Sondage: les Alsaciens et leurs voisins d'Outre-Rhin

En plus de « Rund um », il est intéressant d’écouter les interviews d’alsaciens, sur la radio uff elsassisch « France Bleue Elsass » France Bleu Elsass (à quand une radio alsacienne indépendante parlant le dialecte?) pour se faire une idée de la maîtrise et « l’évolution » du dialecte, en terme d’hésitations et de vocabulaire manquant remplacé par des mots français, alors qu’ils existent en allemand, la langue appartenant à son même monde germanique :unamused:
Il en est de même pour la question des « nouveaux » mots du monde moderne, on laisse faire en français? on tente une traduction en alsacien? ou on utilise le mot allemand?..

l’intégrisme linguistique ne préserve pas une langue.
une langue cela vit et cela évolue, même avec des emprunts à d’autres langues.
d’ailleurs l’alsacien est un véritable creuset de langues, il n’y a pas seulement des origines alémaniques ou françaises. tous les courants d’immigration ont laissés leurs traces au fil des siècles.
c’est une terre de passage, pas un cul-de-sac où l’on se retrouve entre soi.

L’angélisme romantique n’a jamais rien sauvé non plus. Les Alsaciens qui maintenant « empruntent » au francais pour finir leurs phrases ne le font pas par jeu stylistiques: ils ne connaissent pas le mot germanique. C’est de l’indigence de vocabulaire, rien d’autre.
En allemand, on appelle cele une feuille de figuier… :unamused:

Belle et nouvelle carte de l’olcalsace qui permet dans sa version interactive de percevoir et écouter les differences dialectales dans l’alsacien (suffit de cliquer sur les villes et villages olcalsace.org/aff_carte/cart … lsace.html )

Tant d’efforts en faveur de la langue « régionale » qu’il faut evidemment saluer!

Mais vu que dans les centres urbains (qui donnent le ton) il ne restent que 3 pourcent :exclamation: des jeunes a pratiquer le dialecte… qui transmettra?

Bien d’accord…les dialectophones cherchent de plus en plus plus leurs mots en alsacien alors qu’ils existent bel et bien…quand j’entends des phrases style: « des esch a…exposition… » (au lieu de « üschtellung ») ou « Mir hàn…peintures » (au lieu de moleräi ou g’malda)…il ne s’agit pas pour moi d’une « ouverture » mais bien d’un appauvrissement du vocabulaire pour ce dialecte…quand on compare avec l’état et le statut du « parler » de leurs voisins alémaniques, notamment suisses, il y a bien un "fossé"entre les deux et qui s’agrandit lentement mais sûrement…

« Wo ein Wille ist, ist auch ein Weg » (là où il y a une volonté, il existe une voie), dit le proverbe allemand.
J’ai bien peur que chez les Alsaciens dialectophones, cette volonté n’existe pas vraiment et qu’elle fasse place à une certaine forme de résignation.L’histoire contemporaine y est pour beaucoup dans cette mentalité.
J’ai personnellement un point de référence avec la langue bretonne.
Les termino-locuteurs bretonnants (ceux dont le breton, dialecte du Léon, du Trégor de la Cornouaille ou du Vannetais est la langue maternelle) vont disparaitre peu à peu, c’est inéluctable.
Les linguistes bretonnants ont su , d’abord choisir un dialecte de référence, celui du Léon et en faire la koiné interbretonnante.
Ils ont su également, pour adapter la langue au monde moderne (vocabulaire scientifique , technologique, philosophique) faire appel au gallois, langue britonnique la plus proche.
Bien sûr, les bretonnants de naissance appellent ce breton « brezhoneg chimik »(pas besoin de traduction), mais, il n’en demeure pas moins que ces linguistes ont réussi à imposer une norme écrite et parlée qui fonctionne.
L’hébreu a disparu il y a des milliers d’années comme langue parlée…et pourtant, en Israël, on parle bien hébreu et tous les hébraïsants sont à même de comprendre des textes de la bible et du talmud aussi bien que les textes d’Ephraïm Kishon. On peut exprimer des concepts scientifiques modernes .Les anciens hébreux comprendraient-ils la langue parlée aujourd’hui ? Peu importe.L’hébreu vit.
Il me semble qu’un schéma semblable à celui des bretons serait réalisable pour l’alsacien en s’appuyant sur l’alémanique pour en alimenter le vocabulaire.Mais bon, je ne suis pas devin et comme je l’ai dit d’entrée:« Wo ein Wille ist, ist auch ein Weg »
:wink:

« L’alsacien moderne parlé » - ca existe? Moi, je n’entends pas de différence entre le rare alsacien d’aujourd’hui et celui d’il y a 40 ans. Tu as des exemples?
D’ailleurs, pour soutenir un peu l’alsacien, vous pouvez visiter le forum imsevetahimmel.moi.fr

Ah si, sur France 3, les petits programmes d’info en alsacien montrent clairement la génération des 20-40 ans nettement plus influencés par le français, avec plus de fralsacien. Il y a quelques mois, ils montraient trois générations de viticulteurs, le grand père parlait quasi-allemand, le père parlait alsacien avec des ovnis français, le fils ne parlait que le français. Très révélateur.

