Un déporté d'Auschwitz rattrapé par son passé

Albert Veissid, un des rares rescapés du camps de concentration d’Auschwitz a eu la surprise d’apprendre que des ouvriers qui faisaient des travaux là-bas, avaient retrouvé une bouteille renfermant un message qu’il avait, avec sept prisonniers polonais, mis dans du béton qu’il avait jadis coulé, ceci, afin de témoigner des conditions de vie dans le camps.

Communiqué de l’AFP:

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hcWChH6hZPHFDZOJMuAx7fpaPyMQ

en voyant cela tous nos petits soucis quotidiens passent à la trapppe

Le texte du message:
« Obóz koncentracyjny Oświęcim dnia 20.IX.44. Schron przeciwlotniczy dla obsługi T.W.L. Budowali go więźniowie: Nr 121313 Jankowiak Bronisław z Poznania, 130208 Dubla Stanisław z Łaskowic pow. Tarnów, 131491 Jasik Jan z pod Radomia, 145664 Sobczak Wacław z pod Konina, 151090 Czekalski Karol z Łodzi, 157582 Białobrzeski Waldemar z Ostrołęki, A 12063 Veissid Albert z Lyon (Francja). Wszyscy w wieku od 18 do 20 lat »

Camp de concentration d’Auschwitz, le 20.IX.44
Abri antiaérien pour les services d’intendance des troupes
Ont participé à la construction les détenus:
N° 121 313 Bronislaw Jankowiak, Poznan
130208 Stanislaw Dubla, Laskowice, district de Tarnow,
131491 Jan Jasik, près de Radom
145664 Waclaw Sobczak, près de Konin
151090 Karol Czekalski, Lodz
157582 Waldemar Bialobrzeski, Ostrolenka
A 12063 Albert Veissid, Lyon (France)
Tous entre 18 et 20 ans.
(traduction Andergassen)

C’est dingue! :open_mouth:

Et Andergassen, tu parles combien de langues? :astonished:

Quelques-unes, pourquoi? :wink:

Ah, j’avais entendu la news à la radio, mais avant qu’on retrouve l’auteur… Il est de chez moi en plus ! :open_mouth:
C’est incroyable cette histoire, quel beau témoignage !

Allez fais pas le modeste, donne un chiffre! :laughing:
Moi j’ai du mal avec le Français et l’Allemand déjà donc tu m’impressionnes!
En tout cas merci pour la traduction!

Je me joins aux remerciements de Lie-Kaora.
J’ai vu Monsieur Veisseid à la télé s’exprimer sur le sujet. Il a tout de suite reconnu son écriture, dit-il, mais déclare ne plus se souvenir du message et des circonstances de son enfouissement.
:wink:

Le problème avec moi, c’est que je suis trop fainéant pour apprendre une langue ou ouvrir un livre de grammaire. Donc je ne peux pas dire que je « connais » les langues. Je me débrouille, tout simplement, et je ne suis jamais perdu (sauf quand ma boussole devient folle, et qu’il n’y a pas de soleil). Comme je suis un type « visuel », je peux les lire, comprendre en gros le sens, et d’après le contexte, je traduis. Et je retiens les mots que je viens d’apprendre et que j’ignorais jusqu’alors. Dans le cas du polonais, je comprends les mots d’après la racine commune à toutes les langues slaves. Et en vacances et en voyage, j’apprends vite, sur le tas, logeant en général chez l’habitant.
Par exemple, je n’ai jamais appris l’anglais. Mais personne ne le sait, et personne ne s’en est encore aperçu… :mrgreen:

Maitre Andergassen :veneration:

J’ai des bonnes notions en Anglais, Italien, Finnois et Vietnamien mais de là à connaitre les termes techniques comme « intendance des troupes »… :laughing:

T’es doué, c’est tout :smiley:

j’ai vu cette info hier à la télé… sur le coup ça m’a laissé un peu sceptique, j’ai eu du mal à croire qu’il ne se souvenait pas de ce « message »…

et puis… en y réfléchissant bien… y’avait tellement de choses à penser à Auschwitz (en particulier éviter de mourir aujourd’hui… demain ça sera toujours un jour de gagné) que j’ai fini par me dire que c’était logique qu’il ait oublié ce message…

je me demande ce que cela fait de l’avoir entre les mains… 60 ans après !!!

pfffff… ça doit faire remonter à la surface tous les souvenirs enfouis depuis plus d’un demi-siècle… et quels souvenirs… :frowning:

Ca me fait penser à un contre-exemple: Primo Lévi, l’écrivain italien célèbre, s’est suicidé à un âge assez avancé à cause de ses souvenirs du camp avec lesquels il ne pouvait plus vivre…

