Le duo de cabarettistes féminines: « Missfits », qui a cessé son activité depuis quelques années, avait inventé une langue féministe, baptisée « Feminispräch »:
Un exemple écrit;
La vidéo (1/2)
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Stéfanie Überall nous explique les règles de cette nouvelle langue, dont la trouvaille principale est de remplacer la syllabe er par sie
Ainsi, p.ex, man erzählt devient fräu siezählt.
Ca m’amuse beaucoup.
Concernant ce I majuscule intérieur, je l’ai déjà rencontré plusieurs fois. Je suppose qu’il s’agit de définir les membres féminins et masculins pour un substantif donné, mais j’avoue que ça a prêté à confusion lors de ma première rencontre avec ce I dressé au milieu du mot (possibilité de confusion avec le féminin pluriel). J’ai même cru à une faute de frappe au début…
Quelle en est son origine ?
C’est une façon que les féministes trouvent plus respectueuese de ne pas oublier les femmes dans tous les substantifs allemands. Comme il faut séparer, que la terminaison est optionnelle pour ainsi dire, un trait d’union aurait été trop simple, la majuscule correspond mieux à l’arrogance conquérente, batailleuse et rechthaberisch des concernées.
L’ironie de cette forme en -Innen, c’est que ce I est fièrement phalique. Bref, elles mettent dans le mot le grand I qu’elles n’ont pas ailleurs. On a échappé au oo en guise d’ersatz de testicules, c’est déjà ça.
Sous sa forme phalico-condensée, la formulation n’est pas politiquement correcte. « Liebe Leser/Innen ». C’est pourquoi le politiquement correct demande de mettre, dans la formulation en toutes lettres, le féminin en tête:
« Liebe Leserinnen und Leser », comme on dit en début de lettre: « Mesdames, Messieurs ».
Mais quand j’entre dans une boutique, en France ou en Suisse romande, je dis toujours « Messieurs-dames, bonjour » s’il y a du monde. On ne se refait pas…
Le I majuscule intérieur est bien pratique et répond à la loi de la facilité en langue (Trägheitsgesetz oder Gesetz des geringen Widerstandes) : une formule qui est plus courte et plus facile à prononcer s’impose dans l’usage. Il est parfois critiqué dans certaines grammaires allemandes, mais je le trouve très réussi. De même que bräuchte est une bonne trouvaille pour distinguer l’Indikativ du Konjunktiv.
Le parallèle illustre bien en quoi tout cela est inacceptable: si c’est une bonne idée pour bräuchte, pourquoi en serait-ce une mauvaise pour wöllte, sägte, söllte etc… ?
C’est arbitraire. Cela va contre le système linguistique inhérent de l’allemand, tout comme la forme en I qui de facto oblige à donner la priorité à la forme féminine à l’écrit qui contamine l’oral quand ce I majuscule a du mal à se distinguer d’un simple féminin qui n’a alors plus rien de paritaire. L’arbitraire se mêle au politique sous couvert de raison. Je condamne toutes les manipulations politiques de la langue, aussi bien sous le IIIe Reich, la DDR que la BRD du IIIe millénaire.
La grammaire est une abstraction. C’est visiblement trop difficile à suivre pour certains.
Je les adore! J’ai beaucoup regretté leur retraite. Deux créations que je retiens: Frautel, Fraudarine
D’ailleurs, oschpele, les Mitgliederinnen, je les connais depuis 30 ans, ce n’est pas toi qui les a inventées.
Pour le reste, j’en passe. Ce n’est pas moi, Elie, qui suis responsable de l’abaissement du niveau du forum dont tu es si soucieux dans d’autres circonstances.
la grammaire ne fait que constater ce qui marche le mieux, selon la loi du moindre effort et de l’euphonie, on fabrique des lois après coup : je pense que wollte et sollte ne prennent pas d’inflexion parce que ça sonne mieux sans. Alors que le bräuchte est plus agréable à entendre que brauchte. Il est possible qu’il y ait eu contamination du möchte.
C’est pour la même raison que l’on continue à trouver zu Hause et im Walde : le e pérennisé du datif adoucit le son. Tout comme il est moins logique mais plus facile de dire « raus mit Ihnen » que "hinaus…
Ca sonne mieux n’est pas un argument linguistique ,mais un jugement de valeur a posteriori qui n’a donc aucun intérêt dans une discussion sur la grammaire.
La forme wöllte a existé, elle a été oubliée, c’était une Rundung de wellte, verbe wellen, ancienne forme de wollen. Les systèmes linguistiques n’obéissent pas à l’esthétique accoustique et le moindre effort n’explique rien du tout. Il n’y a pas moins d’effort à mettre ou ne pas mettre de Umlaut.
Tout cela pour dire que la règle en grammaire n’a rien à voir avec les impressions que les locuteurs peuvent avoir à une date donnée. Wollen et sollen ne prennent pas de Umlaut au Konj.II car la forme métaphonique s’alligne sur celle de l’infinitif. Et brauchen non plus n’a pas de Umlaut à l’infinitif. C’est un monstre grammatical comme l’obsession de la féminisation. Féminisez ce que vous voulez, mais pas comme vous voulez ; respectez la langue, ne la violez pas.
