ouf j’y ai échappé belle !!!
j’espère aussi échapper à la pensée unique (la tolérance style « tout le monde a le droit de donner son avis du moment qu’il pense comme nous » ).
Bon, j’assume la responsabilité de cette longue digression qui nous éloigne du sujet initial, il est parfois necéssaire de se gratter là où ça démange.
Revenons-en donc au sujet du fil qui est, si je ne m’abuse :« les Alsaciens et leurs voisins d’outre-Rhin. »
puisqu’on en est dans les disgressions, on pourrait d’ailleurs aussi aborder le sujet en sens inverse : les voisins d’Outre-Rhin et les alsaciens.
par rapport à il y a 20 ou 30 ans, les choses ont bien changé.
les allemands ne s’attendent plus forcément à ce qu’en Alsace ils trouvent des gens qui parlent encore allemand (alors qu’il n’y a pas si longtemps, c’était simplement automatique pour le touriste de se dire qu’il n’aurait aucun effort linguistique à faire).
Petit article de la Badische Zeitung (rubrique Elsass) sur l’enseignement de l’allemand en Alsace:
Traduction rapide:
2/3 des élèves (garçons et filles ) en Alsace, apprennent aujourd’hui l’allemand.
Seul 17.000 élèves de primaire, soit 10 % bénéficient d’un enseignement dans les deux langues, ce qui de toute évidence,est loin d’être suffisant.« La maitrise de la langue allemande n’est plus pour notre région, et cela depuis belle lurette, une simple question d’identité », déclare Philippe Richert, président du Conseil Régional d’Alsace. La connaissance de l’allemand constitue un atout économique prépondérant."
Si l’instance supérieure du Conseil Régional se lance dans une campagne publicitaire pour convaincre les générations montantes et leurs parents et pour les gagner à l’apprentissage de l’allemand, ce n’est pas par politique rétrograde de protection des régionalismes.
70 % des offres d’emploi dans les quotidiens alsaciens éxigent des connaissances en allemand. Si l’Allemagne est le plus important partenaire commercial de la France, cela est particulièrement valable en Alsace.
Dommage, on n’avait pas épuisé le sujet
Sinon l’alsacien se lit assez bien, du moment qu’on le parle et qu’il n’est pas écrit n’importe comment ; par ex. le « Feuilleleu » versus « s’Vejele ». On s’attend quand même plus à la deuxième forme, cf dans la « langue de référence ». Le français écrit en SMS staÿle est tout aussi illisible. Et pour finir, l’alsacien n’est pas un patois
Une personnalité attachante que celle de Bénédicte Keck.On la connait par FR3 Alsace pour l’émission dialectale « lade uff =ouvrons les volets ». Elle a une longue expérience de la l’enseignement malgré ses 28 ans, puisqu’elle travaille à l’« OLCA »(office pour la langue et la culture alsacienne).Elle est, entre outre , directrice d’un projet pour l’Université de Strasbourg, en collaboration avec l’université de Freiburg visant à étudier l’évolution des dialectes bas alémanniques des deux côtés du Rhin (Badois et Alsacien) et l’impact de la Hochsprache sur le(s) dialecte(s). Linguistes : deux sortes d’alémannique dans le Rhin supérieur:(en allemand)
Une nouvelle génération fait vivre l’alsacien:(portrait de Bénédicte Keck dans le quotidien « l’Alsace ».)
Où l’on voit que Elsässisch ist keine tote Sprache- l’Alsacien n’est pas une langue morte.
Je souligne un extrait de l’article que je trouve très pertinent:
"Au-delà de la langue, Bénédicte Keck évoque une mentalité et des valeurs propres aux Alsaciens, « une manière de penser et d’aborder le monde », ouverte en particulier sur le reste de l’Europe. « Pour nous, les frontières sont moins prégnantes. Je me sens plus proche d’un Allemand du Bade-Wurtemberg, d’un Bâlois, d’un Autrichien du Vorarlberg, que d’un Parisien ou d’un Provençal. Il ne faudrait pas aller en Allemagne juste pour faire ses courses, nous devrions nous sentir membres d’une même région culturelle. »
Le problème, c’est que c’est toujours l’alsacien de Strasbourg qui sert de référence et qui est généralement codifié comme tel. Il y a vraiment une sacrée différence entre Wissembourg et Ferrette !
Il existe l’ « Orthal » qui mériterait d’être davantage connu.( On en a d’ailleurs déjà parlé).Je ne comprends pas pourquoi les Alsaciens, à partir de dialectes différents, voir très différents, seraient incapables de faire ce que les bretons ont réussi avec leurs dialectes (dont celui de Vannes qui est très différent.) Il existe une norme écrite que chacun prononce à sa façon.