Bien que je ne pourrai JAMAIS m’imaginer à juste titre ce que ces gens ont enduré là bas, je sais que si j’avais vécu ce que Lévi ou Veissid ont vécu, je n’aurais pas fait long feu…

En tout cas, voilà un beau pied de nez à ceux qui nient l’existence des camps et une preuve que de nombreux éléments doivent sûrement être sur le point d’être découverts, même si on ne comprendra jamais vraiment pourquoi cela s’est déroulé…

A l’inverse… j’ai un patient rescapé du camp de Neuengamme, qui passe sa retraite (bien avancée !! ) à parcourir les collèges et les lycées pour raconter ce qu’il a vécu… en espérant ainsi… que cela ne se reproduira plus jamais…

et j’ai parfois l’impression que c’est cette action… Qui justement… le maintien en vie …

ça me laisse toujours songeuse… quand je discute avec lui, et que j’aperçois une once de ce que peut être la philosophie de vie de cet homme…

Après la guerre, de nombreux déportés ont préférés se taire car la société dans laquelle ils vivaient n’était pas prète à entendre leur message, chacun ayant vécu une expérience unique de la guerre. Eux même d’ailleurs voulaient oublier et reprendre une vie normale. Très souvent ils n’en ont même pas parler à leurs enfants.
A la fin de années 70-80 l’urgence de témoigner est venu car ils se sont rendu compte qu’ils allaient mourir et qu’après eux l’expérience des camps tomberait dans l’oublie et c’était exactement ce que voulait les Nazis qui voulaient effacer toutes traces de leurs crimes. L’oublie pouvait, en quelque sorte, « cautionner » leurs actes.
Pour certains l’oublie a été vécu comme une thérapie. Pour d’autres, au contraire, comme Primo Levy ou Martin Gray le fait de témoigner donnait un sens à leur vie mais faisait ressurgir le traumatisme.
Il ne s’agit en réalité que les deux facettes d’une même réalité.

C’est en cherchant cette abréviation sur Internet que je suis tombé justement sur une page polonaise qui publiait cette nouvelle avec le texte du message. Il ne me restait plus qu’à faire un copié-collé et à traduire, c’était l’affaire de 5 minutes.

Primo Levi ne s’est pas seulement suicidé parce qu’il ne pouvait oublier les années passées à Auschwitz. Il en a parlé sans cesse devant la jeunesse italienne pour se reconstruire. Ce qui l’a plongé dans un profonde dépression quelques mois avant de mettre un terme à sa vie, c’est le révisionnisme émergeant et l’indifférence totale de ses contemporains de l’époque.« Si cétait un homme » (et j’ajoute: au lieu d’un numéro…) est un livre poignant. Sur sa tombe , on peut lire sa date de naissance et son n° de matricule.

Face à un Le Pen qui persiste et signe, à un Dieudonné minable,à un Fofana barbare et ses acolytes, il est plus que jamais urgent de rappeler certains faits historiques. Comme tu dis:voilà un beau pied de nez à ceux qui nient l’existence des camps.

Tu n’en sais rien.Face à ce genre d’événements, le courageux peut devenir le plus vil et lâche du genre humain et le couard un exemple de courage pour tous.

Münsterspatz, Primo Levi a écrit Si c’est un homme!
Et pour quelqu’un qui se trompe dans le titre de l’oeuvre de Primo Levi, je ne pense pas que tu sois plus au courant que d’autres sur les raisons de son suicide… Car personne ne les connaît vraiment!

Personne n’a jamais vraiment établi avec certitude s’il s’agissait d’un suicide.
Quant à son livre La Tregua (La Trêve), il figure au programme des lectures dans les écoles italiennes.

Je sens comme une pointe d’agressivité dans ton post. J’ai droit à des circonstances atténuantes si je te dis que je l’ai lu ce livre il y a plus de 40 ans et en allemand? Il me semble (sous toutes réserves … que le titre en allemand est « Ist das ein Mensch? ») Tu as bien écorché son nom en mettant un accent. Pourtant je ne met pas ta parole en doute.

Effectivement personne n’a assisté aux derniers instants de Levi. Tombé ou aidé dans sa chute? Personne ne le sait. N’empêche que ses proches avaient à l’époque évoqué les raisons de sa dépression. Mais ça aussi, c’est arrivé il y plus de 20 ans…

Non aucune agressivité! Juste que tu remets les dires de Dresden en question alors qu’elle n’a peut-être pas tord!
Dans toutes les langues, le verbe est traduit au présent! « Ist das ein Mensch » ou encore « Se questo è un uomo »! Je soulignais juste une faute, c’est tout! Le présent me semble important!
Ou ai-je mis un accent? Je ne le vois dans aucun de mes commentaires!
Et comme le disait Andergassen, on ne sait même pas si c’est vraiment un suicide!
Faire parler les morts c’est tellement facile! Chacun son hypothèse sur ce « suicide »!