D’accord, mais ce n’est pas toujours une question d’âge ou du temps. Je me rappelle: quand je suis entrée, en 1968 (il y a 42 ans), au secrétariat de l’université de Strasbourg, une des secrétaires disait à l’autre: « Ich hàb e maille im bas. » Elle avait encore la structure et le verbe, mais les substantifs lui échappaient.

c’est tout à fait le contraire : je parle français en utilisant plein de mots alsaciens (de plus en plus en le faisant exprès) pour que mes enfants connaissent tous ces petits mots qui font le charme de l’Alsace. nundepikelnochamol !!! :mrgreen:

C’est encore pire!
L’alsacien germanique se créolise en intégrant beaucoup de vocabulaire français au point de ne plus pratiquer activement le vocabulaire alémanique. Toi, c’est le stade encore après où le français est devenu la langue de référence et seuls quelques survivances folkloriques germaniques. Mes parents font la même chose avec des restes d’arpitan. Et la langue est bien morte et enterrée.
C’est la fin, Lalilou prononce les derniers mots alsaciens… en français.

Peut-être que Lalilou souhaite se réhabituer, se « réapproprier », elle et ses enfants à l’alsacien, ou éveiller leur curiosité, :unamused: …Lalilou, ça pourrait être « mieux » de formuler des phrases complètes en alsacien, plutôt que juste des mots :wink:
Perso, je pense que même pour une famille alsacienne ne pratiquant plus le dialecte mais motivée pour y « revenir », c’est assez difficile de « changer » de langue avec ses proches…l’idéal serait de parler dès la naissance de l’enfant :unamused:

Pas tout à fait! Le jeune homme qui a créé le forum imsevetahimmel/forumotion.com écrit des comèdies en dialecte pour des cercles, il est très intéressé à faire vivre l’alsacien. Et comme il n’est pas parfait, il a de temps à autre des questions. Je suis fière - parfois je peux l’aider! On fait ce qu’on peut.

Version moins pessimiste (j’avoue que j’y suis allé un peu fort):
il faut une vie sociale en alsacien pour que les non-dialectophones ou semi-dialectophones puissent avoir une chance. Or, il faudrait pour cela que des dialectophones de Altkirch parlent en dialecte à des dialectophones de Colmar ou Schlettstadt. C’est pas gagné.
Mais si ça existe, alors félicitations et bonne continuation.

Non, ce n’est pas gagné, à la longue, c’est perdu, mais « …celui qui ne lutte pas a déjà perdu. »

heureusement que le message que je t’ai écrit hier Elie n’est pas passé (les bugs de mon ordi font de la censure !! :mrgreen: ) car tu aurais remarqué à quel point les alsaciens peuvent se mettre en colère !!!

je crois qu’il ne faut pas oublier un truc. un dialecte, c’est une langue du coeur, cela ne se dicte pas, je ne sais même pas si cela peut vraiment se codifier. je crois d’ailleurs que c’est un des reproches que les romanches font au romanche standard : ce n’est plus tout à fait leur langue du coeur, à cause des variantes locales qui ont été gommées.
les alsaciens font le même reproche à l’encontre de l’alsacien standard. quand on lit un article en alsacien dans les DNA ou assimilé, il faut le lire à haute voix pour y comprendre quelque chose, parce que déjà ce n’est pas une langue écrite et qu’ensuite il y a des trucs qui ne sont pas nécessairement de la sphère patoitique du lecteur.
le désintérêt des jeunes pour les patois ou des langues très minoritaires, c’est souvent « à quoi cela sert ? ».
même chez ceux qui ont été elevé exclusivement dans la langue/patois jusqu’à la scolarisation (si si cela existe encore).

Laisse les Romanches en dehors de ça, la question des dialectes ne se pose pas du tout comme ça. Ils parlent d’idiomes, c’est pas pour rien. Ce sont surtout les Suisses-allemands qui pensent comme ça, contre le Hochdeutsch. Et ça ne les empêche tout de même pas de l’apprendre sagement.

Un dialecte, c’est exclusivement la responsabilité des locuteurs. On ne peut rien pour eux, ni contre eux d’ailleurs. Par contre, la normalisation de la langue (alsacien ou allemand) on peut faire des choses. Même contre le blizard. Cependant, plus le blizard est fort, moins on entend les combatants.

Evitons d’employer le terme « patois » qui n’a aucun sens sur le plan linguistique…et surtout l’expression « patoitisant » qui n’existe pas alors que « patoisant » existe bel et bien. Il me semble que je l’avais indiqué il y a un certain temps.
Merci.

voilà enfin une parole censée !!! :smiley:
laisse les alsaciens faire évoluer leur langue comme ils le sentent.
mon schisme romanche datant d’il y a plus de 46 ans, je suppose que je n’ai plus rien à dire sur une langue qui a cessé d’être la mienne avant même que je ne commence à parler… :mrgreen:

Ben justement, ils ne sentent plus grand chose, les Alsaciens. Comme je l’ai entendu dire par une Alsacienne: « L’alsacien, on y pense et en parle beaucoup… en français. » Fin de citation.