Le problème est que le wissembourgeois est du francique et qu’à Ferrette c’est quasiment du schwyzerdutsch (pourquoi quasiment d’ailleurs ??? ), alors qu’à Strasbourg on se rapproche du badois.
et dans la pratique ? quand sur les décrochements régionaux de France 3, il y a un truc en alsacien et que la personne parle avec l’accent du haut-rhin, il y a toujours un bas-rhinois pour dire que ce n’est pas du vrai alscacien, que c’est moche et tout cela.
franchement ces bisbilles n’incitent pas à élaborer une langue commune.
en plus l’alsacien est parlé souvent par des gens lorsqu’ils ne veulent pas que les autres comprennent ou pour parler avec des gens de leur famille. quand ils veulent communiquer avec l’extérieur ils ont d’autres langues pour cela (le français très généralement). donc dichotomie entre la sphère privée et affective (dialecte) et la communication vers l’extérieur (pour lequel il y a d’autres moyens).
inventer un moyen artificiel pour communiquer avec ceux qui ne comprennent pas LEUR manière de parler l’alsacien ? cela présuppose d’autres motivations, c’est une démarche intellectuelle, que certains ont, d’autres pas.
enfin c’est mon analyse des choses, enrichie par la manière dont d’autres régions à dialecte ou langue minoritaire très présente au quotidien abordent la chose.
le néo-breton ? cela fait rire beaucoup de bretons âgés (d’après mon expérience) ! mais c’est un fer de lance de beaucoup de jeunes.
On peut voir ça de cette façon, effectivement, en multipliant les prétendues impossibilités d’une « standardisation ». Ce n’est pas « mon analyse des choses » à moi, et Gott sei Dank,je suis loin d’être le seul. Excuse-moi, mais les initiateurs de l’« Orthal », si tu as pris la peine de consacrer quelques minutes de ton précieux temps au lien, sont des gens très sérieux (ni des anarchistes autonomistes, ni des nostalgiques d’idées politiques proches du FN ou d’« Alsace d’abord »).
Pour ce qui est des « néo-bretonnants », même si parfois leur breton peut faire sourire les anciens dont c’est la langue maternelle,j’ai personnellement d’autres retours de grands-pères et de grand-mères émus aux larmes en entendant des tous jeunes gamins leur parler dans leur langue maternelle.
Mais bon, effectivement, on peut laisser crever l’alsacien (pardon les alsaciens)…et le breton, de leur mort naturelle.
Pour ce qui est du breton, je précise à ton intention,et ça me coute parce que j’ai horreur de la vantardise linguistique, que je parle, je lis et j’écris le breton. Met un dra’zo sur ; n’em eus ket desket brezhoneg war varlenn ma mamm, siwazh !
je le sais très bien Michelmau, ce n’est pas la peine de te fâcher.
comme je l’ai déjà expliqué dans un autre post, j’ai des gens de mon entourrage qui ont eu la démarche : pas d’autre langue que l’alsacien avant l’entrée à l’école. quand je vois le résultat 20,30 ou 40 ans plus tard, je me pose des questions. comme pour toute langue, c’est l’utilité qui en fait sa survie.
chez les jeunes tant qu’on ne leur met pas un Facebook en alsacien…
Lire à ce sujet les DNA du mardi 17 janvier 2012: « Le smartphone , allié de l’alsacien. »(DNA Région)
On y parle de l’alsacien sur facebook, Twitter et toutes ces nouvelles technologies que, personnellement, je ne maitrise pas, mais dans lesquelles, par contre, les jeunes sont tout à fait à l’aise.
Je suis bien d’accord Michel, arrêtons de jouer les pessimistes, à critiquer chaque initiative pour faire perdurer l’alsacien, trouver un prétexte, une excuse pour que ça ne marche pas.
A ce sujet, une nouvelle initiative intéressante: un petit film joué entièrement en alsacien (sous-titré français), adapté du Seigneur des Anneaux, vient d’être mis en ligne gratuitement:
« Pour promouvoir la langue régionale d’Alsace, l’association BABUL a
réalisé cette trilogie qui revisite très librement et avec beaucoup
d’humour l’univers de J.R.R. Tolkien. Cette fiction vous emmènera
entre Vosges et Rhin, Terre du Milieu par excellence, sur les traces
de Bobbits, héros malgré lui de cette saga alsacienne. Ce film,
tourné en 6 jours avec une équipe composée d’amateurs et de
professionnels, a bénéficié du soutien de la DRAC Alsace et de l’OLCA-
Office pour la Langue et la Culture Alsacienne. Le tournage a eu lieu
au mois d’avril 2011, principalement dans le Val de Villé, à la
cascade du Nideck, au château de la Wasenbourg près de Niederbronn,
au château de la Hunebourg dans la vallée de Dossenheim s/Zinsel
ainsi que dans la forêt proche de Phalsbourg. »