L’abaissement du niveau quand je discute de concepts grammaticaux? C’est le contraire.
Outre les inévitables attaques personnelles contre moi dès que ton avis diverge du mien, ton silence ne te donne pas la crédibilité nécessaire pour te les permettre.
P.S. puisque personne ne comprends jamais rien à rien, voici la position du Elie sur la question: Liebe Leserinnen und Leser
voila une formule qui ne viole pas la grammaire.
Mais… il n’y a pas de grammaire a priori, il n’ya que des tentatives d’explications, forcément a posteriori ! C’est en tout cas ce que j’ai appris en faisant à la fac un certificat de linguistique générale, puis un certificat de phonétique, entre les deux j’ai passé un an à l’institut de traducteurs-interprètes l’ISIT à Paris…
Pardonne-moi, Elie, mais je ne suis pas sûr que nous parlions de la même chose, faute d’avoir eu un parcours analogue.
La répercussion de la phonétique sur la grammaire se voit par exemple aux verbes forts en ei,i,i et ie,o,o : quand la consonne qui suit le radical est sourde (= formée sans vibration des corde vocales [p,t,k,f,s,sch]), on aura une voyelle brève et ouverte au prétérit et partcipe passé, une voyelle longue et fermée si la consonne est sonore (avec vibration des cordes vocales [b,d,g, v,z])
Exemples : schließen : schloss, gechlossen ; mais : schieben : schob (o long et fermé), geschoben.
Streiten : stritt, gestritten ; mais vermeiden : vermied, vermieden. Je t’accorde que l’évolution de schneiden et leiden a été différente.
Il n’existe pas de grammaire indépendamment de la phonétique, il existe seulement des grammairiens qui ne comprennent pas grand-chose à la phonétique.
P.S. : dire que « personne ne comprend rien à rien », tu y vas un peu fort, non ?
Merci oschpele pour ta question concernant le féminin d’escroc, je n’y avais jamais pensé.
Mais comme il me semble que la discussion a évoluée sur le -erIn, je vais tenter une remarque :
ne peut-on pas considérer que l’utilisation -erIn se fasse dans un texte de style indirect ou à l’écrit dans le registre familier ?
La distinction se ferait donc avec Leser, Leserinnen à l’oral et dans l’écrit soutenu et courant ?
c’est juste une question/remarque, je débute l’allemand, la 1° fois que j’ai vu cela dans un texte, j’ai aussi cru à une faute de frappe, j’ai demandé, on m’a expliqué et je n’ai pas trouvé cela choquant, vu le contexte.
De là à voir, dans le I, un phallus à celles qui n’en n’ont pas je trouve cela grotesque (et j’écris cela avec respect pour l’auteur de ce propos) mais ça n’est pas un argument.
Je viens rarement sur le forum mais parfois, je trouve certaines réflexions agressives et hésite à écrire en toute franchise et à me sentir à l’aise. J’avais besoin de l’écrire. Merci/Danke.
Euh, oui Michel, tu nous rappelles le principe d’allongement des voyelles en frühneuhochdeutsch, c’est parfait. Merci du rappel. Je ne vois pas le rapport avec les formations analogiques en métaphonie du Konj.II mais c’est intéressant quand meme.
La phonétique a ses lois, mais elles ne sont pas esthétiques.
P.S. L’histoire du phallus, c’est une plaisanterie par pure méchanceté )
je parle, Elie, de la répercussion de la phonétique sur la grammaire, la loi du moindre effort, pas de l’esthétique, même si mon premier post a pu sembler peu clair.
Si tu avais étudié la linguistique générale et la phonétique en dehors de l’allemand (ce qui à l’évidence n’a pas été le cas), tu serais sans doute moins buté, pardon pour ma franchise. . Mais vu ce que tu est capable de dire à Cri-zi, je peux sans doute m’estimer heureux de m’en tirer à si bon compte…
Tu as tout faux sur ce point aussi. Université d’Aarhus, Danemark. Paa originalsproget, og det var jo hverken tysk eller fransk (et dans la langue originale, qui n’était évidemment ni l’allemand ni le français).
Je te rappelle que ton argumentation linguistique est la suivante, ce que je juge insuffisant:
La loi de l’euphonie et du moindre effort, abondamment prouvée en linguistique et phonétique, Elie, que tu le veuilles ou non.
Quel intérêt de citer du danois ? aucun. Quant à ton jugement, encore faudrait-il qu’il s’appuie sur autre chose que la connaissance d’une, deux langues et quelques patois… Dis-moi donc quelles études tu as faites, je te dirai ce que j’en pense…
J’ai l’impression que la susceptibilité suisse dont on m’avait parlé — due à un complexe face au français et à la culture française, à côté de laquelle la Suisse n’existe pas, pardon pour la brutalité du propos — n’était pas un cliché…