ailleurs ,cuisine, peinture , sport,pour moi c´est bien aussi, elles ont 18,et 12 ans.

jean luc :wink:

On n’a besoin d’avoir de facultés particulières pour être bilingue. Un enfant à qui on parle une langue à la maison et une autre langue à l’école finira par parler les deux. Il ne faut pas exagérer non plus.

faux, n´est pas bilingue qui veut. Ma 2ème fille est l´exemple parfait, á la maison c´est français - allemand , le français , elle le comprend , mais le parle pas ou peu, ce n´est pas son cendre d´intérêt. je connais suffisamment de cas pour dire que 50 % des enfants bilingues , sont en échec scolaire,car les parents ont surestimer les capacités intellectuelles de leurs enfants, ceux ci ont finit par se bloquer.(bilinguisme soustractif)
Ma femme parle très bien le français , mais n´est pas bilingue pour autant, moi non plus, ma 1er fille parle 3 langues A, F,D, elle as son diplôme DELF A2,mais elle n´est pas bilingue , cet année elle veut faire le B1, en Français elle as la note 1 (20sur 20).
Il ne suffit pas de parler 2 langues pour être bilingue,mais il faut aussi les écrire , et en comprendre toutes les subtilité, c´est une autre affaires.
beaucoup trop de parents mettent la pression dés le plus jeune âge ,comme on le voit ici.
une personne , une langue, l´enfant sauras avec qui il doit parler en français , et en allemand.
fr.wikipedia.org/wiki/Bilinguisme
jean luc :wink:

Même en prenant une définition minimaliste du bilinguisme (capacité d’utiliser deux langues dans la vie de tous les jours), on ne peut pas dire que ta fille de 18 ans soit bilingue avec un niveau A2 et je vois que la notation est très généreuse dans son école. Mais compte tenu de son amour pour les langues, je suis certain qu’elle va continuer de progresser rapidement !

Tu mélanges un peu tout parfois. Essayer d’expliquer l’échec scolaire d’un enfant par le fait qu’il soit bilingue est un peu osé. Il a déjà été question de ces fameux turcs dans un autre sujet et tout le monde semblait être d’accord sur le fait que si on n’aime pas le pays dans lequel on vit, il est très difficile d’apprendre la langue et réussir ses études et le bilinguisme n’y est pour rien.
Parler une langue à la maison et une autre à l’école n’est en rien pénalisant. C’est le cas de millions d’enfants dans le monde. J’ai moi-même appris le français à partir de 6 ans à l’école comme pratiquement tous les maliens et on parlait chacun notre langue (Bambara, Peuhl, Sonrhaï, etc.) à la maison. Je récitais tous les soirs mes leçons à ma mère qui ne parlait pas français ! Hé oui, un enfant a juste besoin d’être encouragé, de voir qu’on s’intéresse à ce qu’il fait à l’école et c’est parfois suffisant.

Tu as tendance à considérer l’apprentissage des langues comme les douze travaux d’Hercule et le lier à des capacités intellectuelles extraordinaires, alors que c’est beaucoup plus simple en réalité. C’est un peu comme le violon, plus tu y passes de temps, mieux tu joues ; c’est presque de l’arithmétique tout bêtement.
Quant au bilinguisme soustractif, il se manifeste parfois lorsque l’une des deux langues est dévaluée ou considérée comme largement inférieure à l’autre par l’enfant ou son entourage (le turc en Allemagne par exemple ?). Le fameux blocage peut être atténué en partie grâce aux écoles bilingues par exemple.

« Il ne suffit pas de parler allemand (ou français) pour dire je maîtrise l’allemand (ou le français), mais il faut aussi bien l’écrire et en comprendre toutes les subtilités ».

Avec ce critère, tu comptes les Allemands et moi les Français !

Parfaitement exact. Jean-Luc défend simplement une idée reçue très européenne (ce qui englobe l’Amérique du Nord, étant de descendance européenne), et en particulier très française. Car partout ailleurs dans le monde, c’est-à-dire dans la majorité de la population mondiale, le bilinguisme, voire le multilinguisme, est la norme, et ça ne pose pas de problème aux enfants, et ils ne sont pas ni plus ni moins intelligents qu’ailleurs. D’ailleurs, même en Europe, beaucoup de régions sont bilingues (y compris l’Allemagne avec le dialecte) sans que ça pose de problème aux enfants.